
C'est en essayant d'écrire un billet sur Paris que je me suis rendu compte que Paris m'inspire très peu de bons sentiments... Bien sûr, lorsque je reçois des Québécois, je suis fière de leur faire visiter
ma ville, mais outre sa beauté qui s'étale sans pudeur et son riche passé, rien ne me donne envie de m'y établir pour de bon. Probablement parce que je suis sensible à l'attitude des Parisiens à l'égard de leur ville. Voyons un peu...
Paris, c'est un décor somptueux sali, méprisé même, par des gens bougons : les Parisiens. Combien de fois ai-je dû m'y prendre pour essayer de convaincre un de mes amis, né à Paris, de prendre un bateau-mouche pour la première fois? J'ai finalement réussi à l'y traîner au bout de quelques années d'efforts soutenus pour l'entendre enfin m'avouer, presque tout bas, qu'il était ravi de l'expérience... Je peux constater le même mépris souverain pour les plaisirs touristiques chez la plupart des Parisiens que je connais.
Paris, c'est sale et ça pue. Les hommes pissent dans la rue, contre les immeubles, dans les escaliers, partout. J'ai même devant chez moi un escalier que je surnomme l'
escalier qui pue. En effet, il comporte un petit palier à l'abri des regards et est connu comme pissotière de fortune par pas mal d'hommes dans pas mal grand, à ce qu'il semble. Une fois, j'ai même vu un homme garer sa camionnette, disparaître dans l'escalier et remonter deux minutes après, la main encore sur la braguette. Pourtant, tous les matins, les petits hommes verts de la Ville de Paris nettoient consciencieusement cet escalier à l'eau et au savon, mais quand j'y descends un peu plus tard dans la journée, j'y trouve toujours une coulée bien odorante que je dois enjamber en retenant ma respiration. Quant aux crottes de chiens, la situation s'est grandement améliorée, heureusement. Quelle ironie!
Paris, c'est stressant. Traverser la rue est une épreuve. Il y a un perpétuel duel entre les piétons et les automobilistes. Malheur au piéton qui se trouve encore au milieu de la rue quand les feux virent au vert ou sur un passage clouté aux heures de grande circulation. L'application du code de la route est tout à fait aléatoire et le civisme, une notion désuète. Klaxon à tout va (J'ai déjà vu un crétin au volant écraser son klaxon tout le temps que des ambulanciers ont mis pour embarquer une vieille dame en civière dans l'ambulance qui bloquait une petite rue tranquille : ma rue.), intimidation (faire mine d'avancer malgré la présence du piéton ou le frôler dangereusement), comportements dangereux (les sens uniques, c'est pour les autres), grossièreté, tout y passe.
Paris, c'est déprimant. Très peu de gens ont l'air heureux d'y vivre et surtout d'y travailler. Le service dans les magasins? Vous plaisantez! Je suggère aux touristes d'aller observer les vendeuses de chez San Marina, un magasin de chaussures des Halles, pour avoir une idée de l'absence de service que règne dans la plupart des magasins parisiens. Toutes les fois que j'y vais, les vendeuses m'ignorent royalement pour pouvoir bavarder entre elles en paix ou se chamaillent à propos du ménage à faire dans les boîtes. Vous êtes curieux de voir des caissières de supermarché à la mine patibulaire ou des cafetiers ronchons? C'est si facile à trouver...
Le métro parisien? Entre les
djeunes qui vous bousculent et vous collent aux fesses pour passer en même temps que vous au portillon parce qu'eux, ils ne paient pas leur ticket, l'odeur des corps mal/pas lavés qu'il faut supporter et la voiture étonnament vide pour l'heure de pointe dans laquelle les initiés savent qu'il ne faut pas monter parce qu'un clodo y dort et y a sûrement vomi ou fait caca, on a le choix.
Curieusement, dans ces moments de dégoût j'ai toujours à l'esprit l'image d'une rangée d'hommes aux chaussures noires bien cirées, luisantes comme des miroirs, se tenant debout alors que la plupart des sièges sont occupés par des femmes, sur la District Line, près de South Kensington, à l'heure de pointe...
Heureusement qu'il y a l'Eurostar pour prendre un bain de civilisation de temps en temps. Évidemment, on peut toujours rentrer à Paris le soir pour bien manger! Le meilleur des deux mondes, je vous dis...