
Le métro d'Athènes, construit à l'occasion des Jeux Olympiques de 2004
À Athènes, les hommes (très souvent mariés) draguent beaucoup, notamment dans le métro, tout neuf et pas encore déprimant comme le métro parisien. Ils griffonent leur numéro de portable sur mon ticket, que je m’empresse de jeter à la poubelle quand je sors du métro. Je remarque qu’ils ont tous la même réaction quand ils m’abordent : ils parlent de la voiture qu'ils ont laissée à la maison et du nombre de maisons qu'ils ont, comme si c’était la honte de prendre le métro et un signe criant de pauvreté. Ils semblent croire aussi que ce qu'ils possèdent les rend nettement plus intéressants, voire irrésistibles, pour une femme. «J’ai, donc je suis», semble me dire l’homme grec, «et j’ai les moyens de t’avoir». L'Orient, c'est la porte à côté et on n'est pas bien loin de négocier le nombre de chameaux, il me semble...

Le métro d'Athènes, encore tout neuf
Comme je rencontre souvent par hasard des hommes qui ont bien réussi financièrement (sans doute parce que ça se passe souvent du côté de Syntagma - gouvernement, pouvoir, argent - ou peut-être parce que je suis étrangère et que ça les attire) et qui réagissent toujours en mettant en avant ce qu’ils possèdent pour se présenter, j’ai eu l’occasion de tester diverses répliques. Je trouve très intéressante la possibilité d’évoluer dans des situations qui se répètent jour après jour. Comme dans Le Jour de la marmotte...
Je suis passée de répliques un peu sarcastiques comme «Ah, trois toits c’est plus qu’il n’en faut au-dessus d'une seule tête», inutilement aggressives, finalement, à «Moi j’ai un chat, un sac à dos et l’envie de connaître ton pays», un peu flirt... Ce n’est pas méchant et en minimisant ce que je possède pour attirer l’attention sur une autre façon d’utiliser le verbe avoir, je fais réfléchir quelqu’un d’intelligent sans pour autant l’agresser. Aris, ou l'homme aux quatre maisons, a souri en entendant cette dernière réplique et m'a dit : «Tu as de la chance, tu fais quelque chose que j’ai toujours eu envie de faire, mais je ne peux plus avec mes affaires». Ce qui me rappelle l'histoire du pêcheur pauvre et du riche investisseur... Le bling-bling et le prestige ou la liberté chérie, cela semble être le talon d'Achille et le combat intérieur des Grecs que je rencontre.