28 février 2007

Equus


Comme je l'avais annoncé, jeudi dernier j'ai vu la pièce Equus avec Daniel Radcliffe au Gielgud Theatre, à Londres. Écrite dans les années 70 par Peter Shaffer, Equus n'est pas une pièce facile, mais le psychiatre joué avec brio par Richard Griffiths a beaucoup d'humour et allège le propos plutôt lourd.

L'événement fait couler beaucoup d'encre parce que le jeune acteur de 17 ans, qui incarne Harry Potter au cinéma, joue flambant nu une scène érotique de 4 minutes avec une jeune actrice, nue elle aussi. Mais si Radcliffe, dans le rôle de Alan Strang, cet adolescent perturbé qui crève les yeux de six chevaux un bon jour et est traité par un psychiatre, réussit à nous faire totalement oublier le petit sorcier à lunettes, ce n'est pas parce qu'on constate qu'il est physiquement devenu un homme : ce ne serait pas rendre justice au talent d'acteur du jeune homme dans cette pièce, qui marque son entrée dans la cour des excellents acteurs. En tout cas, on peut saluer son cheminement artistique audacieux.

Richard Griffiths et Daniel Radcliffe, qui fume. Cette cigarette a presque autant fait jaser que la scène de nudité...

Justement, cette scène de nudité... je ne l'ai pas trouvée choquante en tant que telle. Quatre minutes, c'est vrai que c'est long au théâtre, mais la scène est jouée sobrement et sans provocation. J'ai trouvé la scène de la photo du haut, où le personnage d'Alan est à moitié habillé et part pour une chevauchée nocturne, bien plus chargée d'érotisme. Il faut savoir que le jeune homme fantasme pas à peu près sur les chevaux...

Pour l'anecdote, disons que j'ai été fortement perturbée au cours des 15 premières minutes de la pièce par une puissante odeur de pieds que dégageait une personne que je tentais de démasquer (ou plutôt de faire se rechausser). Dans l'obscurité de la salle, je n'ai pu que soupçonner ma voisine de gauche à qui j'ai demandé si elle sentait une odeur horrible. En bonne Anglaise soucieuse de préserver sa dignité elle m'a répondu «Non, pas vraiment» mais - le hasard faisant bien les choses - tout est quand même rentré dans l'ordre à partir de là et j'ai pu me remettre à respirer normalement et à me concentrer sur la pièce. Les spectateurs ont chaudement applaudi la prestation des acteurs après le premier acte, et les deux principaux interprètes ont eu droit à une longue ovation debout au tomber du rideau.

On entendra sans nul doute parler encore longtemps de Daniel Radcliffe au cinéma et au théâtre et, à en juger par le nombre de filles qui se jettent sur lui à la sortie des artistes (les deux autres acteurs doivent quelquefois sortir par une fenêtre basse pour arriver à s'en aller tant la foule est nombreuse devant la porte!), on peut juste lui souhaiter qu'un tel succès à un si jeune âge ne lui fasse pas perdre la tête...

26 février 2007

Soir sur la Tamise


Le Albert Bridge, à Londres, l'un des 12 ponts de Londres et l'un des plus jolis

Voici un petit billet un peu paresseux, vous m'en excuserez, mais j'ai un divorce à préparer, un appartement à vendre, un passeport à renouveler et une petite entreprise à lancer en plus de mon travail à plein temps. :D



Le soir, le bord de la Tamise n'est pas aussi romantique et sublime que le bord de la Seine, mais il est tout de même bien agréable d'y marcher. Pour faire changement avec les vues classiques sur la cathédrale St. Paul, mercredi dernier j'ai longé la Tamise à la hauteur de Chelsea, sur la rive nord, et de Battersea Park, sur la rive sud.

24 février 2007

Déraillement d'un train vers Glasgow

Merci aux personnes qui se sont inquiétées pour moi, ça me touche, mais je n'étais pas dans le train Londres-Glasgow qui a déraillé.

J'ai bêtement attrapé le rhume et me sentais trop fatiguée pour aller passer la journée dehors à marcher sous la pluie. Mais ce n'est que partie remise, car j'aimerais passer mes vacances en Écosse et en Irlande cet été.

22 février 2007

The Shunt Lounge

Le DJ n'est qu'une ombre sur le mur d'un tunnel...

Hier, j'ai passé la soirée dans un bar très spécial, le Shunt Lounge, avec un ami. Adrian est né dans une banlieue de Londres et a passé la majeure partie de sa vie dans cette ville, mais 51 ans plus tard, ce Londonien est toujours un touriste dans sa ville et reste à l'affût d'un événement ou d'un endroit qu'il ne connaît pas encore. Il est donc le compagnon de sortie idéal pour découvrir Londres dans ses replis secrets.

Arrivés par le métro à la station London Bridge, nous passons par une entrée discrète et payons notre carte de membre d'un jour, car le Shunt est un bar privé. Nous marchons dans un couloir de vieilles briques obscur et l'odeur de moisi et d'humidité nous prend à la gorge. Il faut ensuite traverser un ascenseur ouvert aux deux extrémités et tourner à droite. Un gros seau recueille l'eau qui suinte du mur.

De la terre battue et quelques vieux bouts de rail tordus dans un coin nous rappellent que le dédale de tunnels dans lequel nous marchons est une très ancienne (la plus ancienne, en fait) série de voies de garage pour les trains du métro de Londres, d'où le nom de Shunt, qui a aussi le sens de marginalisation. Ces tunnels voûtés ont également servi de cellier au cours des 100 dernières années et d'abri pendant le Blitz. C'est l'endroit tout trouvé pour présenter des performances, des work-in-progress et des formes d'art marginales et éclatées.

On trouve des gradins, un écran de cinéma et des écrans de télé dans ces tunnels. Il y a aussi une salle Shoeless, où tout le monde est assis par terre, sans ses chaussures, autour de tables éclairés à la bougie. Des spectacles plus structurés sont parfois présentés et certains d'entre eux, exécutés avec des trampolines, des avaleurs de sabre ou des cracheurs de feu, pourraient être considérés comme des numéros de cirque. Malgré l'ambiance clairement alternative, underground et rigolote, on n'a pas l'impression d'être au pays des troglodytes fumeurs d'herbe qui fait rire...

Le bar, où la bière coûte quand même plus cher qu'ailleurs...

Le chef d'orchestre après sa performance, très réussie
Pour donner un exemple du genre de performance artistique exécutée au Shunt, un «chef d'orchestre» a demandé à 15 personnes de s'asseoir sur une scène et de «jouer» du magnétophone à cassette en suivant ses directives. Des sons électroniques et des bruits bizarres étaient enregistrés sur ces cassettes, et l'alternance contrôlée de ces sons et la dynamique (volume) demandées par le chef d'orchestre permettaient de créer une musique expérimentale assez intéressante.

Au Shunt, on organise aussi des jeux collectifs axés sur la perception sensorielle ou des jeux un peu plus intellectuels que des Pub Quiz, disons, mais sans prétention. Le Shunt attire surtout un public jeune (30 ans, en moyenne), mais il fait tellement noir là-dedans que l'âge ne se voit pas si on s'amuse bien. J'avais tout à fait l'impression d'être dans la cave de mes grands-parents et de jouer avec mes cousins... Juste sainement l'fun. :)

20 février 2007

Demandez et vous recevrez...


Deux charmantes blogueuses de Glasgow, en Écosse, m'ont gentiment donné leurs meilleures adresses en prévision de ma visite de cette ville, samedi prochain. On trouve décidément beaucoup de gens sympathiques dans la blogosphère!
Vous pouvez aller lire le billet de Pascale ici et celui de Pepette ici. Merci les filles! :)

19 février 2007

Le double langage de la politique

Je vous invite à lire le message politique suivant, d'abord dans l'ordre normal de lecture, puis en commençant par la dernière ligne pour terminer avec la première ligne.

Soudain, tout s'éclaire sur les réelles intentions de ce parti (on peut remplacer X par n'importe quel nom de parti... c'est du pareil au même)!


Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons.
Seuls les imbéciles peuvent croire que
Nous ne lutterons pas contre la corruption.
Parce qu'une chose est sûre :
Honnêteté et Transparence sont la clé pour atteindre nos idéaux.
Nous démontrons que c'est une grande stupidité de croire que
Les mafieux continueront à faire partie du gouvernement comme avant.
Nous assurons, sans l'ombre d'un doute, que
La justice sociale sera le but principal de notre mandat.
Malgré cela, il y a encore des gens pour s'imaginer que
l'on puisse continuer à gouverner
Avec les ruses de la vieille politique.
Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que
Soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d'influences
Nous ne permettrons d'aucune façon que
Nos enfants meurent de faim
Nous accomplirons nos desseins même si
Les réserves économiques se vident complètement
Nous exercerons le pouvoir jusqu'à ce que
Vous aurez compris qu'à partir de maintenant
Nous sommes le parti X, la "politique de l'avenir.

18 février 2007

Une révolution en musique

Gustavo Dudamel

Hier, j'ai eu la chance d'assister à un excellent concert classique au Queen Elizabeth Hall, à Londres. Le London Philharmonia était dirigé par Gustavo Dudamel, encensé par la critique et considéré comme le chef d'orchestre le plus doué de sa génération. Déjà célèbre, Dudamel n'a que 25 ans...

Les choses auraient pu tourner différemment pour lui, car il a grandi à Barquisimeto, dans l'ouest du Vénézuela, un pays où 75 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté et où le crime et la violence sont pour beaucoup un mode de vie. Le jeune chef reconnaît volontiers que sans la musique, il aurait pu finir dans la rue. «Lorsque je regarde ce que sont devenus les garçons de mon âge, je constate que beaucoup ont sombré dans la drogue et le crime. Mais pas ceux qui faisaient de la musique».

En effet, le Vénézuela, plus que tout autre pays au monde propose à sa jeunesse la musique comme alternative à la misère. Le programme éducatif du pays, auquel 250 000 enfants participent, a été primé par l'UNESCO et l'UNICEF et louangé par Nelson Mandela et ne fait pas que sauver des milliers de jeunes d'une vie de criminalité : il est en train de former des musiciens exceptionnels qui arrivent peu à peu sur le devant de la scène internationale.

Un des jeunes participants à ce programme, Lennar Acosta, aujourd'hui professeur au Conservatoire Simon Bolivar, avait été arrêté neuf fois pour vols à main armée et trafic de stupéfiants avant que le programme lui confie une clarinette. «Au début, je pensais qu'ils plaisantaient. Comment pouvaient-ils confier un tel instrument à un enfant comme moi, à un voleur? Mais j'ai compris qu'on ne me prêtait pas l'instrument. On me le donnait. Et c'était beaucoup plus agréable à avoir entre les mains qu'une arme à feu».

Le programme offre l'instrument de musique, les cours, les déplacements, les partitions et soutien social en échange de quoi l'enfant accepte de jouer dans l'un des ensembles du programme et d'enseigner ce qu'il a appris à un enfant plus jeune. Recevant une éducation musicale dans une atmosphère d'encouragement, d'affection, de soutien mutuel et de plaisir sans entraves, les enfants atteignent souvent un niveau de maîtrise instrumentale qui leur permettrait d'entrer dès l'adolescence dans un conservatoire européen.

Impressionnée par l'histoire et le talent de Gustavo Dudamel, j'ai dit quelques mots au jeune chef d'orchestre à la sortie du concert, alors qu'il accordait des autographes. Petit, souriant, chaleureux, ayant échangé son queue-de-pie contre un simple polo, il était rayonnant et a accepté timidement mais avec un plaisir non feint mes compliments. C'était beau à voir.

* Extraits du livret du CD Beethoven 5 & 7th, Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela, conducted by Gustavo Dudamel, du prestigieux label Deutsche Grammophon, 2006.

15 février 2007

Je repars...

Un pub de Londres

Je repars demain pour Londres, où je passerai la prochaine semaine. Encore une fois, je me suis concocté un petit programme culturel intéressant : concert classique samedi soir, dirigé par Gustavo Dudamel, théâtre jeudi soir (Equus, avec un Daniel Radcliffe... peu habillé), et brève visite de Glasgow, en Écosse, le samedi suivant. Bonne fin de semaine à tous et... See you in London! ;)

13 février 2007

Sicile - Cefalù


Vue de Cefalù depuis un quai

Comme je trouve l'hiver long et gris à Paris et que j'imagine que pour la plupart d'entre vous l'hiver est long et blanc, je vais vous ouvrir mon album de photos, parmi les plus ensoleillées. Une petit tour à Cefalù, en Sicile, ça vous dirait?

On ne s'entend pas sur l'origine du nom de la ville, qui dérive soit du grec «Kefaloidion», du punique «Kefa», ou du latin «Cephaloedium», mais il désigne la forme caractéristique du rocher qui surplombe la ville (La Rocca).


Coucher de soleil vu depuis la terrasse d'un restaurant
Située entre l'Afrique et l'Europe, géographiquement et culturellement, la Sicile a beaucoup à offrir aux visiteurs. Cefalù (avec l'accent tonique sur le «ou» final), une ravissante petite ville balnéaire coincée entre un rocher et la mer, regorge de trésors byzantins, normands, grecs et arabes et déroule à vos pieds la plage la plus agréable de toute la côte nord sicilienne.
Ci-dessus, un lavoir public médiéval, d'origine arabe. Le lavoir, astucieusement creusé dans la pierre, est alimenté par une petite rivière.

C'est très agréable de marcher dans les petites rues escarpées de la ville, mais il faut avoir de bonnes jambes, car ça monte! On y trouve de nombreuses boutiques d'artisanat, et la céramique est la spécialité du coin. Il est possible de suivre un sentier rocailleux pour admirer le paysage depuis La Rocca, mais je n'ai pas eu le courage d'aller jusqu'au bout, car il faisait très chaud. J'ai préféré la plage. La vie est dure... ;)

La mer en ville! Les gens ont la chance d'accéder directement à la plage en descendant un petit escalier. On peut manger une excellente gelato sur la terrasse, juste avant de descendre les marches.

En s'éloignant un peu de la ville, la plage s'élargit et on peut prendre ses aises. Rien à voir avec les plages surpeuplées des abords de Palerme!

Bon, d'accord, je n'ai pas suivi le sentier jusqu'en haut du rocher, mais j'ai tout de même gagné ce joli coup d'oeil sur la mer à la sueur de mon front. Le climat est aride, mais on voit beaucoup de fleurs. Avis aux connaisseurs en botanique : sont-ce des bougainvillées et des gloires du matin qu'on voit sur la photo?

Dans ce sentier, j'ai même rencontré un chat sauvage pas très heureux de me voir. Il me crache dessus, même à cette distance! Quoi qu'il en soit, on peut visiter un édifice mégalithique, le «temple de Diane», construit au sommet du rocher autour d’une citerne protohistorique (IXe siècle av. JC) à ouverture de type dolmen (ça en jette comme description! ;). La ville fut probablement un avant-poste fortifié grec vers la fin du Ve siècle av. JC.

Le clou culturel d'une visite à Cefalù est sans contredit la cathédrale, adossée à la montagne. Construite par les Normands (décidément, ils sont allés partout!) au XIIe siècle, elle vaut une visite à elle toute seule.

Les murs et les voûtes de la cathédrale sont ornés de mosaïque d'or, dans le style byzantin. La couleur or était la couleur du paradis pour les Byzantins, et l'imagerie byzantine est dominée par le Pantocrator, le Christ tout puissant, maître du monde. Dans toutes les églises byzantines, le Christ est représenté de cette façon : il a un air majestueux (sinon pas très commode), tient le Nouveau Testament dans la main gauche et fait le signe de paix de la main droite. En Sicile, on trouve trois églises recouvertes de mosaïque byzantine, soit à Cefalù, à Palerme et à Monreale, dont je parlerai plus tard.

De toutes les villes de Sicile que j'ai visitées jusqu'ici, Cefalù semble être la plus agréable à vivre. Pas trop animée (à Palerme, c'est fou!), pas trop chère (comme à Taormine) ni trop grande tout en étant vivante et riche en histoire. Et ce qui n'est pas pour me déplaire, c'est là que j'ai trouvé les meilleurs restaurants. ;)

12 février 2007

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la France sans jamais oser le demander

Je m'amuserai de temps en temps à dresser une liste des petites bizarreries de la vie quotidienne en France, telles que vues par une Québécoise. Je l'enrichirai à l'occasion.

En France :

- Le papier de toilette est presque toujours rose fluo. Je continue à rechercher les rouleaux de papier blanc, souvent cachés derrière des piles de rouleaux de papier rose dans les supermarchés.

- Les débarbouillettes n'existent pas. On utilise plutôt un gant de toilette (deux rectangles de ratine cousus ensemble, impossible à faire sécher à l'air sans que l'odeur d'humidité l'empreigne). J'ai ramené quelques débarbouillettes du Canada. Je les préfère nettement.

- Il existe une multitude de modèles de toilettes, c'est incroyable! J'aurais dû commencer une collection de photos de toilettes il y a longtemps. ;) Toutefois, la plus bizarre que j'ai vue, c'est un modèle anglais : la toilette à crinque (il faut la «pomper» plusieurs fois avec la poignée pour qu'elle flushe enfin).

- La toilette est toujours séparée du reste de la salle de bain. Peut-être une habitude prise lorsqu'il n'y avait qu'une seule toilette, commune, par étage dans les immeubles?

- La cassonade et la crème 35 % n'existent pas. On trouve plutôt du sucre brun en micro granules, dont la texture n'est jamais aussi douce que celle de notre bonne vieille cassonade Redpath, et la crème liquide, telle qu'on la connaît au Québec, est difficile à trouver. Les gens cuisinent plutôt avec de la crème fraîche, très épaisse (au point d'être solide). Pas étonnant que le fudge et le sucre à la crème soient d'origine anglaise!

- Les chips au BBQ n'existent pas : ce sont des chips au paprika, et leur goût ressemble un peu à celui des chips BBQ. On ne trouve pas non plus de chips au ketchup, mais les chips à la moutarde ancienne existent (miam!). J'ai aussi beaucoup de mal à trouver des chips au vinaigre, dont je me gave en Angleterre.

- Les couvertures, telles qu'on les connaît, sont rares. On utilise une seule couette légère plutôt que d'empiler les couvertures pour dormir au chaud. La catalogne bien lourde (grosse couverture en coton tissée au métier) a quand même son charme.

- Les oreillers sont carrés au lieu d'être rectangulaires. En tout cas, mon chat apprécie d'avoir l'espace pour s'étendre au-dessus de ma tête. ;)

- Les machines à laver lavent une petite brassée de linge en une heure, dans environ trois cuillerées à soupe d'eau. Rien à voir avec nos grosses laveuses turbo qui lavent deux fois plus de linge en 20 minutes, consomment l'équivalent d'un ballon (réservoir) d'eau français et secouent la maison sur ses fondations! Les machines françaises sont tout de même plus écologiques.

11 février 2007

L'après-Hérouxville

Maintenant que tout le monde a vu que l'ardent défenseur des normes de vie de Hérouxville est un imbécile sans éducation (comme le texte le laissait toutefois deviner), s'agit-il de laisser tomber toute critique à l'endroit de la façon d'accueillir et d'accommoder les immigrants? Non, car le malaise exprimé par les habitants de ce village correspond quand même un peu beaucoup à ce que ressent une bonne partie de la population québécoise.

C'est peut-être que le Canada applique une politique d'immigration naïve et dangereuse lorsqu'il dit dans son manuel à l'intention des immigrants, intitulé Comment devenir citoyen canadien :

« Certains pensent qu’en devenant citoyens canadiens, ils devront renoncer définitivement à leur passé et adopter un tout autre mode de comportement. Toutefois, il n’en est pas ainsi au Canada, car la Constitution canadienne garantit à tous l’égalité devant la loi et donne à chacun le droit d’être soi-même. Vous n’avez donc pas à renoncer à vos antécédents en devenant Canadien, car s’il existe deux langues officielles au Canada, il n’y a pas de culture officielle. Vous êtes donc libre de vivre selon vos propres coutumes. »

Il n'y a pas de culture officielle au Canada. Vous avez bien lu. Wow. Je n'en reviens pas. Pas étonnant qu'on en arrive aux normes de vie de Hérouxville avec une telle invitation à faire n'importe quoi chez nous!

Mais entre les angélistes et les xénophobes, entre la majorité québécoise représentée par un simplet honnête et la minorité musulmane représentée par une crapule hypocrite s'étant autoproclamée imam, Saïd Jaziri (emprisonné en Tunisie, condamné deux fois en France, frappé d’un ordre d’expulsion au Canada, fréquentations islamistes, voies de fait, faux papiers, a menti aux autorités, etc.), ne pourrait-on pas trouver des porte-paroles valables, sensés et crédibles, capables d'analyser la situation? Denise Bombardier se dit d'ailleurs soulagée ici que l'historien Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor aient finalement été mandatés par Jean Charest pour présider une commission d'étude sur les accommodements raisonnables. (Merci pour la référence, Caroline!)

Car, j'insiste, les accommodements raisonnables et la politique d'immigration, il faut en discuter et tirer des leçons des erreurs commises en Europe. Le multiculturalisme, à l'évidence, ça ne marche pas. Alors, que faut-il faire? Avez-vous des suggestions?

09 février 2007

Pauvres Anglais...

Je suis tombée sur cet article du New York Times qui décrit les souffrances endurées par ces pauvres Anglais condamnés à prendre le train à prix d'or, entassés à trois dans les toilettes parce qu'il n'y a plus de place où se tenir debout ou laissés pour compte au milieu de nulle part en pleine nuit. L'article se trouve ici.

On jurerait qu'il est question du système de transport ferroviaire d'un petit pays d'Afrique!

Les trains européens (2/2) - Les trains français et belges

Un TGV français à la gare du Nord, à Paris

Au cours des dernières années, l'image de la France a quelque peu été malmenée sur la scène internationale, mais les trains français - quand la SNCF (Société nationale des chemins de fer) n'est pas en grève! - et en particulier les TGV (train à grande vitesse), dont la vitesse de croisière est actuellement de 270 km/h, constituent encore un de ses plus beaux fleurons et ont de quoi impressionner le plus blasé des voyageurs.

Je vous le dis, chers Français, vos trains sont sans contredit les meilleurs que je connaisse pour le confort, la rapidité et le rapport qualité-prix. Et pour l'anecdote, je me souviens avec émotion d'avoir relevé pour la première fois un trait de l'esprit français en réservant un billet de TGV Montpellier-Paris, en 1998, à l'époque où les gens pouvaient encore fumer dans certaines voitures. Je devais choisir ma place dans l'une des catégories de voitures suivantes :

- Fumeurs;
- Non-fumeurs;
- Absolument non-fumeurs.

La différence entre les voitures Non-fumeurs et Absolument non-fumeurs m'avait bien fait rire. Oui, tout est relatif en France...

Un train Teoz, le train régional amélioré et modernisé que j'ai pris pour aller à Strasbourg. Pour aller à Toulouse, j'ai pris un train de nuit Corail Lunea.


Comparativement aux couchettes des trains italiens, les couchettes des trains français (photo ci-dessus) offrent un bon confort et un petit plus qui fait classe. Comme on peut le voir, même en deuxième classe et en couchette inférieure (aussi large que celles au-dessus), tout est meilleur. On a aussi droit à une trousse de survie, soit des boules Quiès, deux menthes contre l'haleine de bouc du matin, un paquet de mouchoirs de papier, des serviettes rafraîchissantes et un petit sac à déchets. De plus, dans les trains de nuit, qu'ils soient français ou italiens, on fournit également une bouteille d'eau, pas pour être gentil mais parce qu'il n'y a pas d'eau potable à bord du train et que c'est sans doute un règlement.

Toutefois, contrairement à leurs collègues italiens, les contrôleurs français sont loin d'être empressés auprès des clients et se font oublier le plus possible en se cachant dans leur compartiment. Non mais, y a des limites à bosser!

Examinez bien l'air dispos de ces voyageurs qui viennent de passer une nuit reposante dans une couchette de train. Ce n'est pas vraiment convainquant, n'est-ce pas? La SNCF a beau faire de son mieux, c'est très difficile de dormir dans un train. Moi, je n'y arrive pas car... j'écoute le bruit du train! C'est comme le bruit d'un robinet qui goutte, c'est énervant, ça obsède et on ne peut pas s'empêcher de l'entendre et de se concentrer dessus. Alors toute la nuit j'écoute tagadac-tagadac en ayant hâte que quelqu'un change la toune...

Un TGV Thalys belge

Quant aux trains belges, les TGV Thalys, ils appartiennent à 70 % à la SNCF et je crois qu'ils sont construits par la même compagnie que les TGV français. Ils sont tout aussi impeccables que les trains français, mais probablement moins souvent immobilisés par les grèves...

Intérieur d'un train Thalys
Pour faire bonne mesure en matière d'anecdote culturelle, en 2004, un chef de gare belge m'a montré une facette de sa belgitude en se faisant un malin plaisir de me dire, alors que je lui demandais où je devais composter mon billet, que «le compostage, c'est pour le jardinage», pour rire du terme «compostage» - un peu ridicule et pompeux, il est vrai - choisi par les Français pour désigner la validation d'un billet dans une machine. J'ai trouvé ça sweet, comme le chocolat...

05 février 2007

Les trains européens (1/2) - Les trains anglais et italiens

Un train anglais de la compagnie SouthWest Train

Je n'ai jamais autant pris le train de ma vie que depuis que je vis en France et je l'annonce ici : j'aime les trains. Ça n'a rien à voir avec la pénible expérience que j'ai eue au Canada avec Via Rail sur un voyage Québec-Toronto, qui a bien duré 12 heures avec que des peanuts et du Coke à manger ou à boire... Il faut dire qu'au Canada, ce sont les trains de marchandise qui ont priorité et les trains de voyageurs doivent régulièrement se pousser sur une voie de service pour les laisser passer. Le train canadien, ou l'art de rendre un déplacement interminable...

Aurait-on de qui tenir? Les trains anglais sont tout aussi pénibles à prendre que les trains canadiens pour leur lenteur (croyez-le ou non, il y a cinquante ans les trains anglais roulaient plus vite que ceux d'aujourd'hui!), mais en plus ils constituent un moyen de transport très dispendieux et peu fiable. On les regarde et ils ont tous l'air rutilants, modernes et confortables et on se demande où est le problème. Quoi, ces trains-là ne peuvent-ils pas circuler quand trois flocons de neige tombent sur les rails? Quand quelques feuilles mortes mouillées jonchent les rails? Quand il fait trop chaud? Quand il fait trop froid? Quand il pleut trop?

Toutes les raisons sont bonnes, y compris les sempiternels engineering works, pour vous faire arriver en retard à destination. Suivez mon conseil : dans un train anglais ayez toujours une trousse de survie (une bouteille d'eau, une barre énergétique et un bon livre pour passer le temps), car vous savez toujours à quelle heure le train va partir, mais jamais à quelle heure il va arriver.

Et comme les sièges sont rarement réservés, il faut faire attention à la voiture où l'on choisit de s'asseoir. La plate-forme de certaines gares est plus courte que le train et si vous êtes assis dans la dernière voiture vous ne pourrez pas descendre! Le contrôleur demande généralement aux voyageurs de s'avancer à l'avant du train à cause d'une plate-forme courte quelques minutes avant l'arrivée à la gare, mais il faut porter attention.

L'intérieur d'un train à couchettes italien. En première classe... imaginez la deuxième!

Si d'aventure il vous prenait l'envie de voyager de nuit en train pour arriver à destination tôt, frais et dispos après une bonne nuit de sommeil, comme le prétend la publicité, pensez-y à deux fois. En tout cas, évitez les trains italiens. Les Trenanotte de Trenitalia doivent être au moins aussi vieux que moi et ils sont très inconfortables et bruyants (et pourtant, bruyante je ne le suis pas, moi!). Les accessoires (comme les porte-bouteilles) sont tous cassés, même ceux des compartiments de première classe, et j'ai eu droit à un drap déchiré plié en deux comme couchage et à une couverture de laine synthétique à la propreté douteuse.

Dans les trains de nuit, la plupart des compartiments comprennent six couchettes, soit trois couchettes superposées de chaque côté de la porte d'accès. À six personnes entassées dans un petit réduit pendant 8 heures, on prie pour que tout le monde ait pris un bain la veille et ne ronfle pas. À cet égard, une femme a la possibilité de réserver une couchette dans un compartiment pour femmes seules et de réduire ainsi ses risques de passer la nuit avec un ronfleur. Et un petit conseil : évitez à tout prix de réserver la couchette inférieure d'un train italien, car cela revient à devoir dormir sur le côté, sur une banquette étroite. Il vaut mieux prendre ses aises dans la couchette supérieure, qui offre aussi beaucoup plus d'espace de rangement.

Si vous voulez essayer de dormir un peu, n'oubliez pas d'apporter un masque pour les yeux ou du carton et du ruban gommé pour refroidir un peu les ardeurs lumineuses de la magnifique veilleuse (ou plutôt réveilleuse) bleue du plafond - sans doute récupérée dans le démantèlement de quelque vieil abri anti-atomique de la guerre froide - qui toute la nuit vous envoie ses rayons inquisiteurs en pleine figure, sans dérougir. Je tiens à remercier ici le voyageur averti qui m'a précédée, dont l'astucieux bricolage m'a permis de dormir quelques heures pendant mon voyage de retour.

Le chauffage de ces trains est également très capricieux. Au début de la soirée, on meurt de chaud, mais au milieu de la nuit on gèle, probablement parce que le train s'arrête souvent au cours de la nuit et que le chauffage s'arrête aussi. Il y a un arrêt particulièrement long à la frontière suisse, car la police suisse contrôle avec zèle le passeport des voyageurs, qu'ils ont remis au contrôleur au moment de l'embarquement. Quelques minutes avant l'arrivée à destination, le contrôleur rend leur passeport aux voyageurs en l'accompagnant d'un buon giorno de circonstance.

D'ailleurs, mesdames, comme moi peut-être aurez-vous la chance de rendre un contrôleur italien fou d'amour au premier regard. Il vous demandera alors Va bene? toutes les cinq minutes, s'inquiètera auprès de votre coloc d'une nuit de ne pas vous trouver dans votre compartiment (Serait-elle descendu à la mauvaise gare? Quelle angoisse!) parce que vous serez allée aux toilettes, entreprendra de vous frotter l'épaule d'un air contrit quand il apprendra par votre coloc que la fameuse lumière bleue nous a empêchées de dormir et finalement vous laissera descendre à la bonne gare, à contre-coeur, non sans vous avoir attrapé le bout de doigts pour vous dire Ciao, les yeux dans les yeux. Une expérience en Trenanotte serait tout à fait horrible sans l'ardeur amusante des contrôleurs italiens...

Quand aux trains de jour italiens, ils coûtent trois fois rien mais sont aussi peu fiables que les trains anglais. En Sicile, un jour que j'attendais un train qui n'en finissait plus de ne pas arriver on m'a dit : «Si le train n'est pas encore arrivé, c'est qu'il ne viendra pas». J'ai toujours en tête ces paroles pleines de sagesse italienne lorsque je planifie mes déplacements en Italie. C'est-à-dire que je planifie très peu. Che sera, sera.

02 février 2007

Bye bye!

Bonne fin de semaine à tous! Je vais prendre un train de nuit tout à l'heure pour Toulouse, car je passerai les deux prochains jours dans la campagne toulousaine. J'irai sans doute faire quelques photos dans les Pyrénées...

À mon retour, j'écrirai un billet Spécial trains européens. À plus! :)

01 février 2007

Le syndrome d'Hérouxville (2)

Ah! On dirait que j'avais raison d'appeler ça un syndrome... Voilà que la France, pourtant plus avancée que le Québec sur la question, s'y met et sent le besoin de réaffirmer la laïcité ailleurs que dans les écoles en publiant une charte qui fixe les grands principes de la laïcité dans les situations que les gens vivent au quotidien. Notamment dans les hôpitaux français, qui connaissent les problèmes que l'on imagine quant à l'exigence d'intégristes de se faire soigner par quelqu'un du même sexe.

Cette charte n'est pas normative mais vise à donner des outils concrets aux gens pour les aider à appliquer au quotidien les principes d'égalité et de laïcité dans des situations parfois courantes mais souvent complexes. Je crois qu'elle arrive à point nommé et qu'il serait bon que le gouvernement fasse de même au Canada.

En tout cas, ça me fait un petit velours d'avoir eu une lecture plus juste (Si, si. Je l'affirme. :D) des normes de vie de Hérouxville que Martineau et Lagacé, qui se sont acharnés sur plusieurs billets à railler les hérouxvillois pour cette initiative, honnête mais boiteuse, à coup d'épithètes aussi flatteuses que «débile» et «moron» (ont-il seulement lu ces fameuses normes?). Tous les gens ne sont pas des légistes pour savoir rédiger une charte sans dire des conneries, mais tous les gens sont en droit de s'attendre à ce que le gouvernement les écoute et les aide à adopter une stratégie cohérente qui facilite les relations entre personnes d'horizons divers et apaise les tensions créées par l'incertitude et le sentiment qu'il les a abandonnés.

Le syndrome d'Hérouxville

Un village de 1 300 habitants, Hérouxville, en Mauricie, hier encore inconnu de 99,9 % de la population québécoise, publie des «normes de vie» de cinq pages et voilà que les gens s'arrachent la chemise sur deux continents. Une partie du Québec réagit comme si on venait de publier Mein Kampf II, une autre souhaiterait que toutes les villes se dotent d'un code de ce genre tandis qu'en Europe les champions déçus du multiculturalisme, les Britanniques, cliquent frénétiquement sur toute nouvelle qui mentionne le mot Haywrouville (Merci Caroline pour cette info!). Qu'est-ce que ça veut dire, tout ça?

D'abord, rétablissons les faits, cela me semble urgent. Un coup d'oeil au site Web de la petite municipalité suffit pour me convaincre que Hérouxville n'est pas gouverné par un dictateur xénophobe et raciste, quoi qu'en disent certains journalistes-blogueurs déchaînés (Martineau et Lagacé, entre autres), mais par un élu, un homme ordinaire au vocabulaire défaillant, armé de bonnes intentions, qui tente de répondre tant bien que mal aux préoccupations de ses concitoyens, inquiets, dans un contexte de débat social sur des accommodements raisonnables qui dérapent et d'incitation par le gouvernement à l'installation d'un plus grand nombre d'immigrants en région.

Cet homme s'adresse ensuite à Immigration Canada pour lui demander de l'aider à peaufiner sa «solution». La démarche est démocratique et honnête, mais les normes de vie telles qu'elles se présentent sont - comme on peut s'en douter - très maladroites. Hérouxville ne compte peut-être qu'un seul immigrant, par ailleurs fort content de son sort et bien intégré, mais son initiative exprime un malaise ressenti, je crois, par une bonne partie de la population québécoise, dont il faut parler.

Je vais donc présenter ces normes de vie point par point et les commenter.

À propos des femmes

Le maire insiste sur l'égalité des hommes et des femmes, car même si évidemment la lapidation, l'excision ou même le meurtre de femmes sont interdits par le Code criminel, il a quand même remarqué qu'une bonne partie des problèmes liés aux immigrants concerne le refus de cette égalité. La France, un pays expérimenté en matière d'immigration musulmane et africaine, insiste elle aussi sur cette égalité dans sa brochure d'accueil des immigrants, même si l'interdiction de la discrimination sexuelle est aussi inscrite dans ses lois. La France mentionne même la polygamie, chose à laquelle notre bon conseil municipal n'a pas pensé...

À propos des enfants

L'école est obligatoire pour les enfants, et la violence à leur endroit interdite. Normes inutiles, car inscrites dans les lois.

À propos des festivités

Écouter de la musique, boire de l'alcool et danser sont des choses normales dans la société québécoise... Bon, les talibans ne sont quand même pas arrivés chez nous, là! Calmons-nous! Quoique j'ai entendu parler d'une musulmane qui a interdit à une non-musulmane de boire de l'alcool en sa présence... dans un restaurant! (Oui, je la connais personnellement et elle n'est heureusement pas représentative de tous les musulmans, je sais.)

Faire des sapins de Noël à la fin de l'année civile concerne autant la sphère publique que la sphère privée. Cela fait partie de notre patrimoine et cette fête n'est pas que strictement religieuse. On peut ouvrir un débat sur le sens de Noël, mais disons qu'en gros le maire veut dire que nous tenons beaucoup à nos traditions festives. Bon point.

À propos des soins de santé

Aucune loi n'interdit qu'un homme soit soigné par une femme et vice-versa. Le maire en parle en long et en large, conscient du fait que ce problème commence à devenir épineux dans certains hôpitaux de Montréal. Aucune loi ne l'interdit, mais on sent le besoin d'insister sur le danger de céder aux pressions, car cela porterait atteinte au principe d'égalité entre les hommes et les femmes et mettrait en péril notre système de soins de santé déjà bien fragile. Bon point.

Les hommes peuvent assister aux cours prénataux de leur compagne. Le maire fait clairement allusion au problème qui s'est posé récemment au CLSC de Parc-Extension. Ce problème relève de la mixité, normale au Québec, et du droit du père à participer à la naissance et à l'éducation des enfants, reléguées uniquement aux femmes dans plusieurs cultures. Bon point.

Un médecin peut pratiquer une transfusion sanguine sans égard aux tabous religieux si la vie du patient en dépend. Ce point s'adresse évidemment aux témoins de Jéhovah et je crois que cette question a déjà été débattue à la Cour suprême, mais je n'en connais pas l'issue.

À propos de l'éducation

Les filles ont leur place à l'école, qui est maintenant laïque. Les demandes de locaux de prière seront donc refusées. Les armes sont interdites dans les écoles. Tous les enfants peuvent faire du sport. La nourriture servie à la cafétéria est traditionnelle et ceux qui n'en veulent pas mangent ailleurs. On chante des chansons de Noël. On enseigne l'histoire nationale et la biologie dans les écoles. Ici, on soulève encore le problème de l'égalité des sexes avec la place des filles à l'école et dans les sports. Il est également fait référence au kirpan, perçu comme une arme plutôt que comme un symbole religieux. Il me semble que la cour a tranché en faveur de la valeur religieuse du kirpan, mais le débat sur le degré de laïcité dans les écoles n'est pas clos.

Personnellement, l'intégrisme laïque à la française ne me plaît pas vraiment. Quant à la nourriture, il est facile de toujours prévoir un menu végétarien, ce qui règle bien des problèmes de nature alimentaire, philosophique ou religieuse. Ce serait un accommodement raisonnable à mon sens, et d'ailleurs c'est ce que font les compagnies aériennes et même les congrégations catholiques qui hébergent des étudiants de toute confession. Au fait, pourquoi le maire s'inquiète-il donc du sort des cours d'histoire et de biologie dans les écoles???

À propos des sports et des loisirs

Rebelote à propos des filles et du sport et de la mixité, notamment dans les piscines. Vous saurez apprécier ce nouveau mode de vie, si c'en est un, en partageant nos us et coutumes, dit le maire. En gros, habituez-vous, c'est de même icitte pis c'est l'fun. ;)

Ils ont oublié de parler des shorts et des vêtements de sport ajustés, cause des tourments de l'enfer des juifs ultra-orthodoxes voisins d'un YMCA de Montréal.

À propos de la sécurité

Les fonctions policières peuvent être exercées par des hommes et des femmes. Encore ce bon vieux principe de l'égalité des sexes si difficile à avaler pour certains...

On se promène à visage découvert pour faciliter son identification. La seule exception, c'est à l'Halloween. Nous acceptons que l'on nous prenne en photo pour les pièces d'identité. On fait bien sûr allusion au hiqab, ce voile intégral qui pose vraiment un problème dans notre culture, et pas que pour des raisons de sécurité. Cela concerne la représentation de la femme comme objet de tentation, ce qui est avilissant à nos yeux, et porte atteinte au principe d'égalité des hommes et des femmes, absolument non négociable chez nous, en plus de couper la communication. Le hiqab symbolise une division trop marquée entre les personnes de religions différentes.

À propos du travail

Nous avons des normes du travail et des jours fériés à respecter, car ils sont régis par des lois, votées démocratiquement. Les hommes et les femmes travaillent côte à côte. Les conventions de travail ne prévoient pas de dispositions relatives aux prières. Autrement dit, pas de congé férié pour toutes les fêtes religieuses de toutes les religions. Et quand on travaille, ben on travaille et la religion n'a pas sa place.

Ce point peut faire l'objet d'un long débat, car que penser de la capacité de travailler sous pression et avec précision d'un chirurgien épuisé par un ramadan? Ou des compétences de cette policière du Royaume-Uni qui refuse de simplement serrer la main d'un homme car les musulmanes ne touchent pas d'autres hommes que leur mari? Comment fera-t-elle pour en arrêter un? On peut tout de même se poser la question et demander des clarifications à ce sujet de manière à être rassurés, le cas échéant.

À propos des commerces

Le maire insiste encore sur la mixité chez les employés de commerces et les consommateurs. Il ne faut pas se surprendre non plus de voir plusieurs sortes de viande côte à côte, comme du poulet, du porc, de l'agneau, etc. , dans un étal. On voit que le maire veut aussi éviter les situations dans lesquelles des musulmans ou des juifs exigeraient que le porc soit vendu à un autre endroit que le reste de la viande, le problème étant toujours l'exigence et non le bon vouloir du boucher, qui peut décider d'accommoder quelques clients autrement s'il en a la capacité.

À propos des familles

Les parents élèvent ensemble leurs enfants et les filles sont libres d'épouser qui elles veulent. Les membres d'un couple peuvent être ou ne pas être du même sexe, de la même religion, de la même race, etc. Dans nos familles, les garçons et les filles mangent ensemble à la même table des légumes et/ou de la viande et peuvent manger les deux en tout temps de l'année. Si les enfants mangent de la viande, ils n'ont pas à savoir qui a tué l'animal ni comment il a été tué ni quel jour. Ces viandes sont approuvées de toute façon. Encore des allusions de bon aloi à l'égalité des sexes et une allusion au mariage homosexuel, permis par la loi. Quant à la formulation de la question relative à la viande cachère ou hallal, elle est farfelue et la question inutile. Le maire explique que chez nous, eh ben, c'est comme ça. Cependant, je ne vois pas en quoi un maire peut se mêler de ce que les gens mangent chez eux!

Conclusions

Je pense qu'il faut sentir dans ce «Chez nous, c'est comme ça» en cinq pages, un besoin des gens de se protéger contre les exigences exagérées d'autres cultures, mais également un besoin de se définir et d'expliquer - d'une façon bien naïve et maladroite, cependant - notre mode de vie, nos traditions et nos valeurs aux immigrants et de leur dire que nous les accueillons et leur accordons les mêmes droits que nous mais qu'ils ont aussi l'obligation de respecter notre culture et notre mode de vie et de vivre avec nous. Il n'est pas possible de recréer ici le pays qu'ils ont quitté.

Finalement, si de simples citoyens sentent le besoin de faire cette démarche, on peut se poser cette question : les gens d'Immigration Canada font-ils bien leur travail? Renseignent-ils bien les immigrants sur la vie au Québec et au Canada? Peut-être bien que non. À en croire nos chers Français mécontents d'immigrer.com non, assurément! Peut-être y a-t-il encore du travail à faire de ce côté-là de la clôture?

Mais revenons à l'exemple de la France. En France, les immigrants qui veulent obtenir un titre de séjour reçoivent une brochure qui présente un peu les «normes de vie» des Français, ils voient une vidéo présentant les institutions françaises et certaines coutumes régionales et sont invités à signer un contrat d'accueil et d'intégration, à ce jour facultatif (mais son obligation est à l'étude). On les instruit aussi sur l'égalité absolue et non négociable entre les hommes et les femmes et on leur rappelle ce principe d'égalité à de nombreuses reprises tout au long de la formation civique (de huit heures) et des entretiens avec les agents de l'immigration. Toutefois, en consultant le site Web de l'ANAEM, l'organisme responsable de l'accueil des immigrants, j'ai constaté que 8 % des refus féminins de signer ce contrat sont motivés par... l'interdiction par leur conjoint de le faire ou la pression communautaire!

La cohabitation harmonieuse n'est vraiment pas gagnée avec les éléments radicaux ou ultra-orthodoxes de certaines cultures, même avec la meilleure préparation possible, mais jusqu'où va l'obligation de vivre en harmonie avec son voisin? Doit-on s'effacer devant lui pour préserver la paix? Je crois que l'initiative de Hérouxville annonce qu'il est nécesaire de réexaminer le contrat social passé avec nos immigrants, qui viendront en plus grand nombre au cours des prochaines années, d'expliquer davantage nos caractéristiques culturelles non négociables et d'annoncer ainsi nos limites en matière d'accommodement raisonnable.

31 janvier 2007

La vérité toute nue


Le ministère de l'Intérieur du Royaume-Uni travaille à l'élaboration d'un projet de détection des armes à feu et des explosifs qui va faire jaser dans les chaumières...


Selon les renseignements qui ont fuit et que le journal The Sun a publiés mardi, la proposition présentée à Tony Blair concernerait la dissimulation dans les lampadaires, les bancs de parc ou tout autre élément du mobilier urbain d'appareils à rayons-X. Ainsi, des techniciens, bien loin de la rue, verraient les gens se balader tous nus sur leur écran et pourraient sonner l'alerte à la vue d'armes ou d'objets dangereux.


Comme on pouvait s'y attendre, des lecteurs masculins s'amusent à l'idée que leur «arme de destruction massive» soit révélée au grand jour mais, blague à part, je crois que les mesures de sécurité dépassent ici les limites du raisonnable et de l'acceptable. On peut imaginer ce genre d'appareil dans les aéroports ou les gares - d'ailleurs des voyageurs sont régulièrement choisis au hasard pour passer une radiographie complète dans les aéroports - mais pas dans la rue!


Quelqu'un s'inquiète-t-il des effets nocifs liés à une exposition quotidienne à des radiations, même à faible dose? Là encore, quelques lecteurs anglais - chers Anglais! - font cette délicieuse remarque : cette mesure aurait au moins l'avantage de stériliser les chavs, ces adolescents teigneux en survêtement toujours occupés à traîner dehors, et de régler ainsi le problème de l'épidémie de grossesse chez les adolescentes britanniques.


Croyez-vous que les autorités vont trop loin en ne nous permettant même plus de cacher notre cellulite et nos poignées d'amour?

30 janvier 2007

Une p'tite nouvelle!

Tiens, aujourd'hui je donnerais bien un petit boost à Pépette, une p'tite nouvelle dans la merveilleuse blogosphère, expatriée française vivant à Glasgow, en Écosse, et auteure d'un blogue, ma foi, fort sympathique.

On se donne rendez-vous sur Il pleut, il mouille!.

Pépette, as-tu préparé le thé et les scones? Allez, faut assurer maintenant! :D

27 janvier 2007

Bath, Angleterre



Le grand bain des thermes de Bath

J'ai invité mes voisins italiens à souper vendredi dernier et nous avons profité de l'occasion pour regarder des photos de voyage. Comme de raison, mes voyages en Italie semblaient les intéresser particulièrement, car même s'ils ont bien profité de leur jeunesse pour faire le tour du monde sur le pouce, leur pays natal est celui qu'ils ont le moins exploré. C'est un peu le cas de tout le monde, finalement...
Je suis tombée sur des photos de mon excursion à Bath, dans le sud-ouest de l'Angleterre, et j'ai expliqué que franchement, les Romains, ils l'avaient l'affaire. C'était des conquérants, bien sûr, et ils ont colonisé cette partie de l'Angleterre dès l'an 43 apr. J-C, mais c'était aussi de grands ingénieurs. Ainsi, les spécialistes qui ont restauré les thermes de Bath ont été stupéfaits par la qualité du travail des Romains. Le fond du grand bain, ci-dessus, constitué de 45 feuilles de plomb, était encore en parfait état. Étanche.

La ville de Bath est construite dans la bouche d'un volcan éteint, mais la source d'eau chaude (46 degrés) qui a étonné les Celtes des centaines d'années avant l'arrivée des Romains alimente toujours les thermes aujourd'hui. L'eau de cette source, consacrée au dieu celte Sulis, puis à la déesse romaine Minerve, provient de la pluie tombée il y a 10 000 ans dans les collines Mendip puis filtrée, chauffée, enrichie de minéraux et bonifiée dans les entrailles de la terre. La couleur verte de l'eau des bassins est causée par la présence d'algues microscopiques favorisée par l'acidité de la pluie d'aujourd'hui, mais on m'a assurée que les vertus curatives de cette eau étaient intactes. D'accord, la lèpre chronique n'est plus monnaie courante aujourd'hui, mais se baigner dans ces thermes fait beaucoup de bien. Dommage que leur fonction ne soit plus que touristique! Cependant, des thermes ultramodernes offrent depuis peu des cures à Bath.


Partie d'une mosaïque romaine, sur laquelle marchaient les adeptes des thermes

Au XVIIIe siècle, Bath est devenue un lieu de villégiature très couru et était reconnue comme la ville la plus élégante et en vogue de toute la Grande-Bretagne. Les gens du monde se rendaient aux thermes en costume de bain, bien assis dans leur chaise à porteurs, leur pudeur protégée par un rideau.

Chaise à porteurs exposée à Bath
Mais il n'y a pas que les thermes à Bath. L'abbaye vaut elle aussi le déplacement. Sa construction a commencé en 1499, et c'est la dernière grande église gothique à avoir été construite en Angleterre. Toutefois, ses vitraux sont relativement récents, car ils datent presque entièrement de l'époque victorienne.


L'abbaye de Bath
En passant, saviez-vous que quelque chose lie l'abbaye de Bath à la cathédrale de Toronto, au Canada? Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, l'explosion de mines a fait voler en éclat des vitraux de l'abbaye de Bath. Un soldat canadien affecté à cet endroit en a ramassé plusieurs fragments et les a ramenés au Canada, où ils ont été restaurés et intégrés, avec des fragments provenant d'autre églises anglaises, dans un vitrail de la cathédrale de Toronto.


Les voûtes en éventail de l'abbaye sont remarquables


Un exemple de vitrail victorien à l'abbaye de Bath
Finalement, je n'ai pas pris beaucoup de photos de la ville cette journée-là, car il pleuvait (ce qui n'a pas l'air d'avoir découragé le moins du monde les deux dames anglaises de la photo ci-dessous!), mais je l'ai trouvée très belle et élégante, avec son architecture georgienne, ses bâtiments de pierre couleur de miel et ses rues en pente douce. Vous pouvez trouver quelques jolies photos de la ville ici.