30 août 2006

Snap (1)

A fine specimen of pubgoer (who is obviously not "Hugo Boss man").

London, 22 August, 2006, 5:30pm

Blackfriar Pub, that boasts walls clad in green, red and cream marble, covered with illustrations of merry monks, bustles with activity at this time of the day. In this extravagantly ornate look-alike church - or scaled down cathedral - every inch decorated in marble, mosaic or bas-relief sculpture, a man in a well-cut suit is nursing his pint of bitter and picking at a pile of pistachios, bought from the bar for £1.50, neatly and conscientiously putting the husks in an empty glass.

Halfway through his job, Hugo Boss starts fiddling with his BlackBerry then gulps what's left of his beer before taking out an empty white envelope from his smart leather briefcase, only to pour for 75 p. of pistachios in it. He secures his saved feast with a flick of the tongue, slips his Precious in his briefcase and walks out of the pub, looking content with his lot.

29 août 2006

Sur le vif (1)


Londres, le 23 août 2006, quelque part sur la Bakerloo Line, au beau milieu de l'après-midi...

Le métro est presque vide à cette heure-ci de la journée. Les sièges ressemblent un peu à des sofas qui se font face, de chaque côté du train. Ici, tout est conçu pour éviter de se retrouver assis avec un inconnu, à deux, dans une intimité pénible. S'asseoir à plusieurs, ça va, ça ne compte pas. Il est bien plus facile de faire abstraction d'une collectivité que d'un voisin encombrant. S'asseoir à deux avec n'importe qui? Dear me, no! Au bout d'un de ces sofas, seule, une blonde distinguée est assise, jambes croisées, fines sandales aux pieds.

Le train, plus Cannonball que Locomotion, file en enserrant le tunnel puis s'arrête en crissant. Marylebone Station. La porte glisse lourdement et laisse entrer un grand tocson blond en bermudas, plus vraiment tout jeune. D'un pas nonchalant, dont le son est écrasé sous ses Converse, le casque de son iPod vissé dans le crâne, l'homme passe devant la smart demoiselle, non sans accrocher ses jolis petons, et choit pesamment à côté d'elle. Lady Jane est presque catapultée hors de son sofa rouge. Là-bas, de mon siège, je la vois lever les yeux au ciel et crois entendre un petit bruit ténu et flûté s'échapper d'une de ses narines. Lui ne s'est rendu compte de rien.

27 août 2006

Prologue (en français)


Tout a commencé quand j'ai subitement eu envie de me demander pourquoi mon arrière-grand-mère s'appelait Mary et non pas Marie. Était-elle anglaise? Américaine? A-t-elle été élevée aux États-Unis? Pourquoi donc ce prénom usuel anglais alors que les registres montrent qu'elle s'appelait Marie? J'ai alors posé la question à ma mère, qui l'a ensuite posée aux plus vieux de la famille, mais personne n'a trouvé de réponse. Puis, je me suis dit « Ai-je vraiment besoin de me trouver une goutte de sang anglais dans les veines pour justifier ma curiosité à l'égard de l'aspect anglais de mon héritage culturel de Canadienne-française? ».

J'espère que non, mais juste le fait de me poser la question en dit long sur la difficulté pour les Québécois d'assumer cet héritage et de l'apprécier sans culpabilité. Et là, je ne parle même pas des insultes dont des nationalistes québécois fanatiques, qui en veulent encore à tout ce qui porte un nom anglais ou parle la langue de Shakespeare, peuvent vous abreuver pour un tel crime de lèse-majesté, même si les événements en cause remontent à plusieurs générations...


J'ai commencé à réfléchir à l'identité culturelle nord-américaine, canadienne, canadienne-française ou québécoise lorsque j'ai quitté le Canada, il y a quatre ans, pour immigrer en France. Aujourd'hui, je vis à Paris mais je passe beaucoup de temps (jusqu'à deux semaines par mois) à Londres. Cela m'a donné envie de créer un blogue pour présenter quelques observations sur les peuples étranges auxquels nous, les Québécois, ressemblons tant mais dont nous sommes si différents à la fois : les Français et les Anglais. Dans ce contexte, je vois l'Eurostar comme un trait d'union physique et symbolique entre ces deux cultures fondatrices.

D'abord, je dois dire que je ne suis pas anthropologue et que je n'ai aucune prétention quant à la justesse de mes observations. Et puis la politique, ce n'est vraiment pas mon truc, même si le fait de parler français en Amérique du Nord au XXIe siècle peut être considéré comme une déclaration politique. Toutefois, j'espère grâce à ce blog rencontrer des gens qui célèbrent eux aussi leur différence tout en appréciant l'« anglitude » sous-estimée et politiquement incorrecte - car si souvent méprisée - de l'homo quebecus.

Bienvenue dans mon blogue!

Prologue (in English)


It all started when I suddenly thought of my great-grand-mother and wondered why she, as a Quebecker, would always be called Mary instead of Marie. Was she English? American? Was she brought up in the United States? I asked my mother, who asked the eldest members of our family but nobody knew. Then I said to myself: "Do I really need to find one drop of English blood in my veins to justify my keen interest in the English part of my cultural heritage, as a Canadian from Quebec?"

I hope not, but my doubts about that only highlight how difficult it may be for the Quebecois to come to terms with this heritage and enjoy it without any guilt, not to mention that a crime of lese-majesty such as this can get you insults from some fanatic Quebecois nationalists who still resent anyone with an English name or daring to speak the language of Shakespeare for things that happened generations ago...

I've started to ponder what it means to be North American, Canadian, French Canadian or Quebecois when I left Canada to immigrate in France, four years ago. Today, I live in Paris but spend a lot of time - actually, up to a couple of weeks a month - in London as well, which leads me to write a blog to share observations I made about the strange people that we, Quebecois, take after so much but differ from just as much: the French and the English. In that context, I like to use the Eurostar as a physical and symbolic hyphen between both founding cultures.

But first of all, I should make sure you know that I am not an anthropologist. I am not making any claims about the accuracy of my observations, and politics is not my cup of tea, really, even though speaking French in North America in the 21st century can be regarded as a political statement as such. However and hopefully, through this blog I'll meet other people who celebrate la différence whilst enjoying the homo quebecus' underestimated and politically incorrect - because so often disregarded - Englishness.

Welcome to my blog!