27 septembre 2006

Plus que trois jours...


Bientôt le retour à Paris...

J'ai pris l'habitude du beau temps londonien (ben oui!) et celles de prendre le métro tous les jours (et ça ne me pèse même pas!), d'entendre le Good morning! du gars toujours souriant du coffee shop du coin (heu... peut-être est-il gay, il aime beaucoup les bijoux que je porte... hi hi), d'attendre l'ouverture de la bibliothèque dehors, sur l'un des cubes de marbre de la place, mon portable sur les genoux, déjà connectée à Internet (le sans fil, c'est vraiment génial), de dire hi! à deux autres habitués de la bibliothèque, d'aller faire mes petites recherches dans les journaux du XIXe siècle quand j'ai un peu de temps, de sortir deux ou trois fois par semaine le soir et d'aller à un concert, à une pièce de théâtre, à une exposition ou juste d'aller me promener pour découvrir un nouveau quartier...


C'est drôle. Je pourrais sans doute faire la même chose à Paris, mais ce ne serait pas pareil. Pourquoi donc?

C'est que l'ambiance de Londres est tellement différente de celle de Paris! Elle correspond mieux à mon tempérament, je crois. Je suis du genre à adorer fouiller dans un grenier ou même de casser ce qui semble être une petite trappe enfouie sous des dizaines de couches de peinture dans un mur, car je suis certaine d'y trouver un trésor caché.

Ah... c'est donc ça. Le mot caché est ici très important. Londres, contrairement à Paris qui s'étale dans toute sa splendeur impudique, se mérite par la curiosité, et ses coins les plus intéressants sont cachés. On ne sait jamais ce qu'on va découvrir au détour d'une petite rue ou au bout du passage étroit qui sépare deux immeubles, même modernes : une brèche dans le temps, peut-être? Mais permet-elle de faire un retour vers le futur ou un voyage de quelques siècles en arrière? De voir une ombre inquiétante ou un fantôme? Qui sait... Les Anglais sont les maîtres du suspense, n'est-ce pas? Et ça, ça me plaît infiniment.

26 septembre 2006

Retour au français...

Bon, d'accord. Je crois que la plupart de mes lecteurs parlent français et anglais, mais ils ne semblent pas intéressés à lire en anglais ou à écrire des commentaires (même en français) sur des billets écrits en anglais.

Comme je ne suis pas vraiment le genre à aimer parler toute seule dans le désert, mes prochains billets ne seront écrits que dans la langue de Molière. Too bad, Shakespeare...

24 septembre 2006

A City's trivial Journal (2)


Saturday, 23 September, 2006, on the Jubilee Line

A middle-aged English couple sitting on the Tube.

The man enjoys himself printing his head several times on a plexiglas wall of an underground train, smiles and says to his wife: "Look! People lean their heads like this and leave horrible greasy marks. That's disgusting!!"

20 septembre 2006

Naughty London


Today is my third day of commuting to work and the journey has been going smoothly so far, even if the trains are usually crammed with people managing to read newspapers or books. It's a marvel to watch them as they carefully use every inch of available space in a way that won't bother the other commuters, folding broadsheet newspapers in origami patterns...

It takes me about half an hour to get by underground from Swiss Cottage to Baker Street, where I change trains to King's Cross, then walk to the British Library, situated nearby the Station. At Baker Street Station, you see several references to Sherlock Holmes, the famous fictional detective who lived at 221B Baker St.



And er... Well, by the way, I learned in Wikipedia this morning that the expression "changing at Baker Street" is a euphemism for anal sex, since Baker Street is one of only two stations on the London Underground (the other being Paddington) where you can change from the Hammersmith & City Line (pink) to the Bakerloo Line (brown)!! London of course is also famous for its 'naughty' and sometimes seedy side, perhaps I will post more about this at a future time.

18 septembre 2006

A City's trivial Journal (1)


This is a new section of my blog that takes up from one of my favourite films ever, "Wings of Desire", by Wim Wenders, the idea of "assembling, testifying and preserving" bits of reality in an urban setting. In this brilliant film, one of the raisons d'etre of angels roaming Berlin is to observe and record the simple joys of human experience.

I am no angel, but will report here pleasing or moving (but true!) unimportant facts I have observed in everyday life in London.

Sunday, 17 September, 2006
Tottenham Hale Tube Station - An escalator squeaks and manages to sing the first two measures of "Happy Birthday to You" in a 'voice' similar to nails scraping down a chalkboard...

16 septembre 2006

From the British Library


Isn't it amazing that nowadays - provided you have a "portable" job like translation - you can set up a temporary office about anywhere in the world where electricity and an Internet connection are provided?

I am comfortably seated at a desk at the British Library, one of the greatest libraries in the world, with my laptop wireless connected to the Web, and thinking about the oceans of opportunities that are available in this professional lifestyle just leaves me totally flabbergasted.

Why couldn't I work from Rome? Prague? Tokyo? Sydney? How exciting that would be! Perhaps I was meant to be a postmodern nomad, after all... But for today, I think I'll have a pint to that in a nice London pub.

Cheers!

15 septembre 2006

En route pour Londres


Je pars pour Londres cet après-midi, où j'habiterai et travaillerai pour les deux prochaines semaines.

Quand j'ai décidé d'écrire un blogue, j'avais l'ambition d'en faire un espace bilingue, mais j'ai compris assez rapidement que le temps (et, franchement, l'envie aussi) me manquait pour traduire tous mes billets. J'ai alors résolu le problème en décidant d'écrire en anglais lors de mes séjours à Londres et en français lorsque je suis à Paris. Mes prochains billets seront donc en anglais, et j'en écrirai d'autres dans l'esprit de Snap. J'essaierai d'avoir l'oeil ouvert - et le bon! - pour traquer l'unicité de ce cher homo anglicus dans son habitat naturel.

13 septembre 2006

Partir, c'est mourir un peu


Des commentaires ou des courriels que j'ai reçus ces derniers jours m'ont amenée à réfléchir sur la transformation profonde que les voyages - et en particulier les séjours prolongés à l'étranger - peuvent provoquer chez les gens et sur la perception qu'ils ont d'eux-mêmes, de leur pays d'origine et de leurs compatriotes.

Partir, c'est mourir un peu, dit-on. On meurt à soi-même, à ses limites et à la rassurante homogénéité qui caractérise de nombreuses sociétés pour devenir une sorte d'OGM culturel. Mais partir, c'est aussi vivre au pluriel. On adopte l'art de vivre français, l'humour anglais, la dolce vita italienne, l'ouverture d'esprit néerlandaise. On se met à triper sumo, fado, tango, vitraux médiévaux et on apprend à dire «bonjour» et «merci» en plusieurs langues. On concocte un délicieux curry flambé au calvados, une étonnante tajine au caramel d'Écosse ou un succulent souvlaki mariné au saké. Bref, on mute.

Mais le jour où l'on rentre au pays, qu'est-ce qu'on fait en tant que mutant qui boit sa Guinness «tablette» et lève le nez sur une Mol Ice? Que faire pour retrouver une place parmi les siens sans avoir envie de les trouver plates, drabes et ignorants ou de céder à la tentation du snobisme? Comment éviter de mépriser ou de juger ceux qui ne sont jamais partis ou peut-être jamais au delà du dépanneur ou d'Old Orchard et qui suivront tranquillement le même sentier battu toute leur vie parce qu'ils ne savent pas, parce qu'ils n'ont jamais vu ou parce qu'ils ont peur de manquer de petits cailloux blancs pour retrouver leur chemin? C'est un piège dans lequel je ne veux pas tomber.

Est-ce possible de planter doucement la petite graine du voyage et de la découverte dans leur tête et leur coeur? Et si on commençait par aller visiter la province voisine, voir si les maudits Anglais nous haïssent tant que ça? Si j'avais le moindre pouvoir décisionnel à Ottawa, j'établirais un service obligatoire d'un genre particulier mais en rien militaire : tous les jeunes de 16 à 20 ans devraient - au moins une fois - séjourner quelques semaines dans une famille d'une province où l'on parle une autre langue officielle, et j'aurais le budget pour que tout le monde en ait les moyens. Je suis sûre que la société ne s'en porterait que mieux.

10 septembre 2006

La France comme billet ouvert...

Si Paris ne m'enchante plus guère, je dois quand même à la France d'avoir changé le cours de ma vie. C'était en juin 1998. Une longue histoire d'amour virtuelle avec un Français qui finit en queue de poisson (La France est une garce qui a toujours eu un chic fou pour laisser tomber ceux ou celles qui l'aiment. La Nouvelle-France en sait quelque chose...) et voilà que j'accepte l'invitation amicale d'un autre Français de passer mes vacances à Montpellier en guise de prix de consolation. Comme j'étais sans travail et sans le sou à l'époque, j'ai aussitôt vendu mon piano et ma guitare pour payer mon billet d'avion et avoir un peu d'argent de poche.

C'était mon premier grand voyage. Gérard m'a accueillie à bras ouverts, avec une générosité que je n'ai jamais oubliée, tout en sachant que je pleurais en pensant à un autre. Il ajoutait un -ou à la fin de mon prénom, à la façon des gens du Sud, et je me sentais bien. Réchauffée. Importante. J'ai repris confiance en moi et dans les autres, malgré la vie difficile que je menais au Québec.

Soudainement, presque par magie, le monde est devenu petit, ouvert, accessible. Ce n'était plus une abstraction mais une somme d'endroits où je pourrais être heureuse et rencontrer des gens qui, si différents de moi qu'ils puissent être, sont aussi humains, au sens le plus noble du terme. Gérard m'a donné le monde en cadeau, et à partir de ce moment, je savais que je n'arrêterais plus de voyager.

Cependant, je n'ai jamais voyagé dans le but ultime d'assouvir une soif intellectuelle que mon pays ne peut étancher. Je ne méprise pas le Québec parce que les musées n'y intéressent pas grand-monde. Après tout, le Louvre fonctionne d'abord grâce aux touristes... La France ne m'a pas non plus attirée pour sa supériorité culturelle. Si les Français parlent mieux et ont un vocabulaire plus riche que les Québécois, ils n'écrivent pas mieux leur langue et sont moins nombreux à parler couramment une langue seconde, toutes proportions gardées. Et puis la culture en France est institutionnelle et plutôt rigide. J'appréciais mon petit groupe de lecture de Québec, qui se réunissait au café du coin. Au Québec, la culture peut fleurir spontanément, n'importe où. Il suffit d'une craquelure dans l'asphalte et ça pousse.

J'ai fait mes premiers voyages en France pour trouver de la chaleur humaine chez des gens qui ne me ressemblent pas nécessairement. Par curiosité aussi. Pour trouver des ressemblances dans les différences et des différences dans les ressemblances. Pour en sourire et en garder une certaine tendresse. Pour l'amitié, avec un peu de chance. C'est d'ailleurs ce que je fais dans tous les pays où je vais. Les plaisirs culturels sont la cerise sur le sunday, disons. Je veux d'abord du feeling.

Il va sans dire que j'ai passé d'excellentes vacances au soleil, à la mer, grâce à Gérard. Nous avons mangé aux meilleures tables, visité tous les lieux touristiques de la région et beaucoup ri, mais l'amour n'était pas au rendez-vous, malgré tout. « On est des super copains », disait-il. Je lui ai rendu visite plusieurs fois à la fin des années 90, et chaque fois il me traitait comme une princesse et m'invitait partout où c'était bon et beau. Gratuitement.

Quand j'ai fini par gagner ma vie raisonnablement bien et que j'ai voulu l'inviter à mon tour, il m'a dit « Garde tes sous! Ou invite quelqu'un d'autre en pensant à moi ». C'est ce que je fais au moins une fois par année, en souvenir de ce qu'il a fait pour moi. Je choisis une personne étrangère, apparemment moins fortunée que moi et que je ne reverrai sans doute jamais (car selon le principe de gratuité, je ne dois pas essayer ainsi de m'en faire une amie), et je l'invite au théâtre ou à un concert, en espérant qu'un jour elle choisisse de me remercier en me donnant les traits d'un étranger de passage en mal de chaleur humaine.

09 septembre 2006

Paris


C'est en essayant d'écrire un billet sur Paris que je me suis rendu compte que Paris m'inspire très peu de bons sentiments... Bien sûr, lorsque je reçois des Québécois, je suis fière de leur faire visiter ma ville, mais outre sa beauté qui s'étale sans pudeur et son riche passé, rien ne me donne envie de m'y établir pour de bon. Probablement parce que je suis sensible à l'attitude des Parisiens à l'égard de leur ville. Voyons un peu...

Paris, c'est un décor somptueux sali, méprisé même, par des gens bougons : les Parisiens. Combien de fois ai-je dû m'y prendre pour essayer de convaincre un de mes amis, né à Paris, de prendre un bateau-mouche pour la première fois? J'ai finalement réussi à l'y traîner au bout de quelques années d'efforts soutenus pour l'entendre enfin m'avouer, presque tout bas, qu'il était ravi de l'expérience... Je peux constater le même mépris souverain pour les plaisirs touristiques chez la plupart des Parisiens que je connais.

Paris, c'est sale et ça pue. Les hommes pissent dans la rue, contre les immeubles, dans les escaliers, partout. J'ai même devant chez moi un escalier que je surnomme l'escalier qui pue. En effet, il comporte un petit palier à l'abri des regards et est connu comme pissotière de fortune par pas mal d'hommes dans pas mal grand, à ce qu'il semble. Une fois, j'ai même vu un homme garer sa camionnette, disparaître dans l'escalier et remonter deux minutes après, la main encore sur la braguette. Pourtant, tous les matins, les petits hommes verts de la Ville de Paris nettoient consciencieusement cet escalier à l'eau et au savon, mais quand j'y descends un peu plus tard dans la journée, j'y trouve toujours une coulée bien odorante que je dois enjamber en retenant ma respiration. Quant aux crottes de chiens, la situation s'est grandement améliorée, heureusement. Quelle ironie!

Paris, c'est stressant. Traverser la rue est une épreuve. Il y a un perpétuel duel entre les piétons et les automobilistes. Malheur au piéton qui se trouve encore au milieu de la rue quand les feux virent au vert ou sur un passage clouté aux heures de grande circulation. L'application du code de la route est tout à fait aléatoire et le civisme, une notion désuète. Klaxon à tout va (J'ai déjà vu un crétin au volant écraser son klaxon tout le temps que des ambulanciers ont mis pour embarquer une vieille dame en civière dans l'ambulance qui bloquait une petite rue tranquille : ma rue.), intimidation (faire mine d'avancer malgré la présence du piéton ou le frôler dangereusement), comportements dangereux (les sens uniques, c'est pour les autres), grossièreté, tout y passe.

Paris, c'est déprimant. Très peu de gens ont l'air heureux d'y vivre et surtout d'y travailler. Le service dans les magasins? Vous plaisantez! Je suggère aux touristes d'aller observer les vendeuses de chez San Marina, un magasin de chaussures des Halles, pour avoir une idée de l'absence de service que règne dans la plupart des magasins parisiens. Toutes les fois que j'y vais, les vendeuses m'ignorent royalement pour pouvoir bavarder entre elles en paix ou se chamaillent à propos du ménage à faire dans les boîtes. Vous êtes curieux de voir des caissières de supermarché à la mine patibulaire ou des cafetiers ronchons? C'est si facile à trouver...

Le métro parisien? Entre les djeunes qui vous bousculent et vous collent aux fesses pour passer en même temps que vous au portillon parce qu'eux, ils ne paient pas leur ticket, l'odeur des corps mal/pas lavés qu'il faut supporter et la voiture étonnament vide pour l'heure de pointe dans laquelle les initiés savent qu'il ne faut pas monter parce qu'un clodo y dort et y a sûrement vomi ou fait caca, on a le choix.

Curieusement, dans ces moments de dégoût j'ai toujours à l'esprit l'image d'une rangée d'hommes aux chaussures noires bien cirées, luisantes comme des miroirs, se tenant debout alors que la plupart des sièges sont occupés par des femmes, sur la District Line, près de South Kensington, à l'heure de pointe...

Heureusement qu'il y a l'Eurostar pour prendre un bain de civilisation de temps en temps. Évidemment, on peut toujours rentrer à Paris le soir pour bien manger! Le meilleur des deux mondes, je vous dis...

05 septembre 2006

De retour à Paris

Bonjour et bienvenue à tous! Je suis de retour après une longue fin de semaine à Lisbonne. Ça me fait très plaisir de lire vos commentaires. Je reprendrai l'écriture de mon blogue d'ici quelques jours, le temps de régler quelques trucs urgents. À bientôt! :)

01 septembre 2006

Une idée du paradis...

Je l'ai déjà dit que j'adore Londres, la culture et la politesse anglaises, la cuisine française et le goût pour les bonnes choses des Français, les langues française et anglaise, la qualité de vie au Québec et la chaleur des Québécois? Quelqu'un sait s'il existe un endroit sur Terre qui combine un peu tout ça?

30 août 2006

Snap (1)

A fine specimen of pubgoer (who is obviously not "Hugo Boss man").

London, 22 August, 2006, 5:30pm

Blackfriar Pub, that boasts walls clad in green, red and cream marble, covered with illustrations of merry monks, bustles with activity at this time of the day. In this extravagantly ornate look-alike church - or scaled down cathedral - every inch decorated in marble, mosaic or bas-relief sculpture, a man in a well-cut suit is nursing his pint of bitter and picking at a pile of pistachios, bought from the bar for £1.50, neatly and conscientiously putting the husks in an empty glass.

Halfway through his job, Hugo Boss starts fiddling with his BlackBerry then gulps what's left of his beer before taking out an empty white envelope from his smart leather briefcase, only to pour for 75 p. of pistachios in it. He secures his saved feast with a flick of the tongue, slips his Precious in his briefcase and walks out of the pub, looking content with his lot.

29 août 2006

Sur le vif (1)


Londres, le 23 août 2006, quelque part sur la Bakerloo Line, au beau milieu de l'après-midi...

Le métro est presque vide à cette heure-ci de la journée. Les sièges ressemblent un peu à des sofas qui se font face, de chaque côté du train. Ici, tout est conçu pour éviter de se retrouver assis avec un inconnu, à deux, dans une intimité pénible. S'asseoir à plusieurs, ça va, ça ne compte pas. Il est bien plus facile de faire abstraction d'une collectivité que d'un voisin encombrant. S'asseoir à deux avec n'importe qui? Dear me, no! Au bout d'un de ces sofas, seule, une blonde distinguée est assise, jambes croisées, fines sandales aux pieds.

Le train, plus Cannonball que Locomotion, file en enserrant le tunnel puis s'arrête en crissant. Marylebone Station. La porte glisse lourdement et laisse entrer un grand tocson blond en bermudas, plus vraiment tout jeune. D'un pas nonchalant, dont le son est écrasé sous ses Converse, le casque de son iPod vissé dans le crâne, l'homme passe devant la smart demoiselle, non sans accrocher ses jolis petons, et choit pesamment à côté d'elle. Lady Jane est presque catapultée hors de son sofa rouge. Là-bas, de mon siège, je la vois lever les yeux au ciel et crois entendre un petit bruit ténu et flûté s'échapper d'une de ses narines. Lui ne s'est rendu compte de rien.

27 août 2006

Prologue (en français)


Tout a commencé quand j'ai subitement eu envie de me demander pourquoi mon arrière-grand-mère s'appelait Mary et non pas Marie. Était-elle anglaise? Américaine? A-t-elle été élevée aux États-Unis? Pourquoi donc ce prénom usuel anglais alors que les registres montrent qu'elle s'appelait Marie? J'ai alors posé la question à ma mère, qui l'a ensuite posée aux plus vieux de la famille, mais personne n'a trouvé de réponse. Puis, je me suis dit « Ai-je vraiment besoin de me trouver une goutte de sang anglais dans les veines pour justifier ma curiosité à l'égard de l'aspect anglais de mon héritage culturel de Canadienne-française? ».

J'espère que non, mais juste le fait de me poser la question en dit long sur la difficulté pour les Québécois d'assumer cet héritage et de l'apprécier sans culpabilité. Et là, je ne parle même pas des insultes dont des nationalistes québécois fanatiques, qui en veulent encore à tout ce qui porte un nom anglais ou parle la langue de Shakespeare, peuvent vous abreuver pour un tel crime de lèse-majesté, même si les événements en cause remontent à plusieurs générations...


J'ai commencé à réfléchir à l'identité culturelle nord-américaine, canadienne, canadienne-française ou québécoise lorsque j'ai quitté le Canada, il y a quatre ans, pour immigrer en France. Aujourd'hui, je vis à Paris mais je passe beaucoup de temps (jusqu'à deux semaines par mois) à Londres. Cela m'a donné envie de créer un blogue pour présenter quelques observations sur les peuples étranges auxquels nous, les Québécois, ressemblons tant mais dont nous sommes si différents à la fois : les Français et les Anglais. Dans ce contexte, je vois l'Eurostar comme un trait d'union physique et symbolique entre ces deux cultures fondatrices.

D'abord, je dois dire que je ne suis pas anthropologue et que je n'ai aucune prétention quant à la justesse de mes observations. Et puis la politique, ce n'est vraiment pas mon truc, même si le fait de parler français en Amérique du Nord au XXIe siècle peut être considéré comme une déclaration politique. Toutefois, j'espère grâce à ce blog rencontrer des gens qui célèbrent eux aussi leur différence tout en appréciant l'« anglitude » sous-estimée et politiquement incorrecte - car si souvent méprisée - de l'homo quebecus.

Bienvenue dans mon blogue!

Prologue (in English)


It all started when I suddenly thought of my great-grand-mother and wondered why she, as a Quebecker, would always be called Mary instead of Marie. Was she English? American? Was she brought up in the United States? I asked my mother, who asked the eldest members of our family but nobody knew. Then I said to myself: "Do I really need to find one drop of English blood in my veins to justify my keen interest in the English part of my cultural heritage, as a Canadian from Quebec?"

I hope not, but my doubts about that only highlight how difficult it may be for the Quebecois to come to terms with this heritage and enjoy it without any guilt, not to mention that a crime of lese-majesty such as this can get you insults from some fanatic Quebecois nationalists who still resent anyone with an English name or daring to speak the language of Shakespeare for things that happened generations ago...

I've started to ponder what it means to be North American, Canadian, French Canadian or Quebecois when I left Canada to immigrate in France, four years ago. Today, I live in Paris but spend a lot of time - actually, up to a couple of weeks a month - in London as well, which leads me to write a blog to share observations I made about the strange people that we, Quebecois, take after so much but differ from just as much: the French and the English. In that context, I like to use the Eurostar as a physical and symbolic hyphen between both founding cultures.

But first of all, I should make sure you know that I am not an anthropologist. I am not making any claims about the accuracy of my observations, and politics is not my cup of tea, really, even though speaking French in North America in the 21st century can be regarded as a political statement as such. However and hopefully, through this blog I'll meet other people who celebrate la différence whilst enjoying the homo quebecus' underestimated and politically incorrect - because so often disregarded - Englishness.

Welcome to my blog!