Aucun message portant le libellé Culture. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Culture. Afficher tous les messages

13 décembre 2008

Quelques mots sur l'homme grec


Le métro d'Athènes, construit à l'occasion des Jeux Olympiques de 2004

À Athènes, les hommes (très souvent mariés) draguent beaucoup, notamment dans le métro, tout neuf et pas encore déprimant comme le métro parisien. Ils griffonent leur numéro de portable sur mon ticket, que je m’empresse de jeter à la poubelle quand je sors du métro. Je remarque qu’ils ont tous la même réaction quand ils m’abordent : ils parlent de la voiture qu'ils ont laissée à la maison et du nombre de maisons qu'ils ont, comme si c’était la honte de prendre le métro et un signe criant de pauvreté. Ils semblent croire aussi que ce qu'ils possèdent les rend nettement plus intéressants, voire irrésistibles, pour une femme. «J’ai, donc je suis», semble me dire l’homme grec, «et j’ai les moyens de t’avoir». L'Orient, c'est la porte à côté et on n'est pas bien loin de négocier le nombre de chameaux, il me semble...


Le métro d'Athènes, encore tout neuf

Comme je rencontre souvent par hasard des hommes qui ont bien réussi financièrement (sans doute parce que ça se passe souvent du côté de Syntagma - gouvernement, pouvoir, argent - ou peut-être parce que je suis étrangère et que ça les attire) et qui réagissent toujours en mettant en avant ce qu’ils possèdent pour se présenter, j’ai eu l’occasion de tester diverses répliques. Je trouve très intéressante la possibilité d’évoluer dans des situations qui se répètent jour après jour. Comme dans Le Jour de la marmotte...

Je suis passée de répliques un peu sarcastiques comme «Ah, trois toits c’est plus qu’il n’en faut au-dessus d'une seule tête», inutilement aggressives, finalement, à «Moi j’ai un chat, un sac à dos et l’envie de connaître ton pays», un peu flirt... Ce n’est pas méchant et en minimisant ce que je possède pour attirer l’attention sur une autre façon d’utiliser le verbe avoir, je fais réfléchir quelqu’un d’intelligent sans pour autant l’agresser. Aris, ou l'homme aux quatre maisons, a souri en entendant cette dernière réplique et m'a dit : «Tu as de la chance, tu fais quelque chose que j’ai toujours eu envie de faire, mais je ne peux plus avec mes affaires». Ce qui me rappelle l'histoire du pêcheur pauvre et du riche investisseur... Le bling-bling et le prestige ou la liberté chérie, cela semble être le talon d'Achille et le combat intérieur des Grecs que je rencontre.

26 octobre 2008

Automne crétois


Ma plage aujourd'hui... la mer est agitée

Dans deux semaines je vais quitter la Crète et ma petite maison de pierre avec ses deux jardins emmurés. Cette combinaison - maison crétoise et jardins très privés - est assez unique, car le mot "privé" n'existe pas en grec. Mais comme mon propriétaire est anglais (et donc maniaque des clôtures et de l'intimité) et a conçu les jardins, j'ai pu profiter du meilleur de la vie crétoise tout en ayant mon petit coin à moi, à l'abri des regards qui nous intimident souvent, nous, Occidentaux.


C'est l'automne. Ma plage est déserte

Je me suis rendue presque tous les jours sur cette plage pour me baigner. Elle n'est pas spécialement jolie, selon les "normes" crétoises (il y a des plages vraiment magnifiques), mais elle se trouve à 10 minutes à pied de la maison et elle change continuellement, ce qui la rend intéressante. La mer rejette et reprend sans cesse une bande de galets en lui donnant diverses formes ponctuées d'espaces de sable, comme si elle écrivait chaque jour un message différent sur la plage, dans une langue inconnue.


Ma première marmelade maison, avec les fruits du jardin!

Les oranges et les citrons du jardin ont commencé à prendre des couleurs et j'ai fait de la marmelade avec les premiers fruits mûrs. Vivre ici, en pleine nature, m'a donné envie de cuisiner. J'ai plein d'idées de recettes, inspirées par ma cueillette quotidienne de fruits que je ne connaissais pas ou qui m'étaient peu familiers : figues, figues de barbarie (ça pousse sur un cactus!), grenades... Les herbes fraîches qu'on trouve partout (origan, aneth, marjolaine, romarin) me donnent aussi des idées.



À quoi ressemble la vie dans un village crétois? Sans doute à la vie de nos grands-parents à la campagne. C'est une vie agricole, simple et tranquille. Tout le monde se salue et les gens semblent s'être habitués à moi. J'aime bien quand les agriculteurs m'envoient la main sur leur gros tracteur. Le dimanche est le seul jour de repos pour la majorité des villageois. La messe du dimanche matin, qui dure deux heures, est diffusée à l'aide de haut-parleurs. Impossible de la manquer, même couché dans son lit. :) Il y a un pope qui chante comme un ténor et un autre qui chante comme une casserole et, malheureusement, ils chantent en duo!



Parmi les bruits familiers, outre le chant discordant des deux popes, il y a les cris d'animaux : les chèvres, les poules, les coqs, les chiens de garde, les colombes, les innombrables chats qui se battent ou se font la cour. On entend aussi passer les marchands ambulants deux ou trois fois par semaine. Au volant de leur vieille camionnette, ils vantent les mérites de leur marchandise. "De belles petites fèves, j'ai! De bonnes petites patates, j'ai! Des tomates, j'ai (on se demande alors si ses tomates sont grosses et mauvaises)!" ou encore "Je suis Yanni de Thessaloniki! Je vends des vêtements pour femmes, hommes et enfants! Venez voir! Tout mon stock est réduit! J'ai tout à 5 euros, 10 euros, 15 euros!". De temps en temps, un vendeur au marketing un peu plus sophistiqué vend sa salade sur fond de bouzoukia préenregistré... Le haut-parleur bon marché ne peut que crachoter des sons distordus et saturés mais peu importe. Le marchand attire l'attention, c'est certain.


Chemin menant au village

Je vais donc bientôt quitter cette vie tranquille pour retourner dans le chaos d'Athènes. Je serai moins isolée pour passer l'hiver, là-bas, et il y a toujours des activités intéressantes à faire dans une grande ville en période hivernale. Cependant, je retournerai vivre en Crète au printemps. Je me ferai un jardin et je recommencerai à vivre dehors, à faire des BBQ, à aller cueillir des fruits et des herbes dans la nature, à aller à la mer... Une fois qu'on a goûté à ça, c'est vraiment difficile de s'en passer. :)


L'olivier, l'arbre nourricier du pays

J'ai bien failli participer à la récolte des olives cette année, du moins à petite échelle. J'avais proposé à mon propriétaire anglais de récolter avec lui les olives de ses deux oliviers et il avait accepté. Ça aurait été une première pour lui aussi. Deux gros oliviers comme les siens produisent suffisamment d'huile pour répondre aux besoins d'une famille de quatre personnes pour toute une année! Malheureusement, il est tombé malade et nous avons dû renoncer à ce projet. L'an prochain, peut-être...


Des chèvres broutent tranquillement

15 juillet 2008

Ciné-parc grec


Un oasis au coeur de Pangrati : le ciné-parc Oasis

J'aime beaucoup mon quartier, Pangrati, et je découvre régulièrement des petits oasis charmants, cachés entre les immeubles de béton hideux. Quand on les trouve, ces oasis, on les apprécie d'autant plus qu'ils nous donnent le sentiment d'être des initiés partageant les petits secrets des vrais Athéniens!



Ce ciné-parc fait partie de mes belles découvertes. On y passe des films de toutes les époques, toujours en version originale sous-titrée en grec, et l'expérience est délicieusement rétro. Les ciné-parcs ont disparu depuis belle lurette dans la plupart des pays occidentaux mais continuent d'être populaires en Grèce. Deux projections par jour sont offertes, soit l'après-midi, à 20h50 (eh oui, l'après-midi dure très longtemps et la soirée commence très tard ici!), et le soir, à 23h50.


Que de chats à Athènes!

Une femme âgée un peu bizarre vend les billets, chasse les chats en sortant le boyau d'arrosage ou en lançant des cailloux - car ces derniers prennent évidemment le terrain de "garnotte" (gravier) pour une litière géante (on ne voit pas de caca mais ça sent un peu!) - et vend des boissons et des chips au fond du jardin pendant que le gars des vues met la deuxième bobine de film. Puisqu'il y a de la place, chacun s'installe en posant ses pieds sur la chaise devant, que les nouveaux arrivants ont la courtoisie de laisser libre.



J'ai eu l'occasion de voir, avec une vingtaine de personnes présentes à cette projection, Celui qui va mourir, un film de Jules Dassin de 1957, basé sur un roman de Kazantzakis et mettant en vedette Melina Mercouri. C'est franchement un excellent film. Par contre, je ne sais pas d'où provenait cette copie, mais le générique était en italien, la bande-son en français et les sous-titres en grec. Un peu tordu, mais tellement couleur locale!



Pendant la projection, si le coeur nous en dit, il est toujours possible de se distraire en regardant une chauve-souris voler, les petites lueurs rouges s'intensifier à chaque bouffée de cigarette des spectateurs, des lumières s'allumer et s'éteindre dans les maisons voisines ou un chat trotter nonchalamment devant l'écran avant d'être poursuivi par la femme bizarre, cette fois-ci armée d'un seau d'eau. Ça fait tout le charme des ciné-parcs grecs!

15 avril 2008

Perfection



J'ai toujours était perfectionniste, à un point tel que plusieurs de mes projets s'en sont trouvés paralysés. Comme maintenant. Je n'écris plus tellement de billets parce que je cherche la meilleure façon de décrire le plaisir immense et la joie parfaite qu'on éprouve à vivre en Grèce et je ne la trouve pas.

Pourtant, je suis peut-être au meilleur endroit pour tenter de guérir de ce perfectionnisme, car la perfection de la vie qu'on trouve ici est humaine, conciliante, chaleureuse et pardonne beaucoup de travers. Après tout, les dieux grecs eux-mêmes faisaient de grosses bêtises!

Finalement, c'est pourquoi rien n'est parfait mais tout est parfait en Grèce. Je vais y réfléchir encore un peu. Ce perfectionnisme fatigant disparaîtra peut-être en quelques tours de komboloï? C'est ce que je me souhaite en tout cas.

11 avril 2008

Détournement d'un symbole



Voilà ce qu'est tristement devenue la torche olympique. Cette caricature est publiée aujourd'hui dans le Kathimerini d'Athènes.

Je rappelle ici une partie du discours prononcé par Jacques Rogge, président du CIO, le 24 mars 2008, jour de l'allumage de la flamme olympique à Olympie.

It all began here in Olympia,
the place where the ancient Olympic Games
were celebrated. It is a place that has inspired
and still inspires. It is the place that has also
been at the origin of the Olympic Truce:
the Ekecheiria, the sacred truce
that was proclaimed and announced
by the citizens of Elis who traveled
throughout Greece to pass on the message.

Today we are sending out thousands
of modern messengers over the five continents
to spread the message of Ekecheiria.
This message will be heard and understood
in all corners of the world wherever the torch passes by.
I express here the hope that the symbol of the torch
will be recognized by everybody
and that the right circumstances can be created,
wherever the torch travels,for it to resonate.
The Olympic Torch Relay and the Olympic Games
must take place in a peaceful environment.

Hum...

06 avril 2008

Clepsydre


L'un des nombreux chats de l'Acropole faisant la sieste sur le mur de la rue Klepsydras

En faisant une promenade autour de l'Acropole, le nom d'une rue a attiré mon attention et c'est ainsi que j'ai découvert le premier centre "Météo-Média" de l'Antiquité. Une source appelée Clepsydre (mot qui veut dire littéralement "voleur d'eau" et qui, une fois décomposé, contient les racines de mots français tels que cleptomane et hydratant) jaillissait du rocher de l'Acropole, était canalisée et s'écoulait dans la rue du même nom (photo ci-dessous). Elle alimentait une horloge, elle même appelée clepsydre, dont le mécanisme était actionné par l'eau.



Cette clepsydre était l'un des nombreux instruments météorologiques de la Tour des vents, construite par l'ingénieur macédonien Andronicos au 1er siècle avant J.C. et située dans l'Agora romaine d'Athènes. La Tour des vents était surmontée de la première girouette du monde, en forme de triton, qui pointait, selon la direction du vent, vers l'une des huit faces du monument, sur lesquelles sont sculptés les personnages représentant les vents dominants d'Athènes, soit Borée, Cécias, Apéliote, Euros, Notos, Lips, Zéphyr et Sciron.

Les faces de la Tour des vents étaient également dotées de cadrans solaires situés juste en dessous des reliefs sculptés. On peut comprendre que la clepsydre permettait de connaître l'heure pendant la nuit ou les jours nuageux.

Aujourd'hui, la Tour des vents, dépouillée de ses instruments et de ses canalisations quand elle a été réaffectée en clocher d'église, à l'époque byzantine, ne sert plus qu'à agrémenter le paysage. L'église a par la suite été détruite et la tour s'est enfoncée dans le sol avec le temps. On ne l'a redécouverte qu'au XIXe siècle.


La Tour des vents, avec son réservoir d'eau autrefois alimenté par la source Clepsydre

À chacune de mes promenades, le nom d'une rue me raconte une histoire et c'est là l'un des nombreux charmes d'Athènes.

03 avril 2008

La délinquance en Grèce?

Hmm... Je ne sais par où commencer ce billet, car pour tout dire la délinquance, comme on l'entend en France, est presque inexistante en Grèce. C'est énorme, hein? Je n'ai pas de statistiques pour le prouver, mais plein de petits détails observés au quotidien l'affirment haut et fort.

Les boîtes aux lettres n'existent pas dans les immeubles. Le facteur fait des piles de lettres, tous destinataires confondus, et on se sert. Si le vol de courrier était un problème, ça se saurait!

Des voitures passent des semaines et des mois sous une bâche (anti-crottes d'oiseaux?) dans la rue ou sans protection du tout et y restent avec tous leurs morceaux.

Un handicapé de mon quartier laisse son fauteuil roulant motorisé dehors, sur le trottoir. Si on était à Paris, des "djeunez" se sauveraient avec, le démoliraient et/ou le jetteraient dans le canal Saint-Martin.

Les tables et les chaises des tavernes ne sont pas enchaînées et, dans la plupart des cas, on les laisse dehors la nuit. Je vous rappelle qu'Athènes est une ville de plus de 3,5 millions d'habitants. La moitié des Grecs y habitent! Incroyable.

Il y a très peu de quartiers "chauds", sauf Omonia, car c'est le quartier des putes et des junkies, et l'ambiance quelque peu électrique d'Exarchia peut impressionner les passants, car c'est l'antre des anarchistes, mais quand on vaque à ses propres affaires et qu'on ne représente pas l'autorité on n'a rien à craindre.

À Athènes, je peux rentrer seule à pied au beau milieu de la nuit sans avoir peur. Les rues sont rarement désertes de toute façon. Quelle différence avec Paris, où je ne me sentais pas en sécurité quand je rentrais chez moi après 23h! (à cette heure pas si avancée, il y a deux mois, trois copines se sont fait courser par un taré armé d'une barre de fer, à deux pas de mon ancien appartement).

Évidemment, je ne dis pas qu'il n'y a pas de criminels - j'ai failli être victime d'un pick-pocket il y a quelques semaines - je veux juste attirer l'attention sur le fait qu'on ne vit pas du tout dans un climat de paranoïa ici.

Autres constatations en lisant tous les jours le eKathimerini (le Quotidien en ligne) en version anglaise : les crimes violents sont généralement commis par des étrangers : Albanais, Géorgiens, Pakistanais, etc., et parfois par des maris grecs cocufiés!

Les Grecs qui adoptent des comportements criminels choisissent le plus souvent la criminalité "douce" et invisible, comme la corruption, et sont souvent roublards en affaires. Sinon, on peut aussi remarquer que le foot, comme partout ailleurs, peut susciter le hooliganisme chez les abrutis et que les manifestations politiques ont tendance à être rock'n roll par ici.

Pour ceux qui lisent l'anglais, vous trouverez les faits divers du jour, y compris l'arrestation de chercheurs de "trésors,  ici.

30 mars 2008

La flamme qui met le feu aux poudres



Je suis passée devant le stade olympique hier au moment où des répétitions avaient lieu avec l'armée et les jeunes athlètes grecs et chinois qui présentent le drapeau de leur pays respectif.



La flamme olympique devait être remise à la Chine ce matin, dimanche, mais la peur des autorités de voir la cérémonie perturbée par des manifestants pro-Tibet, comme ce fut le cas à Olympie, rend la sécurité tellement exagérée autour de l'événement (au point d'interdire l'accès aux journalistes sur l'Acropole, où la flamme était entretenue pour la nuit!) que le tout a été reporté à plus tard dans la journée, pour déjouer tout le monde. Du coup, je n'ai pas envie de suivre l'événement en personne. Au moment où j'écris ce billet, la cérémonie a sans doute commencé car j'entends les hélicoptères tourner au-dessus d'Athènes.



La Chine a certes beaucoup de choses à se reprocher en fait de non-respect des droits de l'homme - et ce n'est pas nouveau - mais je pense qu'il est trop tard pour boycotter les Jeux Olympiques. Ça ne se fait pas. Les athlètes s'entraînent depuis des années pour cet événement censé rapprocher les peuples dans un même effort de dépassement. Du moins, c'est l'idéal olympique.



Il fallait y penser avant et ne pas attribuer les Jeux à la Chine, tout simplement. La politique et les manifestations avaient leur place AVANT cette attribution. La répression du Tibet ne date pas d'hier, quand même! N'y a-t-il pas un problème d'éthique dans le choix de ce pays comme hôte des Jeux Olympiques? On me dira que Berlin a bien eu les JO sous Hitler... Il y a quelque chose de pas net au CIO, non?

Mais maintenant que les jeux sont faits, boycotter les JO ne servirait à rien, n'aiderait pas le Tibet et ne punirait que les athlètes, qui n'ont rien à voir avec tout ça. Ils font du sport et non de la politique et méritent d'être respectés. En tout cas, c'est ce que je me disais en regardant les jeunes porteurs de drapeaux.

22 mars 2008

Un peu de bouquinage


La photo de la rue Skoufa, ci-dessus, où l'on voit une partie de l'église Saint Dionysios Aéropagite, est la seule que j'ai pu prendre aujourd'hui car j'avais oublié de recharger les batteries de mon appareil-photo. Doh!

Kolonaki, au pied du mont Lycabette, est un autre quartier très agréable d'Athènes. Il est réputé non seulement pour ses boutiques de luxe mais aussi pour ses nombreux cafés et ses boîtes de nuit. J'y suis passée cet après-midi pour boire un café frappé - une invention grecque moderne (un grand verre de Nescafé glacé et fouetté qu'on boit avec une paille - après avoir fait une razzia chez Eleftheroudakis, dans Syntagma, sans doute la plus grande librairie (grecque et anglaise) de la ville, répartie sur huit étages, dont un est occupé par un café. C'est l'équivalent grec du Chapters canadien.

Voici mes lectures pour les prochaines semaines :

B. Church - Learn Greek in 25 years: A crash course for the linguistically challenged. En 25 ans? C'est encourageant!!! ;)

M. Marmarelis - Vignettes of Modern Greece

J. Carr - Your Eyes Fourteen: The Mad Greek Dictionary

N. Kazantzakis - Freedom and Death

N. Kazantzakis - Report to Greco. Les livres de Kazantzakis sont introuvables en français car ils n'ont pas été réédités depuis le déluge, ce que je ne comprends pas.

D. Farr Louis - Athens and Beyond: 30 day trips & Weekends

J. Mole - It's All Greek to Me!: A Tale of a Mad Dog and an Englishman, Ruins, Retsina - And Real Greeks*

J. Eugenides - Middlesex

J'ai pris le métro pour rentrer chez moi et comme il y avait beaucoup de monde et que ça poussait fort pour entrer, un homme s'est adressée aux voyageurs impatients : Siga, paidia, siga! (Doucement, les enfants, doucement!). Il n'y avait personne de moins de 25 ans autour de moi et ça m'a fait sourire. Les gens restent toujours des enfants en Grèce...


*Vous remarquerez que l'humour anglais figure en bonne place dans cette liste... :)

16 mars 2008

Blogue ou blog?

Petite digression aujourd'hui : Comment doit-on traduire blog ou weblog en français? C'est la question intéressante que Pascale a soulevée dans son dernier commentaire.

J'utilise le mot "blogue" depuis toujours, sans doute parce que j'ai travaillé un certain nombre d'années comme terminologue à la pige à l'Office de la langue française du Québec et que j'ai conservé des réflexes de terminologue. On remarquera que même si la langue populaire québécoise inclut moult anglicismes syntaxiqueshybrides et morphologiques, les Québécois sont reconnus comme des redresseurs de torts qui pourfendent furieusement les Français pour leur tendance à commettre des anglicismes intégraux (pensons notamment à shopping pour magasinage). ;)

Soyons logiques : pourquoi adopter le terme "bogue", la forme francisée de bug, pour ensuite adopter le mot blog dans sa morphologie anglaise! Le suffixe -og n'existe pas naturellement en français, et si on accepte les termes "bloguer" et "blogueur" dans la langue française, "blogue" ne semble-t-il pas plus naturel que "blog"?

J'ai vérifié mon raisonnement en suivant ce lien vers le site Web de l'Office de la langue française. L'OLF tombe parfois dans l'intégrisme linguistique, mais dans le cas présent je suis tout à fait d'accord avec sa décision de rejeter la graphie "blog".

12 mars 2008

Grégarisme et mots doux


Discussion entre un client et probablement deux propriétaires de tavernes. J'adore ce joli coin de Plaka, parcouru d'escaliers de pierre assez larges pour accueillir les tables des tavernes.

Pour vivre heureux en Grèce, mieux vaut être grégaire et se faire une parea, un groupe d'amis avec lesquels sortir. Les gens sortent très rarement seuls à Athènes, même pour aller au concert, et je me sens observée quand je sors en solo, comme si on me plaignait de ne pas avoir d'ami(e)s. Heureusement, le fait d'être étrangère semble me laver de tout soupçon de non-sociabilité et on vient me parler spontanément, toujours très gentiment.

En fait, les Grecs se disent constamment des mots affectueux, qui vont de paidi mou (mon enfant) à une personne plus jeune, connue ou inconnue (ou qu'on croit plus jeune, selon la voix qu'on entend au téléphone), à agapi mou (mon amour), que des copines peuvent se dire. Ils disent aussi "mon" Kostas, "ma" Maria, le pronom possessif servant à exprimer leur attachement. La terminaison des prénoms peut également être modifiée en -akis ou -itsa* pour signifier "petit" ou "petite" et lui donner une connotation affective. Pourtant, en français, cette habitude affectée et parfois condescendante d'un certain milieu où on appelle tout le monde "ma chérie" ou "mon chéri" m'énerve au plus au point, mais les Grecs ont une façon très naturelle de le faire qui me met à l'aise.

Par ailleurs, les Grecs se touchent beaucoup. Les garçons posent parfois la main sur l'épaule d'un ami pour lui parler et les filles aiment se promener bras dessus bras dessous ou main dans la main. Il arrive que de parfaits inconnus, hommes ou femmes, me parlent en me prenant la main et en me regardant dans les yeux tout en me vouvoyant. Bizarrement, je sens quand même que tout reste poli! Ici, on est à des années-lumière de l'attitude "territoriale" nord-américaine, où tout le monde doit rester à distance respectueuse (un bon 40 cm) de son voisin parce que l'introduction sans invitation dans cette bulle invisible est perçue comme une agression ou provoque un malaise.


* Par exemple, Giorgos peut devenir Giorgakis (petit Georges) et Eleni peut devenir Elenitsa mou (ma petite Hélène).

01 mars 2008

Rencontre fortuite

En faisant une promenade, j’ai trouvé un recueil de poèmes sur un muret gardé par des chats, au pied d’un petit escalier de pierre qui mène à l’Acropole. J’ai hésité à le prendre, de peur de troubler l’ordre naturel des choses ou de piller un autel, mais j’ai interprété comme un heureux auspice la retraite tranquille des chats du rocher sacré à mon approche : j'ai emmené le livre chez moi pour le lire. Quelques jours plus tard, comme mon trouble ne s’atténuait pas en pensant à cette rencontre étonnante, j’ai résolu de copier mes poèmes préférés et d’aller remettre le recueil à sa place, sur la route d’un autre passant tenté par le sacrilège.



Bâtiments debout

Avec arrogance les fenêtres
restent fermées,
portant à jamais en elles
la responsabilité de la fermeture.
Elles entretiennent l'obscurcissement de la chambre.
Elles entretiennent la curiosité
des passants,
qui persistent obstinément à les regarder.
Elles entretiennent l'esthétique architecturale
d'un ancien bâtiment.
Le refus engage.

Extrait de Quand le piano chavire, recueil de poèmes en quatre langues (grec, français, anglais, allemand) d'Andreas Georgallides

23 février 2008

Le coeur sur la main



À Athènes, du 21 janvier au 19 mars a lieu une exposition à ciel ouvert sur le thème du coeur. Son titre est un jeu de mots, Athina... Exo Kardia, qui repose sur son sens littéral "coeur dehors", puisque les quelque 60 coeurs sur lesquels de jeunes artistes, des tagueurs et des artistes établis ont oeuvré se trouvent dehors, un peu partout en ville, et son sens figuré "généreux" (en français, l'équivalent de cette expression serait sans doute "le coeur sur la main").



À la fin de l'exposition, tous les coeurs seront vendus aux enchères et 50% des profits seront remis à une organisation caritative travaillant auprès d'enfants et d'adolescents malades.


Les coeurs que vous voyez se trouvent à la sortie du métro Evangelismos, près de chez moi.



Profitons-en pour tirer du titre les racines grecques de nombreux mots français :

Exo (hors, dehors)

ex-térieur
ex-terne
ex-orbité
ex-patrié

Kardia (coeur)

cardia-que
cardio-logie

Si quelqu'un est intéressé à transposer le concept de l'exposition à Montréal, boulevard Saint-Laurent, j'ai déjà un titre pas mal du tout : Montréal, le coeur sur la Main©*. On peut négocier le prix du droit d'auteur, mais je suis dure en affaires. ;)

*Pour les non-Québécois, la Main (prononcé à l'anglaise) est le surnom du boulevard Saint-Laurent.

Et pour clore en beauté, voici une vidéo de circonstance. ;)
(Merci à AK47)

31 janvier 2008

Funérailles nationales pour l'archevêque d'Athènes



Le cortège funèbre, en route vers le premier cimetière d'Athènes, est passé à deux pas de chez moi, sous les applaudissements de la foule. Pour les orthodoxes grecs, le primat Christodoulos est l'équivalent du pape pour les catholiques.



J'ai entendu quelques fidèles, des hommes, hurler leur peine mais aussi des paroles nationalistes...


L'archevêque d'Athènes et primat de Grèce Christodoulos est décédé lundi matin 28 janvier dans sa résidence de Psychiko, près d'Athènes. Soldat de l'orthodoxie et de l'hellénisme, l'archevêque Christodoulos a succombé à l'âge de 69 ans d'un cancer du foie et de l'intestin. Il était considéré comme très populaire dans son pays.

Je ne connais pas suffisamment la vie de l'archevêque et politique grecque pour juger ses idées, mais je crois comprendre que le lien entre la religion et l'identité nationale est très fort (l'Église et l'État sont liés en Grèce) et qu'il a consacré sa vie à protéger et à renforcer ce lien, notamment en luttant en vain contre la suppression de la mention de la religion sur la carte d'identité de ses concitoyens. Disons que je souligne simplement la mort d'un personnage important en Grèce.

Un point culminant de son travail fut la visite du Pape Jean-Paul II en mai 2001 à Athènes, alors qu'aucun pape n'avait foulé le sol grec depuis la séparation des deux Eglises en 1054. Il a également rencontré le pape Benoît XVI au Vatican en 2006.

De plus, dès le début de son mandat, Mgr Christodoulos avait engagé une ouverture remarquée vers les jeunes. Il s’adressait à eux par une expression empruntée à leur jargon : « Vous me faites kiffer! » Il avait aussi dit : « Je vous accepte tous dans l’Eglise, comme vous êtes, en pantalon, en minijupe, même avec des piercings... » En 1998, il avait affirmé qu’il s’approcherait des jeunes « dans la rue, dans les cafés, dans les salles de billard et dans les endroits qu’ils fréquentent ». Un autre moyen de se rapprocher des jeunes était de leur raconter une blague à chaque rencontre avec eux.

27 janvier 2008

La liberté ou la mort



La liberté ou la mort, c'est la devise de la Grèce. La croix blanche sur fond bleu symbolise l'importance de l'orthodoxie. Les neuf bandes symbolisent les neuf syllabes de la devise révolutionnaire Eleftheria i thanatos en grec. Enfin, le bleu du drapeau symbolise la mer et le blanc, la terre. L'alternance de bleu et de blanc signifie peut-être la symbiose entre la terre et la mer.

Je ne crois pas trop me tromper en avançant que l'importance suprême que revêt la liberté pour le peuple grec, opprimé pendant quatre siècles d'occupation mais jamais soumis, explique plusieurs particularités de la vie en Grèce, qui vont de la répugnance à priver de liberté les milliers d'animaux errants d'Athènes (je reviendrai plus tard sur ce sujet) à l'obligation paradoxale d'aller voter, c'est-à-dire d'exprimer sa liberté et sa volonté en tant que citoyen d'un pays démocratique, sous peine de perdre son passeport et son permis de conduire!

Ce qui m'amène à réfléchir sur le sens que l'on donne aujourd'hui à la liberté aujourd'hui et à ouvrir une parenthèse. Qu'est-ce que ça veut dire, être libre? Trop souvent je me rends compte en discutant avec des gens (des jeunes et des pas si jeunes que ça) que la liberté, c'est dire "oui" à n'importe quoi, dont à la connerie ambiante de son époque. Tu as envie de dire à la radio ou à la télévision que ton voisin est un imbécile que sa femme trompe avec le plombier? Vas-y, tu es libre. Tu veux fumer, te droguer, te saouler non-stop, te tatouer et te piercer de partout (remarque, ce sera super chic sur de la vieille peau), coucher avec n'importe qui - hommes ou femmes, c'est la mode de ne pas choisir - t'exhiber tout nu sur Internet ou sur papier glacé "pour célébrer ta beauté"? Vas-y, tu es libre.

Et la liberté de dire non, on en fait quoi? Dire non, ce n'est pas vraiment être libre? Ça cache des complexes, des problèmes, une infirmité mal placée? C'est pas cool de dire non? Il n'y a que les vieux qui disent non?

Je ne suis pas historienne ni sociologue, mais j'ai plutôt l'impression dans toutes les grandes révolutions humaines on a dit un "Non!" tonitruant à la connerie ambiante. Non à l'esclavagisme, au despotisme, au nazisme, à l'oppression des femmes, au communisme, à l'apartheid, au racisme, etc. La seule révolution du "Oui" (ou de la double négation) que je connais est celle de mai 68, curieusement celle qui est aujourd'hui accusée de tous les maux qui affligent notre société...

Pour en revenir à la Grèce, la fête nationale grecque est celle du "Non" ('Ochi). C'est la réponse succincte que le premier ministre grec Métaxas a donnée à l'ambassadeur d'Italie, alliée à Hitler, qui lui demandait la permission de laisser l'armée italienne traverser le pays et ouvrir la voie à Hitler. Admirons les Grecs pour être un des très rares peuples à s'être tenus debout devant Hitler.

Voilà, j'ai commis là un billet assez décousu et la Loi de Godwin a été respectée. ;) Le mot de la fin : On est libre quand on respecte ses valeurs et son identité sans céder à la pression des pairs et à la peur de ne pas être cool en refusant de suivre le troupeau.

Je ne viens pas de réinventer la moussaka, je vous l'accorde, mais cette vérité semble pourtant échapper à pas mal de monde et j'avais envie d'en parler. Rassurez-vous, au prochain numéro on revient totalement à la Grèce. :)

22 janvier 2008

Alkionides imeres



On ne peut vivre en Grèce sans remarquer la résonance persistante de la mythologie dans la vie quotidienne des Grecs. Par exemple, les beaux jours chauds et ensoleillés que nous connaissons depuis près de deux semaines s'appellent les Alkionides imeres (jours de l'alcyon). C'est un peu comme si l'été des Indiens du Québec se produisait en hiver... La mythologie grecque explique ainsi l'origine de ce phénomène climatique.

Dans les temps anciens, Alcyoné et Céyx étaient si heureux en ménage qu'ils se comparaient outrageusement aux dieux Zeus et Héra, ce qui n'eut pas l'heur de plaire au Tout-Puissant et irritable Zeus. Pour punir les époux de ce blasphème, Zeus les changea en alcyons, le nom grec pour "martins-pêcheurs", des oiseaux qui doivent nicher en hiver au bord de la mer. Comme les nombreuses tempêtes hivernales détruisaient impitoyablement le nid de ces oiseaux avant que leurs oeufs aient pu éclore, Alcyoné et Céyx, très malheureux, implorèrent le pardon de Zeus. Comme au fond Zeus était un bon bougre, il se laissa attendrir et décréta qu'une période de temps calme et doux d'une dizaine de jours reviendrait chaque hiver pour permettre aux martins-pêcheurs de couver tranquillement leurs oeufs et d'avoir des petits.

Incidemment, les Anglais ont adopté l'expression halcyon days pour décrire des jours heureux... qui ne durent pas.

15 janvier 2008

Soleil d'hiver

Église de Pangrati, mon quartier

Avoir du soleil et un ciel bleu en hiver, ça change la vie! Je suis toujours de bonne humeur quand je me réveille. Ahhh...

Athènes est une ville prenante, vivante, remuante, vibrante et souriante alors on peut bien lui pardonner d'avoir des boutons et de puer des pieds, hein. D'accord, elle ne sent pas vraiment mauvaise, mais elle n'est pas exactement bien propre sur elle non plus.


Immeubles délabrés au Pirée. Pourtant regardez bien la photo : même un taudis a son Aphrodite!

C'est déglingué ici et là, ça pendouille aussi et ce n'est pas très beau ni riche. Cependant, on trouve encore des petits cinémas de quartier à Athènes alors qu'ils ont tous disparu dans la plupart des grandes villes. On a un film à l'affiche par semaine, en version originale (anglaise, le plus souvent) sous-titrée en grec parce que la postsynchronisation coûte trop cher. Et puis il y a un entracte de 10 minutes en plein milieu du film, comme dans l'ancien temps, pour permettre au gars des vues de changer la bobine et accessoirement aux gens de s'acheter du popcorn...

12 janvier 2008

Un samedi rue Ermou

Les chiens endormis sont une vision familière à Athènes. On les voit étendus sur les pelouses, dans les escaliers, un peu partout. Ils portent souvent un collier, ne sont pas nécessairement abandonnés mais vivent libres, tout simplement. On me dit que les gens se font très rarement attaquer par un chien, ici, alors qu'en France, en Angleterre ou au Canada, où ils sont souvent confinés et enchaînés, pratiquement pas une semaine ne se passe sans qu'un adulte ou un enfant se fasse gravement blesser ou tuer par un chien. Hum...

La rue Ermou est une rue commerciale piétonnière du centre d'Athènes. Les rues commerciales des grandes capitales d'Europe tendent de plus en plus à se ressembler, car les enseignes internationales inévitables telles que Zara, Marks & Spencer, Sephora, Esprit, Benetton, etc., y fleurissent partout comme des fleurs de macadam. Sauf qu'à Athènes, ces magasins clones côtoient des personnages uniques tout à fait couleur locale. La vendeuse de marrons chauds, dont le stand est fabriqué dans un conteneur à déchets...

... le joueur d'orgue de barbarie imitant le son du bouzouki... le vendeur de ballons à l'hélium...

... le vendeur de pistaches et de noix caramélisés en tout genre. Les stands ambulants sont tous artisanaux, et pour celui-ci on peut se demander si les lampes chauffantes ne datent pas des années 40!
Toutes ces photos ont été prises à quelques mètres de distance. Toujours dans la même rue, j'ai vu un homme mendier, assis sur le pavé. C'était un grand brûlé qui n'avait plus qu'un moignon de bras et de jambe. Il aurait été déplacé de le prendre en photo, mais vous l'imaginerez aisément si je vous dis qu'il prenait la pause exactement comme s'il était une statue grecque mutilée, une ruine humaine posée là.

07 janvier 2008

D'Athènes


Le 6 janvier 2008, à Athènes
Ça y est, je suis bien installée à Athènes avec ma chatte, Pitounette, qui a été une passagère exemplaire dans l'avion.

Pour respecter une vieille tradition d'accueil des étrangers en vigueur dans bon nombre de pays - méditerranéens en particulier - j'ai laissé un chauffeur de taxi malhonnête me délester de plus du double de la somme que j'aurais normalement dû payer pour la course entre l'aéroport et mon appartement. Bah, qu'à cela ne tienne, je ne suis pas rancunière.

Je me suis rapidement installée dans mes nouveaux quartiers et Pitounette a tout de suite repéré le fauteuil le plus confortable de l'appartement. Je suis allée faire l'épicerie et heureusement, j'ai un supermarché à deux pas de chez moi.

Je m'adapte très rapidement à la vie ici. Un tremblement de terre m'a réveillée très tôt hier matin, mais j'ai fait comme mes voisins et ma chatte : je me suis vite rendormie. Le service d'entretien des plaques tectoniques a fait son travail proprement, sans faire de victimes ni de dégâts.

La période des Fêtes s'est terminée hier en Grèce, et bien que les orthodoxes grecs fêtent Noël comme les catholiques, le 25 décembre, ici on fait durer le plaisir jusqu'au 6 janvier. Je vous laisse sur des images prises hier dans le quartier Syntagma (le Parlement).
Devant le Parlement grec

On prend la pose en famille, avec le Père-Noël

Les lutins sont partis prendre l'ouzo à la taverne, laissant le Père-Noël ramasser lui-même les crottes...

... laissées par les poneys (pas de rennes ici, il fait trop chaud).

05 décembre 2007

Rébétiko, le blues grec

Une scène du film Rembetiko, de Costas Ferris (1983)


En vue de mon prochain séjour en Grèce, j'ai naturellement eu envie de me renseigner sur la culture grecque, son cinéma, sa musique et sa littérature, et je suis agréablement surprise par sa richesse et sa profondeur. On a généralement une image assez folklorique et légère de la Grèce : les pittoresques ruines antiques, les jolies îles bondées de touristes, le bouzouki, le sirtaki (une danse inventée pour les besoins du film Zorba le Grec!)...

Mais la Grèce, c'est beaucoup plus que ça. C'est un peuple très éprouvé par les guerres, civiles et mondiales, la pauvreté, la répression, la dictature, l'exode massif. Il est assez ironique de penser que la démocratie n'a été rétablie dans le berceau de la démocratie qu'en 1974, avec la fin de la dictature des colonels! L'histoire moderne tumultueuse de la Grèce a offert un terreau fertile à l'éclosion d'une nouvelle musique, qui exprime les douleurs et les malheurs du peuple. Ainsi, une forme de blues, le rébétiko, s'est développée et répandue dans les années 20 dans les quartiers défavorisés d'Athènes, du Pirée, de Thessalonique et de Syros, dont la population était constituée en bonne partie de Grecs chassés par milliers d'Asie mineure. Cette époque tragique est aussi marquée par la mort de 30 000 chrétiens de Smyrne, lors de l'évacuation et de l'incendie criminel de cette ville de Turquie en 1922, à la fin de la Guerre d'indépendance.

Le rébétiko est une très belle musique populaire aux accents orientaux à laquelle vous pouvez vous initier en regardant le film Rembetiko, de Costas Ferris. Je vous présente ici une vidéo sur les incendies de l'été dernier en Grèce. Le montage est mis en musique sur une complainte politique intitulée Mana Mou Ellas (Ma mère la Grèce), que je trouve magnifique. À la fin de la vidéo, on brûle des photos de politiciens grecs, car cette vieille chanson dénonce les mensonges dits par l'État à la population, qui se retrouve sans abri, et exprime très bien la blessure ressentie par la population grecque touchée par les incendies de l'été dernier.