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26 octobre 2008

Automne crétois


Ma plage aujourd'hui... la mer est agitée

Dans deux semaines je vais quitter la Crète et ma petite maison de pierre avec ses deux jardins emmurés. Cette combinaison - maison crétoise et jardins très privés - est assez unique, car le mot "privé" n'existe pas en grec. Mais comme mon propriétaire est anglais (et donc maniaque des clôtures et de l'intimité) et a conçu les jardins, j'ai pu profiter du meilleur de la vie crétoise tout en ayant mon petit coin à moi, à l'abri des regards qui nous intimident souvent, nous, Occidentaux.


C'est l'automne. Ma plage est déserte

Je me suis rendue presque tous les jours sur cette plage pour me baigner. Elle n'est pas spécialement jolie, selon les "normes" crétoises (il y a des plages vraiment magnifiques), mais elle se trouve à 10 minutes à pied de la maison et elle change continuellement, ce qui la rend intéressante. La mer rejette et reprend sans cesse une bande de galets en lui donnant diverses formes ponctuées d'espaces de sable, comme si elle écrivait chaque jour un message différent sur la plage, dans une langue inconnue.


Ma première marmelade maison, avec les fruits du jardin!

Les oranges et les citrons du jardin ont commencé à prendre des couleurs et j'ai fait de la marmelade avec les premiers fruits mûrs. Vivre ici, en pleine nature, m'a donné envie de cuisiner. J'ai plein d'idées de recettes, inspirées par ma cueillette quotidienne de fruits que je ne connaissais pas ou qui m'étaient peu familiers : figues, figues de barbarie (ça pousse sur un cactus!), grenades... Les herbes fraîches qu'on trouve partout (origan, aneth, marjolaine, romarin) me donnent aussi des idées.



À quoi ressemble la vie dans un village crétois? Sans doute à la vie de nos grands-parents à la campagne. C'est une vie agricole, simple et tranquille. Tout le monde se salue et les gens semblent s'être habitués à moi. J'aime bien quand les agriculteurs m'envoient la main sur leur gros tracteur. Le dimanche est le seul jour de repos pour la majorité des villageois. La messe du dimanche matin, qui dure deux heures, est diffusée à l'aide de haut-parleurs. Impossible de la manquer, même couché dans son lit. :) Il y a un pope qui chante comme un ténor et un autre qui chante comme une casserole et, malheureusement, ils chantent en duo!



Parmi les bruits familiers, outre le chant discordant des deux popes, il y a les cris d'animaux : les chèvres, les poules, les coqs, les chiens de garde, les colombes, les innombrables chats qui se battent ou se font la cour. On entend aussi passer les marchands ambulants deux ou trois fois par semaine. Au volant de leur vieille camionnette, ils vantent les mérites de leur marchandise. "De belles petites fèves, j'ai! De bonnes petites patates, j'ai! Des tomates, j'ai (on se demande alors si ses tomates sont grosses et mauvaises)!" ou encore "Je suis Yanni de Thessaloniki! Je vends des vêtements pour femmes, hommes et enfants! Venez voir! Tout mon stock est réduit! J'ai tout à 5 euros, 10 euros, 15 euros!". De temps en temps, un vendeur au marketing un peu plus sophistiqué vend sa salade sur fond de bouzoukia préenregistré... Le haut-parleur bon marché ne peut que crachoter des sons distordus et saturés mais peu importe. Le marchand attire l'attention, c'est certain.


Chemin menant au village

Je vais donc bientôt quitter cette vie tranquille pour retourner dans le chaos d'Athènes. Je serai moins isolée pour passer l'hiver, là-bas, et il y a toujours des activités intéressantes à faire dans une grande ville en période hivernale. Cependant, je retournerai vivre en Crète au printemps. Je me ferai un jardin et je recommencerai à vivre dehors, à faire des BBQ, à aller cueillir des fruits et des herbes dans la nature, à aller à la mer... Une fois qu'on a goûté à ça, c'est vraiment difficile de s'en passer. :)


L'olivier, l'arbre nourricier du pays

J'ai bien failli participer à la récolte des olives cette année, du moins à petite échelle. J'avais proposé à mon propriétaire anglais de récolter avec lui les olives de ses deux oliviers et il avait accepté. Ça aurait été une première pour lui aussi. Deux gros oliviers comme les siens produisent suffisamment d'huile pour répondre aux besoins d'une famille de quatre personnes pour toute une année! Malheureusement, il est tombé malade et nous avons dû renoncer à ce projet. L'an prochain, peut-être...


Des chèvres broutent tranquillement

09 mars 2008

Komboloï


Un homme d'affaires, son komboloï dans une main et sa serviette dans l'autre, dans une rue d'Athènes

On le voit partout dans les mains des hommes grecs. Le komboloï, une sorte de chapelet non religieux fait d'une chaîne de fil ou de métal sur laquelle glissent de 16 à 20 grains de bois, de plastique, d'ambre ou de pierre semi-précieuse, sert à se défaire de ses inquiétudes, à se détendre mentalement et physiquement, à passer le temps quand on s'ennuie, à jouer tout simplement ou même à faire diversion quand on veut arrêter de fumer.

On le fait tourner dans la main, on palpe ses grains ou on les compte, et son cliquetis a un effet appaisant et réconfortant. On dit qu'un bon komboloï doit plaire autant à la main et à l'oreille qu'à l'oeil. J'ai aussi entendu dire que des hommes refusent de laisser une autre personne y toucher, tellement ça peut devenir un objet personnel. J'imagine bien quelle émotion ça doit être d'hériter du komboloï de son père, sur lequel il a si souvent passé ses nerfs...



Comme c'est le cas de la plupart des traditions grecques, l'origine du komboloï est incertaine. D'aucuns disent qu'il dérive des chapelets religieux turques, que les Grecs persécutés ont adoptés de façon à se moquer de leurs occupants, et d'autres soutiennent qu'il est beaucoup plus ancien et dérive plutôt du komboskini, un bracelet constitué de noeuds (komboloï veut dire "groupe de noeuds") utilisé par les moines orthodoxes pour prier.


Mon komboloï. Les grains sont en amazonite.

Personnellement, je n'ai encore jamais vu une femme en utiliser un et certains Grecs voient encore d'un mauvais oeil une telle intrusion féminine dans le monde des rituels masculins. Toutefois, Mélina Mercouri n'hésitait pas à jouer avec son komboloï en public et puis, zut!, j'ai quand même succombé à l'envie d'en avoir un. Un ami m'apprend à m'en servir. :)

La vidéo suivante, en anglais, montre comment faire le premier mouvement de base :

24 juin 2007

Bonne fête, Québec!

Bonne Saint-Jean-Baptiste, les Québécois!

Deux fenêtres de mon petit chez-moi parisien... avec un drapeau fleur-de-lysé, pour l'occasion

Cette semaine, je serai prête à mettre les photos de mon nouvel appartement en ligne. À bientôt! :)

11 mai 2007

Salmigondis du vendredi

J'en ai appris une bonne cette semaine, chez mon nettoyeur (ici on dit "pressing", en bon français). Il fait plutôt froid et c'est gris et très venteux ces jours-ci, ce qui étonne après les jours d'été que nous avons eu il y a deux semaines, et j'apportais des vêtements d'hiver à faire nettoyer.

Avant de partir, j'ai lancé que j'espérais ne pas avoir à remettre ces vêtements avant l'année prochaine quand mon nettoyeur m'a dit qu'il fallait attendre que les Saints de glace soient passés pour en être sûr.

Hein? C'est quoi, ça, les Saints de glace? Il ne s'agit évidemment pas d'un nouveau type de prothèses mammaires rafraîchissantes mais plutôt de trois jours où il fait toujours froid en mai, qui tombent généralement les 11, 12 et 13 mai. Je vous passe les explications plus détaillées en vous renvoyant à ce blogue, mais cette évidence toute française est inconnue au Québec (ou me trompe-je?).

Enfin, je termine mon billet en vous annonçant mon départ pour Londres, où je passerai la prochaine semaine. Je risque d'en avoir d'autres bonnes à raconter. ;)

20 avril 2007

Les pubs anglais

Un pub traditionnel à toit de chaume, près de Stonehenge

Voici un élément classique de la culture anglaise que j'adore : le pub.

Le pub anglais, qui tire son nom de public house (maison publique) a tout pour inspirer la convivialité - son nom l'indique! - et offre souvent un confort qui rappelle celui de la maison, avec ses énormes banquettes de cuir et ses sofas intimes. Les pubs traditionnels sont souvent dotés d'une cheminée qui flambe en hiver et de multiples petites salles en enfilade où l'on peut discuter tranquillement en buvant une bière à petit prix (la seule chose abordable à Londres!) et manger un fish and chips. À l'occasion, on y organise même des soirées de jeux de société (quiz), comme on pourrait le faire dans son salon avec la "visite".

Un pub classique, près de Leicester Square, à Londres

D'un point de vue historique, les pubs sont l'équivalent des célèbres cafés français... en beaucoup moins intellectuel, même si les grands écrivains anglais y ont tous usé leur culotte devant de nombreuses pints. On dit que c'est le seul endroit où les barrières sociales tombent chez les Anglais et où tout le monde peut se laisser aller à adresser la parole à son voisin. De plus, tout Anglais a le droit de se soûler comme une botte et de faire un fou de lui au pub. Le lendemain, comme l'évêque de Southwark, il aura retrouvé toute sa dignité aux yeux des autres.

Un pub historique, le Blackfriar, à Londres

Faire la tournée des pubs (pub crawl) est aussi une activité populaire que Dickens a notoirement pratiquée. Quand j'ai l'occasion d'en faire une avec des amis, nous marchons, souvent le long de la Tamise, en nous arrêtant régulièrement dans un pub pour nous "reposer". Comme je ne supporte pas tellement l'alcool, je me contente d'alterner bière et eau minérale, mais mon plaisir c'est de découvrir des pubs que je ne connaissais pas et de me renseigner sur leur histoire et les gens qui les ont fréquentés. Ces pubs sont tous différents et souvent beaux et intéressants. Chacun a ses légendes, voire ses fantômes! Et comme Londres compte 5800 pubs, j'en ai encore pour longtemps à marcher!

Le Viaduct Tavern, renommé pour être le théâtre de phénomènes appelés poltergeists.

06 janvier 2007

La Fête des rois

J'ai acheté une galette individuelle, ici accompagnée d'un petit verre de Muscat, en croyant que je serais nécessairement couronnée reine. Mais non, il n'y avait ni fève ni figurine dans ma galette! C'est pô juste!

Pas besoin de se demander pourquoi tant de gens faisaient la queue dans les boulangeries dès ce matin : c'est la Fête des rois (ou l'épiphanie) et tout le monde veut sa galette!
Cette fête qu'on n'a jamais célébrée dans ma famille au Canada (je pense qu'elle est tout à fait démodée et disparue chez nous) fait encore courir les foules en France. Selon la tradition, il s'agit de se partager une galette de pâte feuilletée fourrée à la frangipane dans laquelle la cuisinière aura ajouté une fève (ici, on met plutôt une petite figurine de céramique). En passant, les gens qui collectionnent ces figurines s'appellent des favophiles.
La personne qui croque dans un objet dur en mangeant sa galette perd peut-être un plombage mais a tout de même l'avantage d'être couronnée roi ou reine et de profiter sans vergogne de la serviabilité de ses sujets pour une journée. Wikipédia nous explique que cette coutume de la royauté d'un jour nous vient des Romains, qui organisaient de grandes réjouissances, célébrées en l'honneur du dieu Saturne, pendant lesquelles les esclaves jouissaient d'une apparente liberté et où tout était permis. La version chrétienne de cette fête païenne, l'Épiphanie, célèbre la présentation de Jésus aux trois Rois mages.
Finalement, on peut remarquer que l'expression «se partager la galette», dérive de cette tradition.

01 janvier 2007

3, 2, 1...


Bonne et heureuse année 2007 à tous! :)
Il y a une tradition dans le 19e arrondissement de Paris qui consiste à ouvrir les fenêtres à minuit, à taper sur une casserole et à crier bonne année à tout le monde. On entend la clameur de loin et c'est super sympathique. :)
Faites-vous donc plaisir en écoutant une chanson de circonstance de Madame Bolduc, une chanteuse québécoise des années 30. (Cliquez ici puis cliquez sur la flèche.)

30 décembre 2006

À moi de moi :D


Encore un de plus! Mais je suis gonflée, car je l'annonce ici : c'est mon anniversaire, aujourd'hui le 30. Disons que je me souhaite une année meilleure que celle que je viens de passer. N'hésitez pas à y mettre votre grain de sel, ça fait toujours plaisir. ;)

26 décembre 2006

C'était Noël...

Désolée pour le léger décalage, mais je tiens à vous faire écouter cette célèbre chanson québécoise humoristique, C'est Noël, par Paul et Paul.

P.S. Gryphon, je crois que tu apprécieras. ;)

P.P.S. Je prends congé encore aujourd'hui et demain je vous raconte comme c'était bien à Berlin. :)

21 décembre 2006

Joyeux Noël tout le monde!



Comme je pars pour Berlin demain matin, je vous adresse tout de suite mes voeux de Noël. Pitounette et Kako se joignent à moi pour vous souhaiter un très joyeux Noël avec ceux que vous aimez.

Que votre réveillon soit rempli de sourires et de rires, de cadeaux, de dinde aux atocas, de bûches de Noël et de baisers sous le gui. Et si vous fêtez Noël, tant qu'à faire, ayez donc une pensée pour le p'tit Jésus! ;)

20 décembre 2006

Traditions de Noël celtiques, romaines et dickensiennes...

Par un heureux hasard, ma visite en Alsace a constitué l'entrée en matière idéale pour expliquer cinq de nos traditions du temps des Fêtes les plus connues, qui ont des racines celtiques, romaines ou anglaises : le gui, le houx, la bûche, le sapin et le panier de Noël.

D'abord, pourquoi fêtons-nous Noël le 25 décembre? Le solstice d'hiver marquait chez les Romains la fin des Saturnales, fêtes en l'honneur de Saturne qui était, entre autres, le protecteur des graines enfouies. Jusqu'au IIIe siècle, on rendait également un culte à Mithra à cette date. Mithra, le Dieu Soleil était, selon la légende, né le 25 décembre dans une grotte et surgissait sous la forme d'un nouveau-né (Noël signifie «nouveau soleil» en gaulois). C'est au IVe siècle que la tradition chrétienne a situé symboliquement la naissance de son sauveur au 25 décembre, car le solstice d’hiver marque le triomphe de la Lumière sur les Ténèbres. C’est le temps de la renaissance après la mort.


Branche de gui pour le Nouvel An

C'est aussi à cette époque que le gui fleurit et que, fidèles à la tradition celte, les druides le cueillaient dans les chênes à l'aide d'une serpe d'or. Le mot «gui» signifie qui guérit tout, notamment l'hypertension. Les branches coupées de cette plante, suspendues au plafond, sont réputées pour porter bonheur et assurer amour, prospérité, fertilité et longue vie aux amoureux qui s'embrassent dessous à la Saint-Sylvestre.


Branche de houx pour Noël

Quant au houx, c'est un arbuste qui reste vert toute l'année. Symbole d'immortalité, la tradition du houx remonte aux Romains et est associée à la naissance de Jésus, car selon la légende, lors de sa fuite en Égypte la Sainte-Famille a échappé aux soldats d'Hérode grâce à un buisson de houx qui aurait miraculeusement étendu ses branches pour la cacher. À Noël, les chrétiens perpétuent la tradition celte en remplaçant le gui par le houx, car ses épines rappellent la couronne de Jésus et ses boules rouges, le sang du Christ.

Le retour de la lumière est également symbolisé par la «bûche de Noël», bûche de chêne que l’on fait brûler dans la cheminée. C’est une bûche que l’on a prélevée dans le feu de joie celte du solstice d’été et qui restitue en cette période sombre l’énergie solaire qu’elle a emmagasinée. Selon d'autres sources, on allumait la bûche avec les tisons précieusement conservés (un peu comme on le fait avec la flamme olympique) de la bûche du Noël précédent. Avec la disparition des grands âtres, on a fait de la bûche une pâtisserie.

Les Celtes avaient aussi dédié l'épicéa (semblable au sapin), qui était l'arbre de l'enfantement, au 25 décembre. Cette tradition de l'arbre a évolué, s'est joyeusement mêlée à la tradition de la représentation des Mystères chrétiens au Moyen Âge, dans lesquels un sapin (plus commun que l'épicéa) garni de pommes rouges évoquait le paradis, et le premier arbre de Noël tel que nous le connaissons, mais sans lumières encore, serait apparu en Alsace (Ah! Nous y voilà!) en 1521. Cette tradition s'est ensuite répandue en Allemagne, en France et en Autriche.

Finalement, mes lectures m'ont appris avec plaisir que le Québec a adopté le sapin de Noël au moins 50 ans avant l'Angleterre, mesdames et messieurs (sans doute par l'intermédiaire de la France)! En effet, ce n'est qu'en 1841 que le prince Albert, mari d'origine allemande de la reine Victoria, a fait dresser le premier sapin de Noël au château de Windsor.

Curieusement, un écrivain anglais, Charles Dickens, a grandement contribué à revigorer les traditions de Noël, fortement en déclin à l'époque où Albert faisait dresser son sapin. On doit donc une fière chandelle à A Christmas Carol, car la popularité de cette histoire a joué un rôle crucial dans l'importance accordée à la famille dans cette fête et l'ajout de la dimension sociale - et finalement chrétienne! - de la charité. Notamment, l'esprit de Noël, cette envie de faire le bien autour de soi, de réparer les injustices sociales et de lutter contre la pauvreté, si criantes à l'époque victorienne, est une invention de Dickens, et nos paniers de Noël pour les pauvres en sont un digne héritage...

Quelqu'un se sent-il d'attaque pour réinventer Noël au XXIe siècle en écrivant quelque chose d'aussi fort?

09 décembre 2006

Campagne pour un vrai Noël

Il semble qu’on commence enfin à en avoir assez de la sottise politiquement correcte (politically correct nonsense) qui remplace le bon sens depuis trop longtemps dans plusieurs pays d'Occident! Après le scandale des accommodements raisonnables non raisonnables au Québec, on remarque un soulèvement approprié de l’opinion publique au Royaume-Uni contre le politiquement correct à outrance et les pressions exercées par des minorités pour imposer leur mode de vie à la majorité.

Dans une déclaration on ne peut plus claire, Tony Blair a dit à télévision hier que «ceux qui n’aiment pas notre pays et nos coutumes ne devraient simplement pas venir chez nous». On voit bien qu’il achève son mandat et se permet de dire ce qu’il pense vraiment! Ça me rappelle les sorties que faisait Jean Chrétien contre Bush juste avant de quitter la vie politique...

Bien que je n'aie pas encore vu une seule crèche au pied des sapins de Noël à Londres, des hommes politiques, dont Gordon Brown, s'insurgent maintenant publiquement contre la tendance de plus en plus inquiétante qu'on observe à gommer la signification des célébrations de Noël pour éviter d'offusquer les membres de minorités religieuses et à en faire des «fêtes d'hiver», notamment dans les partys de bureau. Il s'est joint au mouvement «Campaign for a Real Christmas» pour rétablir le fait que Noël est une fête chrétienne et que le Royaume-Uni s'est construit autour du christianisme, justement célébré en cette fête de Noël, et que cette fête n’offensait en fait personne.

L'archevêque de York précise que fêter Noël sans le Christ et en faire une fête d'hiver ou une fête de l'amitié, du partage ou whatever, c'est aussi ridicule que d'organiser un party d'anniversaire sans inviter la personne dont c'est l'anniversaire et de forcer tout le monde à se donner des cadeaux. Il affirme même que ce sont les athées non libéraux qui voudraient faire croire que Noël choque les minorités d’autres confessions religieuses.

Par ailleurs, le Christian Muslim Forum, qui réunit des représentants chrétiens et musulmans et promeut le respect et la compréhension entre ces deux communautés religieuses, explique qu'il était nécessaire de mener cette campagne pour le rétablissement des Noëls traditionnels, car il est faux de dire que ces célébrations offusquent les membres de minorités religieuses (mis à part les intégristes, toujours offusqués de toute façon), et son travestissement ne réussit qu'à irriter presque tout le monde et à justifier une rancune à l'endroit des Musulmans.

Curieusement, dans le Lite d'hier, on mentionnait que l'assistance aux messes de Noël avait augmenté de 25 % à Londres depuis l'an 2000 et que de nombreux services supplémentaires seront ajoutés pour accommoder tout le monde, cette année. Bref, les églises et les cathédrales seront pleines à Noël. Je me demande... Est-ce un signe de véritable renouveau religieux ou plutôt l'expression d'une nostalgie à l'égard des Noëls traditionnels et du temps où le monde semblait moins divisé et un peu plus compréhensible?

30 novembre 2006

La vénerie


Quand je vais manger seule au restaurant, il arrive souvent qu'un autre client seul, placé comme par hasard à la table à côté de la mienne par les bons soins de Patrick, mon bistrotier de quartier préféré, se mette à discuter avec moi. Hier soir, j'ai été initiée à la vénerie - ou chasse à courre - par mon distingué voisin de table, un monsieur d'une soixantaine d'années à l'allure toute mitterandienne.

D'abord je lui explique que je suis contre la chasse, car j'aime les animaux vivants et je ne comprends pas qu'avec l'élevage des bovins et la disponibilité de la viande on s'en prenne encore aux animaux sauvages. Je lui sors donc mon imagerie canadienne du chasseur en chemise à carreaux qui s'amuse, entre deux caisses de bière, à aller dans le bois pour tirer avec une arme super sophistiquée sur des animaux en vue d'aller se pavaner en ville, une tête de chevreuil attachée sur le hood de son char*.

Sa revue La Vènerie à la main, mon pseudo-aristocrate de voisin m'explique alors que la chasse à courre est vieille de 2000 ans mais a été transformée en art par François 1er et que loin d'être un trip de colon, c'est une pratique séculaire française noble et écologique. Rien de moins!


Un équipage de veneurs en tenue de chasse traditionnelle

En gros, la vénerie consiste à poursuivre un animal sauvage (traditionnellement cerf, sanglier, renard ou lièvre) avec une meute de chiens, jusqu'à sa prise éventuelle. Les chasseurs (appelés veneurs - d'où le terme «sauce Grand Veneur»), montent habituellement à cheval pour suivre les chiens, qui sont en fait les vrais chasseurs grâce à leur odorat et à leur instinct naturel de prédateur. L'homme n'est là que pour assister les chiens et mettre à mort l'animal, sans arme à feu.

Ce mode de chasse repose sur la connaissance des animaux et la science du chien, qui s'apprennent sur le terrain au prix d'une longue expérience et se transmettent de génération en génération.

Si l'animal traqué est pris, les veneurs sonnent l'hallali à l'aide d'une trompe, qui annonce la mort. L'animal de petite taille est tué par les chiens et celui de grande taille, comme le cerf, par un homme seul (le piqueux) armé d'une dague.

Le cerf traqué, épuisé par la courre, est prêt à charger l'homme qui va le tuer

J'avoue que cette forme de chasse me paraît correcte, car l'animal chassé a de bonnes chances (environ 4 sur 5) de s'en tirer grâce à sa ruse et à son agilité et les chiens pistent généralement une proie qui leur paraît faible, ce qui est tout à fait naturel et bon pour l'espèce. J'ai aussi souligné à mon voisin de table le fait que les hommes d'aujourd'hui ont du mal à exprimer leur virilité et leur atavisme de prédateur dans un monde devenu un peu trop politiquement correct et aseptisé. En attendant que l'on reconnaisse ce phénomène, les plus idiots se défoulent dans le hooliganisme, notamment.

En passant, il est intéressant de noter que de nombreuses expressions tirées du vocabulaire de la vénerie sont restées dans la langue contemporaine : donner le change, sonner l'hallali, marcher sur les brisées, être aux abois, à cor et à cris, etc.

*Avez-vous vu comme je sors mon québécois et mon franglais lorsqu'un sujet m'horripile? :)

16 novembre 2006

Un anniversaire royal pour Flook la chatte

La jubilaire aux pattes de velours et les bons voeux de Buckingham Palace

Un petit billet tout léger pour aujourd'hui...

Chris Evans, de Windermere, en Angleterre, a écrit à Buckingham Palace pour faire savoir à la reine que sa vénérable chatte birmane, Flook, s'apprêtait à célébrer son 100e anniversaire de naissance en années de chat (soit environ 22 ans en années humaines). M. Evans a envoyé sa lettre un peu pour s'amuser, car l'honneur de recevoir un télégramme officiel de la reine pour souligner l'anniversaire des centenaires revient naturellement aux humains et pas aux animaux mais, à sa grande surprise, Liz a semble-t-il fait entorse au protocole et la centenaire moustachue a reçu son télégramme de félicitations officiel, signé de la main de Sa Majesté.

On sait que la reine aime beaucoup les animaux, mais peut-être a-t-elle aussi un sens de l'humour méconnu...

Pour la source, cliquer ici.

11 novembre 2006

Lord Mayor's Show

Carosse doré du Lord Mayor, qui date de 1757

Ce matin, c'était la parade du Lord Mayor de Londres (qui n'est pas le maire, Ken Livingston), organisée pour souligner l'obligation de ce dernier, élu chaque année, d'aller prêter allégeance à la reine. Pour en apprendre davantage sur cette tradition, je vous renvoie au blogue de mon amie Caroline, mais disons que c'est une tradition vieille de plus de 800 ans que les Londoniens sont heureux de respecter.

D'ailleurs, dès 9 h 30 ce matin j'ai rencontré 6 gars du Nord déjà un peu saouls dans le métro. Ils descendaient de Leeds pour venir s'amuser à Londres. Malgré le temps plutôt frisquet qu'on connaissait à Londres, l'un des gars m'a assuré qu'il faisait vraiment chaud ici, comparativement à Leeds.

Fanfare militaire

Une fois mes joyeux compagnons semés, je suis allée rejoindre les spectateurs déjà installés pour assister au défilé auquel participaient des chevaux, des chars allégoriques somptueux, des fanfares militaires et civiles, des chars de l'armée et environ 6 000 représentants de la majorité des métiers traditionnels de Londres, des banquiers aux cordonniers en passant par les peintres et les vitraillistes.

Voilà le poissonier d'un des nombreux marchés de Londres dans son char allégorique

Des enfants légumes et fruits qui manquent un peu d'enthousiasme

Un des jardiniers de Londres

Les Londoniens sont aussi de fiers citoyens du monde

Un couple de musulmans a même fait un clin d'oeil à James Bond en défilant dans une voiture sport munie de nombreux gadgets et d'un haut-parleur qui diffusait le thème musical de James Bond. J'ai bien apprécié l'humour de la James Bond girl voilée...

Les amis des animaux ne sont pas laissés pour compte et font la promotion d'une association d'adoption d'animaux abandonnés.



Bien sûr, on a aussi fait un clin d'oeil au Père Noël, qui se prépare sans doute pour sa tournée du 25 décembre... La fête se terminera ce soir par des feux d'artifice tirés depuis les bords de la Tamise. On ne s'ennuie jamais à Londres!

05 novembre 2006

Guy Fawkes Night

Feu d'artifice arabe


Anémone de l'air

Ci-dessus, le fruit de mes efforts désespérés pour prendre de belles photos du feu d'artifice d'hier, mais disons que le résultat est plutôt original... ;)

Hier soir, la Guy Fawkes Night battait son plein à Londres, avec feux d’artifice de style « son et lumière » et feux de joie, dans lesquels on brûle l’effigie de Guy Fawkes (un traître catholique exécuté pour avoir comploté en vue de faire exploser le Parlement en 1605) et accessoirement celle de quelque politicien impopulaire.

Ce qu’il y a de bien avec les feux d’artifice, c’est que normalement, au bout de 30 ou 40 minutes qui atteignent leur paroxysme en une orgie de couleurs et de lumière, on fait Ahhh! on fait Ohhh!, on climaxe et c’est fini.

Toutefois, les feux d’artifices du swinging London – et il y en de tous les côtés de la ville – ça démarre au quart de tour et ça s’éternise pendant des heures. C’est bien beau, mais à 10 oC on a hâte que ça aboutisse!

Dans les petites villes anglaises, c’est tout le contraire. Le Guy Fawkes est plutôt lent au démarrage mais une fois lancé, il ne faut pas cligner des yeux si on ne veut pas rater le spectacle. Précoce, le Guy!

L’année dernière, j’avais assisté à cette fête à Salisbury avec ma copine Kate. Il faisait plus froid qu’hier encore et nous avons dû marcher deux kilomètres sous une pluie battante pour arriver trempées à un petit centre de loisirs planté au beau milieu d’un champ, d’où le spectacle pyrotechnique allait être présenté. Grelottant sous leur parapluie, les Anglais trépignaient en attendant que le feu d’artifice commence, mais une fois la fête terminée – au bout d’une quinzaine de minutes tout au plus – ils sont rentrés chez eux, comme soulagés devant tant de décence.

01 novembre 2006

Une fête celtique

Les commentaires que j'ai reçus à propos d'Halloween confirment les raisons pour lesquelles j'ai créé ce blogue. Écrire des billets sur divers sujets d'intérêt culturel m'amuse, bien sûr - et j'espère que j'en amuse d'autres! - mais je veux aussi que l'échange qui s'ensuit avec mes lecteurs me permette de réfléchir et de voir les choses sous un autre jour.

Un merci particulier aux lecteurs français, qui m'ont mise sur une bonne piste.

Je pense que la fête d'Halloween à l'américaine ne marche pas sur le continent européen tout simplement parce qu'elle est complètement coupée de ses racines celtiques et que de toute façon, la plupart des gens les ont oubliées, ces racines celtiques. Pourquoi donc adopter une fête étrangère que l'on ne comprend pas? Et pourquoi en voudrait-on aux Européens de ne pas avoir envie de faire comme les Américains? La culture c'est comme l'agriculture : il faut un terreau approprié pour que ça se développe. Et si on veut transplanter une vieille tradition, les racines doivent être bien présentes, sinon ça ne marche pas. C'est si facile de taxer tout le monde d'antiaméricanisme quand on a l'esprit paresseux ou fermé à d'autres réalités!

Il reste toutefois certains endroits de la France, comme la Moselle, où des gens fêtent Halloween comme on le faisait à l'origine, chez les Anglais et les Irlandais, c'est-à-dire qu'adultes et enfants découpent de grosses betteraves fouragères, les Rommel Bootzen (betteraves grimaçantes), pour ensuite les illuminer de l'intérieur, comme les citrouilles nord-américaines, afin de guider l'esprit des morts dans la nuit qui marque la fin de l'année celtique et l'entrée dans l'obscurité de l'hiver ou d'éloigner les démons. Mais justement, pour ces gens cette fête a un sens et ils en connaissent les racines. Elle sera donc perpétuée, pour peu que ces betteraves de plus en plus rares ne disparaissent complètement.

En gros, avec le temps, lorsque cette fête païenne a été adaptée au catholicisme, on y a incorporé des gâteaux qu'on donnait aux pauvres en échange de prières pour les morts. On voit donc qu'il ne s'agissait pas de tanner tous les voisins pour avoir des bonbons et des chocolats que tout le monde n'a pas les moyens de donner à volonté en échange de rien (sinon gare aux mauvais coups, comme l'explique Caroline)!

31 octobre 2006

No Halloween, please, we're Britons


Halloween, cette fête païenne, d'origine celtique et donc britannique, récupérée par l'Église catholique (la Toussaint), s'exporte mal au Royaume-Uni et en France dans sa forme américaine (citrouilles, chats noirs, sorcières et collecte de bonbons par les enfants), ce qui met en relief une fois de plus les différences entre Américains, Britanniques et Français.

Selon un sondage publié dans le New York Times, pas moins de 58 % des Britanniques éteignent toutes les lumières et se cachent dans le noir - une façon toute particulière de fêter les morts! - pour éviter d'aller répondre à la porte et de donner des bonbons le soir d'Halloween.

La police anglaise met même à la disposition des gens des affiches qu'ils peuvent coller sur la porte pour inviter les petits monstres à passer leur chemin sans frapper, mais une personne interrogée par le Times, sans doute une vieille dame indigne, a sa propre solution pour éviter d'être importunée par des vampires : «j'ai pensé à enlever le couvercle de ma sonnette pour qu'ils se prennent un coup de jus». Comme quoi les sorcières ne seront pas toutes dans les rues en Angleterre ce soir! Mais de toute façon, les Anglais ont déjà la Bonfire Night (ou Guy Fawkes Night), le 5 novembre (j'y serai!), pour assouvir leur goût des fêtes macabres...

Chez les Français, Halloween ne «pogne» guère plus. On y voit surtout une fête commerciale américaine, et les immeubles parisiens, souvent dépourvus d'ascenseur, n'incitent pas trop les passeurs d'Halloween à se manifester. Toutefois, à ce que j'ai pu voir, c'est surtout une fête de jeunes adultes trop contents de pouvoir se déguiser, boire un coup entre amis et rentrer tard, car le 1er novembre est un jour férié en France.

Et les Canadiens dans tout ça? Ben il fêtent platement l'Halloween comme les Américains, mais personnellement, j'avoue que j'ai fait l'Anglaise plus d'une fois, terrée dans le noir, dans le fond de mon appartement. ;)