Si j'avais le droit de voter, je serais bien embêtée aujourd'hui.
J'ai suivi la campagne et écouté le dernier débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy et je trouve que si Royal s'est beaucoup mieux exprimée dans ce débat qu'elle ne le fait d'habitude, elle ne joue pas les bonnes cartes auprès des électeurs. Son "Moi, je..." qu'elle place toutes les trois minutes, son flou artistique lorsqu'il s'agit de dire comment exactement la France va financer ses projets sociaux et ses retraites et faire face à son déficit colossal, son racolage auprès des femmes qu'elle exhorte de la sororité et son "j'ai eu quatre enfants" qu'elle brandit comme si c'était un exploit suffisant pour en faire une bonne présidente m'agacent au plus haut point.
D'autre part, si Sarkozy a l'air plus au courant du principe des vases communicants en gestion des finances ("si ou augmente les dépenses ici, il faudra les réduire là") que Royal, je trouve qu'il manque d'humanité et semble souffrir du complexe du petit homme, qui pousse un homme de petite taille à s'imposer par des démonstrations de pouvoir pas vraiment exercé à bon escient. Notamment, sa violence verbale est bien connue de son entourage politique et déborde jusque dans ses discours publics (qu'on pense au "nettoyage au kärcher" des banlieues et aux "racailles" black et maghrébines).
Bref, aucun de ces deux candidats me semble équilibré et apte à faire passer sereinement la France à une autre étape, soit l'étape de la fin de l'assistance publique à outrance et des bâtons dans les roues des gens qui veulent travailler et bâtir une entreprise.
Juste un exemple de bêtise administrative française : je fabrique des objets en vitrail ou en verre et j'envisage de créer ma micro-entreprise comme artisane. Fiscalement, je serai donc affiliée à la Maison des artistes. Or, imaginez-vous donc que pour ma première année d'exercice, ladite Maison exige que je demande à tous mes clients de me faire deux chèques : un à mon nom et un autre de 15,5 % à l'ordre de la Maison des artistes. C'est clair que dans le cas où je vendrais quelque chose à la foire de mon quartier, tout le monde aura une sacrée envie de faire la queue pour me faire deux chèques là, sur le trottoir! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, en France?
Je souhaiterais que le prochain président (puisqu'il semble que ce sera Sarko) fasse du ménage là-dedans et permette aux gens qui le souhaitent de travailler dans des conditions qui rendent possibles l'efficacité et la concurrence, mais jusqu'ici je ne l'ai pas vu s'intéresser à autre chose qu'à la chasse aux immigrants et aux clandestins.