Un triplex à vendre à MontréalLa vie d'une traductrice autonome comporte des avantages appréciables dont j'ai déjà parlé (la mobilité est de loin mon avantage préféré!). Je fais parfois des envieux lorsque je dis que je n'ai pas besoin de sortir pour aller travailler. Pas de voyage en groupe organisé en métro ou en autobus tous les matins et pas d'auto à déneiger et à faire chauffer l'hiver pour aller travailler. Je ne crains pas les bad hair days et n'ai pas à me demander désespérément quoi porter quand en me levant je me rappelle avec effroi que la lessive n'a pas été faite : à la limite, un vieux pyjama à imprimés qui luisent dans l'obscurité fera l'affaire. Je peux même travailler au lit avec ma chatte qui dort sur mes pieds. C'est un travail de rêve, croyez-vous? Hmm. Pas toujours.
Les traducteurs ont généralement une nature un peu solitaire, mais après cinq ans de ce régime, la solitude commence vraiment à peser. Le présence de collègues me manque souvent. J'ai commencé à combler certains besoins liés à mon statut de traductrice autonome en allant travailler à la bibliothèque lorsque je suis à Londres. Ces jours-là je me lève avec entrain, je me coiffe et choisis de porter quelque chose de joli, même si personne ne le remarquera puisque les gens parmi lesquels je travaillerai ne seront sans doute pas à leur bureau le lendemain. Je prends le métro et le voyage est parfois même assez excitant pour me donner envie de prendre des notes (qui finissent souvent en billets dans mon blogue) sur les navetteurs en veston-cravate/tailleur qui m'accompagnent jusqu'à la bibliothèque.
Certaines semaines, j'ai de la chance et des étrangers (je le vois à l'adaptateur de leur prise de courant d'ordinateur) viennent travailler tous les jours à la bibliothèque. Nous finissons par nous remarquer, nous dire bonjour et échanger avec plaisir la surveillance de notre ordinateur portatif respectif lorsqu'il faut s'absenter quelques minutes pour satisfaire des besoins biologiques. Mais c'est rare.
Je peux imaginer plaisamment, après l'avalanche de commentaires que mon dernier billet a suscités, que deux-trois traductrices qui s'entendent très bien (impérativement!) pourraient effectivement s'acheter une copropriété, y réserver une salle de travail commune, déductible d'impôt, et aller travailler ensemble tous les jours. Ouaip. Étrenner fièrement sa dernière robe (ben non, c'est pour rire!), se raconter les derniers potins pendant la pause-café ou l'heure du dîner et faire pareil comme dans un vrai bureau, sauf que la patronne serait invisible et l'horaire un peu plus flexible que dans la plupart des bureaux. Ça, ça me paraît génial. ;)