
Tout a commencé quand j'ai subitement eu envie de me demander pourquoi mon arrière-grand-mère s'appelait
Mary et non pas
Marie. Était-elle anglaise? Américaine? A-t-elle été élevée aux États-Unis? Pourquoi donc ce prénom usuel anglais alors que les registres montrent qu'elle s'appelait Marie? J'ai alors posé la question à ma mère, qui l'a ensuite posée aux plus vieux de la famille, mais personne n'a trouvé de réponse. Puis, je me suis dit « Ai-je vraiment besoin de me trouver une goutte de sang anglais dans les veines pour justifier ma curiosité à l'égard de l'aspect anglais de mon héritage culturel de Canadienne-française? ».
J'espère que non, mais juste le fait de me poser la question en dit long sur la difficulté pour les Québécois d'assumer cet héritage et de l'apprécier sans culpabilité. Et là, je ne parle même pas des insultes dont des nationalistes québécois fanatiques, qui en veulent encore à tout ce qui porte un nom anglais ou parle la langue de Shakespeare, peuvent vous abreuver pour un tel crime de lèse-majesté, même si les événements en cause remontent à plusieurs générations...
J'ai commencé à réfléchir à l'identité culturelle nord-américaine, canadienne, canadienne-française ou québécoise lorsque j'ai quitté le Canada, il y a quatre ans, pour immigrer en France. Aujourd'hui, je vis à Paris mais je passe beaucoup de temps (jusqu'à deux semaines par mois) à Londres. Cela m'a donné envie de créer un blogue pour présenter quelques observations sur les peuples étranges auxquels nous, les Québécois, ressemblons tant mais dont nous sommes si différents à la fois : les Français et les Anglais. Dans ce contexte, je vois l'Eurostar comme un trait d'union physique et symbolique entre ces deux cultures fondatrices.
D'abord, je dois dire que je ne suis pas anthropologue et que je n'ai aucune prétention quant à la justesse de mes observations. Et puis la politique, ce n'est vraiment pas mon truc, même si le fait de parler français en Amérique du Nord au XXIe siècle peut être considéré comme une déclaration politique. Toutefois, j'espère grâce à ce blog rencontrer des gens qui célèbrent eux aussi leur
différence tout en appréciant l'« anglitude » sous-estimée et politiquement incorrecte - car si souvent méprisée - de l'
homo quebecus.
Bienvenue dans mon blogue!