31 octobre 2006

No Halloween, please, we're Britons


Halloween, cette fête païenne, d'origine celtique et donc britannique, récupérée par l'Église catholique (la Toussaint), s'exporte mal au Royaume-Uni et en France dans sa forme américaine (citrouilles, chats noirs, sorcières et collecte de bonbons par les enfants), ce qui met en relief une fois de plus les différences entre Américains, Britanniques et Français.

Selon un sondage publié dans le New York Times, pas moins de 58 % des Britanniques éteignent toutes les lumières et se cachent dans le noir - une façon toute particulière de fêter les morts! - pour éviter d'aller répondre à la porte et de donner des bonbons le soir d'Halloween.

La police anglaise met même à la disposition des gens des affiches qu'ils peuvent coller sur la porte pour inviter les petits monstres à passer leur chemin sans frapper, mais une personne interrogée par le Times, sans doute une vieille dame indigne, a sa propre solution pour éviter d'être importunée par des vampires : «j'ai pensé à enlever le couvercle de ma sonnette pour qu'ils se prennent un coup de jus». Comme quoi les sorcières ne seront pas toutes dans les rues en Angleterre ce soir! Mais de toute façon, les Anglais ont déjà la Bonfire Night (ou Guy Fawkes Night), le 5 novembre (j'y serai!), pour assouvir leur goût des fêtes macabres...

Chez les Français, Halloween ne «pogne» guère plus. On y voit surtout une fête commerciale américaine, et les immeubles parisiens, souvent dépourvus d'ascenseur, n'incitent pas trop les passeurs d'Halloween à se manifester. Toutefois, à ce que j'ai pu voir, c'est surtout une fête de jeunes adultes trop contents de pouvoir se déguiser, boire un coup entre amis et rentrer tard, car le 1er novembre est un jour férié en France.

Et les Canadiens dans tout ça? Ben il fêtent platement l'Halloween comme les Américains, mais personnellement, j'avoue que j'ai fait l'Anglaise plus d'une fois, terrée dans le noir, dans le fond de mon appartement. ;)

Venise

Coucher de soleil doré sur Venise

Alors, Venise, c'est aussi beau qu'on le dit?

Je suis partie pour Venise en me disant que la réputation de cette ville était sûrement surfaite. J'imaginais déjà le piège à touristes romantiques beaucoup trop cher et j'ai donc prévu n'y dormir que deux nuits. Quelle erreur! Je n'ai qu'à laisser parler mes photos...


Lampadaire sur fond de mer

Venise, c'est une ville magique avec une luminosité très spéciale, un peu orientale. Je n'avais encore jamais vu de coucher de soleil de cette couleur dorée qui rappelle les mosaïques d'or de San Marco.

Jeune couple d'amoureux

Les hôtels et les restaurants sont hors de prix, évidemment, et la ville est romantique à souhait, aussi est-il préférable d'y aller en bonne compagnie (j'y étais seule)!

Le fameux pont des soupirs

J'ai dormi dans une île voisine, Murano, où les hôtels sont beaucoup moins cher, mais je crois qu'il vaut la peine de passer au moins une nuit à Venise même, juste pour pouvoir se promener tard dans la nuit, au clair de lune, et traverser tous les petits ponts (je crois qu'il y en a plus de 300, tous différents). En effet, pour rentrer à mon hôtel je devais prendre un vaporetto (les bateaux-bus de Venise), mais ces bateaux arrêtent leur service beaucoup trop tôt, soit vers 22 h.

San Marco et ses pigeons

Venise, c'est si beau que ça? J'ai déjà hâte d'y retourner...

Lampadaire aux pigeons

Danser sa vie

Danseuses irakiennes du Groupe de folklore national

De par le monde, il y a tellement de gens courageux qui croient en ce qu'ils font malgré toutes les menaces qui pèsent sur eux et la haine que leur passion déchaîne qu'avec la liberté et toutes les possibilités qu'on a on devrait avoir honte de ne pas essayer de faire ce qu'on aime dans la vie.

Dans cet article du Times, on apprend que des danseuses et des danseurs irakiens pratiquent leur art pendant quatre heures par jour tous les jours, dans le plus grand secret et le mensonge permanent, sans jamais être récompensés par les applaudissements de spectateurs, car les spectacles sont interdits. Ils risquent même la mort si des intégristes découvrent leur secret, mais eux qui savent voler dans la lumière refusent de ramper dans l'obscurité avec les autres et dansent leur vie.

29 octobre 2006

Petite devinette

Désinfectant réputé pour tuer 99,9 % des germes pathogènes, vendu en Amérique du Nord

Comment reconnaît-on à coup (presque) sûr un Québécois en Europe? Il a une mini-bouteille de gel désinfectant Purell dans son sac et s'en frotte les mains avant de manger.

Je ne crois pas me tromper en disant que les Nord-Américains (et particulièrement les Québécois!) craignent davantage les germes, microbes et bactéries que les Européens.

Tout le monde connaît le contact poisseux d'une barre de voiture de métro. Moi, j'imagine sans peine toute la faune microscopique qui grouille dans ma main et me fait des beubye après que j'ai touché cette barre, que des centaines de mains douteuses, suantes ou gluantes ont touchée. Aussi, la première chose que je fais en rentrant chez moi, c'est de me laver les mains à l'eau et au savon.

Toutefois, quand j'ai envie de manger quelque chose sur la route et qu'aucun lavabo n'est en vue ou qu'il n'y a pas de savon dans les toilettes, comme cela arrive souvent, je sors ma petite bouteille de Purell et j'ai l'esprit tranquille, car je sais que Purell, ça tue le méchant. :D

26 octobre 2006

Respect!


Franchement, vous m'impressionnez. J'ai parlé de sujets assez délicats et plutôt arides ces derniers temps (religion et politique) et chaque fois j'ai eu peur de recevoir une bordée d'injures, mais non! Tout le monde s'exprime de manière intelligente et respectueuse.

Quand je vois de quoi ont l'air les blogues de Canoe après le passage des trolls, je me dis que j'ai bien de la chance d'avoir un si bon lectorat. Je vous lève donc mon chapeau (d'ailleurs très joli - j'ai craqué quand je l'ai vu dans la vitrine du Printemps!).

Et pour vous récompenser, demain je vous emmène en Italie. ;)

À l'ombre du Vésuve

Le Vésuve, vu des ruines de Pompéi

Pour mon premier voyage en Italie, j'ai pris un vol d'EasyJet vers Naples, ce qui m'a coûté moins cher qu'un aller-retour Québec-Montréal en autobus. À vrai dire, Naples ne m'attirait guère en tant que tel. La ville est sale (des déchets traînent partout), chaotique (tout le monde roule n'importe où et dans n'importe quel sens, à trois sur une moto avec le petit frère qui accroche son vélo derrière!), pas très belle (je n'ai même pas eu envie de prendre de photos!) et pauvre, mais on y mange très bien et pour pas cher. Chez les Italiens, la bonne cuisine, c'est le sel de la vie.

Ai-je mentionné que Naples est terriblement bruyante? Pour vous dire, la fenêtre de ma chambre d'hôtel était munie d'une sorte de volet très épais qui se fermait comme une porte de coffre-fort. Je n'aurais pas pu dormir autrement... Naples, c'est le bordel, oui, mais je voulais voir Pompéi, juste à côté.

D'ailleurs, Pompéi refait surface dans l'actualité ces jours-ci car on vient de terminer la tâche ardue et délicate de restaurer un lupanar de luxe. Le bâtiment de deux étages qu'on a dégagé des cendres solidifiées est décoré de fresques érotiques non équivoques, et les prix, le nom des filles et leurs spécialités sont affichés sur les murs.

Je suis montée sur le volcan jusqu'au bord du cratère. On voit toujours un peu de fumerolles à l'intérieur .

Si vous êtes le moindrement attirés par l'histoire et la civilisation occidentale, une visite à Pompéi devrait vous passionner. J'ai passé une journée entière dans les ruines de cette ville très branchée à l'époque et je n'ai pas eu le temps de tout voir...

On y trouve de magnifiques fresques, mosaïques (mais les plus belles se trouvent au Musée archéologique de Naples) et sculptures, et certaines villas sont très bien conservées. On voit des échopes avec des comptoirs qui pourraient ressembler aux comptoirs de mets à emporter d'aujourd'hui, des écritaux sont encore visibles à l'entrée de magasins et j'ai même vu une caricature de l'empereur sur un mur (les graffitis ne datent pas d'hier!). Ces ruines fascinent pour leur capacité à nous faire plonger dans le quotidien de personnes qui vivaient il y a près de 2000 ans.

Le Vésuve, vu d'Ercolano, et les ruines d'Herculanum au premier plan

Le temps s'est arrêté à Pompéi et à Herculanum lorsque le Vésuve a explosé avec une violence inouie en l'an 79. L'éruption se déroulait pourtant assez gentiment depuis trois jours et de nombreux habitants n'avaient pas cru bon de fuir. Mal leur en pris car un nuage pyroclastique - dont la température avoisinait les 500 °C - a soudainement dévalé les pentes du volcan à quelque 140 km/h. Les dernières recherches indiquent que les victimes sont mortes instantanément, littéralement incinérées sur place. Une pluie de cendres a ensuite complètement recouvert les lieux et les a protégés de la détérioration et du pillage.

Rue de Pompéi. On peut voir les ornières laissées par les chars dans la pierre.

Toutefois, le plus étonnant, c'est probablement le fait que malgré ce témoignage éloquent de la dangerosité du Vésuve, plus de deux millions de personnes vivent encore sur les flancs et à l'ombre de ce volcan toujours actif, à portée de catastrophe, et sous-estiment les risques qu'elles courent. Les autorités savent qu'en cas de problème, il n'est pas possible d'évacuer tout le monde. Alors le gouvernement paie les gens pour qu'ils aillent s'installer ailleurs. Et que font-ils? Ils prennent l'argent et vont s'installer ailleurs... encore dans la zone rouge! Mais ils sont si pauvres, où iraient-ils de toute façon?

On dit que les Napolitains sont fatalistes. Que sera sera...


Une victime du Vésuve

25 octobre 2006

Voisin, voisine


À la suite de la question qui tue posée par Gryphon, j'aimerais que mes lecteurs québécois me parlent de la perception qu'ils ont des Anglais et des Américains et de l'apport de ces derniers à notre culture, le cas échéant (mais tout le monde peut bien sûr s'exprimer sur cette question ;)

Bref, suis-je aussi confuse que Bob dans le film Elvis Gratton quand j'essaie de définir notre identité culturelle et de reconnaître l'apport de certaines nations?

Bob : Moé ch't'un Canadien québécois! Un français Canadien-Français!
Voyageur : Ah bon!
Bob : Un Américain du Nord français! Un francophone québécois canadien!
Voyageur : C'est certain!
Bob : Eh ... Un Québécois d'expression canadienne française FRANÇAISE! Eh - On est des Canadiens américains francophones d'Amérique du Nord! Des franco-québécois.
Linda : On est ... On est des franco-canadiens du Québec
Bob : C'est ça!
Linda : Des Québécois canadiens!
Bob : Les deux, ouais, c'est vrai!
Linda : C'est ça!

Une identité de carton-pâte

Quelques maisons de Place royale, à Québec

Ce matin, en lisant l'intéressant billet de Caroline sur le syndrome de Paris, je me suis dit que c'était le bon moment pour parler de la déprime dont souffrent la majorité des immigrants québécois qui débarquent à Paris. J'en ai connu personnellement cinq et tous (dont moi) ont mis une bonne année à se remettre de cette déprime, à trouver leurs marques et à enfin (sauf une, mais pas moi!) apprécier la vie en France dans toute sa différence.

Peut-on aussi appeler cette déprime le syndrome de Paris pour touristes déçus ou est-elle plutôt attribuable à la perte douloureuse d'une illusion profondément ancrée dans l'inconscient québécois par les nationalistes, celle de l'identité française telle qu'ils la professent?

Au Québec, on nous rebat les oreilles depuis toujours à propos de notre identité française, de nos racines françaises, de nos ancêtres français, etc., pour des raisons politiques. On nous apprend à idéaliser la France et à rejeter systématiquement tout ce qui est anglais, comme si nous n'étions pas assez grands pour faire la part des choses et apprécier nos deux héritages culturels. Il faut peut-être accepter le fait que les Anglais ont gagné la guerre, que la Nouvelle-France n'existe plus, que le Québec fait partie du Canada et que 400 ans ont passé en terre d'Amérique...

Il faut dire qu'au début, les gouvernements francophones ont voulu protéger légitimement cet héritage français, mais que le tout a fini par être récupéré par les nationalistes à des fins de propagande séparatiste pour nous faire croire que nous n'avons rien à faire avec les «Anglais» qui peuplent le reste du Canada.

Erm... Chers amis français, n'en prenez pas ombrage, mais je crois que nous avons pas mal plus de choses en commun avec les Anglais qu'avec les Français et qu'un Québécois le découvre un peu brutalement quand il s'installe en France. Donc, le bon côté de l'affaire, c'est que vous n'êtes aucunement responsables de notre déconfiture d'expatriés. :)

Nous parlons (presque!) la même langue que vous, nos ancêtres étaient effectivement presque tous français et, comme vous, nous aimons bien manger et avons un peu de sang latin, mais nos similitudes s'arrêtent à peu près là. Cette ressemblance limitée, qui implique des ressemblances avec le Conquérant maudit, est toutefois très déplaisante aux nationalistes québécois.

La même Place en été

D'ailleurs, dans les années 70-80, un certain gouvernement n'a pas hésité à tripoter l'histoire de l'architecture pour dépouiller la Place royale de ses éléments architectoniques britanniques, bref, la refranciser et la rendre plus conforme à l'image disneyesque de berceau de la Nouvelle-France que les nationalistes voulaient lui donner. C'est M. Luc Noppen, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, que j'ai déjà eu comme professeur d'histoire de l'architecture, qui m'en avait fait prendre conscience. Mais d'autres spécialistes, tels Jean Cimon, n'en pensent pas moins :

«Ainsi, la moitié de la restauration architecturale dans l’arrondissement de Place Royale est basée sur des approximations livresques et sur une conception mesquine et faussement «nationaliste» d’un patrimoine urbain qui supprime deux siècles d’histoire urbaine (après la Conquête de 1760) et l’apport précieux des Britanniques à la beauté et à l’urbanité du Vieux-Québec. (1)

Ben voilà. Même moi, qui n'ai pourtant jamais été nationaliste, j'ai constaté des effets de ce brainwashing sur moi, en bonne partie grâce à mes pérégrinations entre Paris et Londres. C'est dommage, car je pense que sans cette vision déformée de la réalité qu'on nous a apprise et qui ressemble beaucoup à celle d'un parent divorcé immature désireux de rabaisser l'ex pour s'attirer les faveurs exclusives de l'enfant, je me serais adaptée plus rapidement et sans attentes irréalistes à la vie en France.

1) Promoteurs et patrimoine urbain, Montréal, Éditions du Méridien, 1991, p. 38.

24 octobre 2006

Saveurs québécoises

La poutine Ashton... peut-être la plus authentique

Ah, une bonne poutine! Composée de frites, de fromage cheddar (en crottes, si possible) et de sauce brune, la poutine est la reine incontestée du fast-food québécois et l'équivalent du fish and chips pour les Anglais, en terme de popularité, de petit prix (l'addition se paie surtout en calories!) et de référence culturelle.

Dans ma jeunesse, j'ai roulé jusqu'à 80 km et fait Québec-Montmagny avec mon chum pour en manger une plutôt originale, que nous adorions : la poutine-salade au poulet du restaurant l'Entre-Gens, soit une poutine classique surmontée d'une salade froide faite de laitue iceberg, de morceaux de poulet et de sauce à salade Miracle Whip (fausse mayonnaise qu'on aime manger chez nous), réchauffée par une délicieuse sauce brune. Mmm! Le mélange froid-chaud, quel raffinement culinaire!

Il y a des jours où entendre l'accent québécois à Paris, à Londres, à Rome (les Québécois voyagent beaucoup) ou ailleurs, me fait l'effet d'une bonne poutine, les kilos en moins. Dernièrement, un Québécois qui racontait une histoire et l'a terminée avec un « pis lâ, l'éléphant y'a capoté » tout naturel m'a fait rire aux larmes.

Entendre l'accent québécois et parler sans le retenir, la bride sur le cou, (mais n'exagérons rien, je ne suis tout de même pas Diane Tell pour m'être subitement transformée en Parisienne du XVIe arrondissement!), ça me manque parfois.

Je n'ai jamais été du genre à vouloir me tenir avec des Québécois quand je suis à l'étranger, car je trouve que ce sont autant d'occasions potentielles ratées de parler avec des autochtones mais, franchement, pouvoir parler sans faire attention à sa prononciation, à ses expressions, à ses tournures de phrase et à son vocabulaire calqués sur l'anglais ou venant tout droit de l'époque de Louis XIV, ça fait autant de bien que de desserrer sa ceinture après avoir mangé une bonne grosse poutine...

22 octobre 2006

Exposition Doisneau

Le célèbre Baiser de l'Hôtel de ville.

J'ai beaucoup fait de travaux dans mon appartement ces derniers jours (plâtre, enduit, peinture) et n'ai donc pas vraiment eu le temps d'écrire mon blogue.

Pour mes lecteurs Québécois, vous n'avez pas idée de la cochonnerie que ça génère, faire des travaux dans un vieil appartement parisien. Tous les murs sont en plâtre. Les murs de gyproc, légers et si pratiques, ça n'existe pas. Comme nous avons cassé plusieurs murs (faits de carreaux de plâtre d'environ un pied d'épaisseur) pour ouvrir l'espace dans l'appartement, nous avons jeté... deux tonnes de débris!

Et il y a la poussière qui vient avec toute intervention sur les murs... c'est comme de la farine très fine qui s'insinue partout et reste dans l'air longtemps. Les murs de ma chambre étaient recouverts de près de 100 ans de papier peint à grosses fleurs... Une fois dénudé, le mur était poreux et irrégulier comme un vieux mur de ciment. Il fallait donc poser un enduit de plâtre très fin dessus pour le lisser.

Poser cet enduit, c'est un peu comme tirer un joint très très long... qui fait finalement toute la surface des murs ou glacer un gâteau de 4m X 4m en faisant attention de ne faire aucune bosse. Après, il faut sabler les petits défauts, enlever la poussière du mieux qu'on peut et finalement peinturer.

Comme les plafonds ici font généralement 2,4m de haut et sont décorés de moulures et de corniches compliquées, le rouleau ne suffit pas et il faut travailler au pinceau sur une bonne partie du plafond. C'est drôlement fatiguant! Mon cou s'en souvient encore ce matin...

Mais aujourd'hui c'est dimanche, il fait beau, et j'irai me récompenser en allant voir une exposition de photos (gratuite, c'est rare!) de Robert Doisneau, célèbre photographe du Paris-carte-postale d'après-guerre. Plusieurs photos ont plus de 50 ans, mais le sujet de prédilection de Doisneau était l'être humain, elles touchent encore et je parie qu'elles n'ont pas du tout pris la poussière, elles..

17 octobre 2006

Discussions animées


En cherchant une photo de discussion animée dans Google, je suis tombée sur une photo d'amoureux à Paris... :)

J'ai eu un de mes premiers chocs culturels en France lorsque je me suis retrouvée à table avec la famille toulousaine de mon mari. Tout le monde parlait tellement fort qu'on aurait dit une engueulade, et je commençais même à me sentir mal à l'aise.

Vont-ils aussi se taper dessus?, m'inquiétais-je. L'argument passait d'un côté à l'autre de la table à une vitesse folle, comme une petite balle jaune à un match de tennis de championnat, et je redoutais de me trouver dans la trajectoire d'un smash de Roger Federer.

Un peu choquée, j'ai mentalement coupé le son pour les regarder. Fourchettes en l'air, sourcils froncés, concombre menaçant pointé sur l'adversaire, tomate blessée abandonnée au champ de bataille, vraiment rien pour évoquer la bonne entente et la sérénité familiale. «Mais qu'est-ce qu'ils ont?!», demandais-je à mon mari. «Ben, ils discutent!» Quelle question! Évidemment.

Les Français adoooorent argumenter. C'est un sport national au même titre que le foot. J'ai un ami Alsacien qui aime tellement les débats sans fin qu'il joue souvent à l'avocat du diable, juste pour le plaisir d'en faire durer un le plus longtemps possible. Un verre à la main, il est in-fa-ti-ga-ble. Moi, je m'épuise vite avec mes piles chinoises sans nom mais lui, il a des Duracell au dessus cuivré et se délecte de ma déroute dans un grand rire tape-cuisse. En bonne Québécoise, je mets fin au match en faisant mon McEnroe : je lance la raquette.

Les Québécois ont tendance à abandonner assez rapidement la partie lorsqu'ils se rendent compte qu'ils n'arriveront pas à s'entendre. Le consensus nous importe infiniment. Les référendums en série, ça nous connaît, mais l'ostinage, ça nous fatigue. Chez nous, on fait même des révolutions tranquilles. Pas d'ennemis à raccourcir et personne à trucider. On veut la paix.

«Je joue pu, debord!», «Pas de chicane dans ma cabane!», «Accordez-vous donc, c'est si beau l'accordéon!», nous avons toute une série de phrases toutes faites de ce genre pour mettre les discussions animées et les différends au tapis et retrouver rapidement un semblant de sérénité. La paix rétablie, on s'écrase sur le sofa et on sourit, soulagé. «Ahhh... Fait chaud, ça pue pis on est ben.»

16 octobre 2006

Billets maudits

Je remets mes billets maudits (sur la religion) en ligne. Après tout, j'ai mis mes gants blancs, je n'ai insulté personne et puis ce n'est que mon opinion que je partage. Paix aux hommes de bonne volonté! ;)

15 octobre 2006

Petites précisions

Figurez-vous qu'avec tout ce que j'ai écrit aujourd'hui, j'ai quand même eu une journée de peinture très productive dans mon appartement. Waouh! Je suis déchaînée! Ça speede, les vapeurs de peinture? ;)

Je voudrais ajouter une chose ou deux pour clore mon chapitre sur la religion.

Qu'on ne se méprenne pas : je respecte les gens d'autres religions. J'ai des amis juifs, catholiques et musulmans, et on n'a pas envie de s'envoyer les missiles nord-coréens qu'on récolte quand on se trompe de code en écrivant un commentaire dans un blogue. ;)

Je respecte aussi les gens pour qui la religion est plus qu'une simple partie de leur identité culturelle. Tout va bien tant qu'ils ne me jugent pas - ou pire! -, qu'ils me respectent si je ne suis pas de leur avis et qu'ils n'essaient pas de me convertir.

À propos, les conversions par amour, malheureusement je ne crois pas que ça marche. Le plus souvent, cela entraîne l'aliénation complète à plus ou moins long terme du conjoint à convertir. Oublier tout ce que l'on est et ce que l'on a été pour avoir le droit de vivre avec quelqu'un qu'on aime? Non merci, pas pour moi, mais je comprends les interrogations profondes, comme celles d'Annie, qu'on peut avoir lorsqu'on est amoureux d'une personne d'une autre religion. Mon identité culturelle me tient trop à coeur pour que je la mette au rancart pour qui que ce soit et je crois qu'il n'y a pas d'amour sans respect et acceptation de l'autre pour ce qu'il est et de ses valeurs. Après tout, j'écris aussi ce blogue pour tenter de la définir un peu, cette identité, mine de rien. ;)

J'ai lu avec plaisir le billet d'Um Zayd sur le Ramadan. Sa description me ramène encore à ce que je pense de l'aspect familial si important des fêtes et rites religieux, de l'attachement, des souvenirs et des émotions qu'elles suscitent et du sentiment d'appartenance qu'on a envie de transmettre à ses enfants. Je comprends bien tout ça et le respecte.

Je termine ici sur une note positive et pleine d'espoir : L'année dernière, j'ai assisité à un Sing Along (un concert auquel tout le monde est invité à participer... on distribue même les paroles des chansons avant le spectacle!) de Noël au Royal Albert Hall, à Londres et juste devant moi, une famille de Sikhs - le mari, la femme et un enfant - participait comme tout le monde et semblait avoir du plaisir à se mêler à la fête. Le partage et l'acceptation de l'Autre prenaient vraiment tout leur sens quand je les regardais aller. C'était génial. Si seulement c'était toujours comme ça!

Clé de l'énigme...


En essayant avec difficulté de laisser un commentaire sur un autre blogue, je crois que j'ai compris pourquoi si peu de lecteurs me laissent un commentaire :

1) Ils sont timides. Ça arrive dans les meilleures familles... ;)

2) Ils sont dyslexiques et la vérification des mots de type yllivwcdbuqk leur rend la chose impossible;

3) Ils ont peur de se tromper d'une lettre en recopiant yllivwcdbuqk et d'entrer par accident le code qui va nous envoyer un missile nord-coréen dans la tronche.

Allez, je vous comprends. ;)

Religions suck

La nouvelle selon laquelle un livre qui rejette toutes les religions, The God Delusion, se vend comme des petits pains chauds et est en voie de devenir un bestseller au Royaume-Uni me réjouit. Religions suck. Elles n'ont jamais réellement menées qu'à la guerre et à la division, toujours en raison de leur nature dogmatique et exclusive. Dans l'idéal, je souhaiterais donc voir la disparition des religions.

Pourtant, j'accepte de me voir comme une catholique pour des raisons culturelles et familiales. C'est la religion de mes parents et de mes grands-parents. Je suis attachée à nos fêtes religieuses parce que ce sont toujours des fêtes familiales.

Chaque année, ma grand-mère faisait sa neuvaine à Sainte-Anne. Pourquoi Sainte-Anne? Parce que c'est une des rares (sinon la seule) saintes qui a été grand-mère, et que la mienne avait adoré sa grand-mère. Voilà. La sentimentalité résume souvent l'attachement qu'on peut avoir pour sa religion et celle de ses ancêtres. À ce stade-ci, aucun risque de devenir kamikaze...

Je ne me convertirais à aucune autre religion, simplement parce que je n'ai nul besoin de me soumettre à plus d'exigences que je n'accepte de ma religion d'origine. C'est-à-dire peu. Les concepts de charité, de pardon et de réciprocité (Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse) que j'ai tirés du catholicisme me conviennent tout à fait et me suffisent comme religion. Ces notions relèvent en fait de la morale et du bon sens, et on peut devenir une bonne personne en suivant ces règles toutes simples (mais pas si faciles à appliquer en tout temps!). Jusque-là, pas de danger de déclencher une guerre pour une telle religion... qui n'en est pas une!

J'aime les églises et les cathédrales parce qu'elles sont belles et calmes. Je vais m'y asseoir de temps à autre pour me retrouver, dans l'odeur d'encens, et j'allume un cierge en ayant une pensée pour mes grands-parents décédés. Je pourrais trouver une mosquée ou une synagogue tout aussi belles et tranquilles. Encore là, avec cet esthétisme, on ne risque pas de développer une fixation sur les impies...

La vue d'un hidjab, d'une kippa, d'un turban sikh ou d'une croix ne me heurte pas. Ces signes religieux ne semblent pas rattachés à de l'extrémisme. Ils peuvent tout aussi bien traduire une appartenance culturelle qu'un attachement sentimental à une religion. Ça ne me semble pas dangereux du tout.

Par ailleurs, une femme peut être heureuse de se vêtir modestement ou de se montrer sexy. C'est selon. Personnellement, je ne crois pas que la tyrannie esthétique masculine me fera choisir des talons aiguilles plutôt que des sensible shoes. On n'en est plus à ce féminisme du rejet des jeux de la séduction, je pense, et passé 20 ans, je crois que les femmes sont conscientes que ce qu'elles portent véhicule un message et leur accole une certaine image qu'elles sont libres de choisir.

Le véritable danger de la religion vient de la bigoterie et de l'autosatisfaction de ceux qui prennent leur religion, qu'elle soit chrétienne, juive, musulmane ou autre, pour la seule vérité. Ça, c'est de la maladie mentale qui mène à la violence. Ça tue le cerveau et toute tolérance, et la vie humaine ne devient plus qu'une longue série d'actions-réactions irrationnelles.

On en voit tous les jours dans les journaux, de ces actions-réactions. Attentats, kamikazes ou non, crimes d'«honneur» et femmes défigurées à l'acide ou assassinées, massacres organisés contre des gens pas assez religieux au goût du jour, toute l'horreur du monde peut être contenue dans le seul mot religion si l'on n'y prend garde. La religion peut facilement devenir une arme de destruction massive entre les mains d'abrutis.

Quant au hiqab, ce long voile que la femme porte et qui ne lui laisse qu'une fente comme horizon, il me semble tout à fait aberrant. C'est d'abord le symbole d'un extrémisme dangereux et d'un rejet de la communication dans sa forme la plus naturelle et humaine : l'expression faciale. C'est aussi le reflet d'une volonté de s'isoler du reste de la société et une forme de ségrégationnisme.

On peut aussi se demander si la femme au hiqab est libre de se vêtir ainsi ou si elle est soumise à la loi des hommes (le Coran ne prescrit nullement ce vêtement). Si elle y est forcée, on doit le condamner vigoureusement, comme tout pratique allant à l'encontre des droits de la personne.

Par contre, j'ai lu très souvent que les mères des femmes qui choisissent de le porter avaient adopté la mode vestimentaire occidentale et que la fille réagissait en choisissant une mode vestimentaire à l'extrême opposé. Des filles décident bien de s'habiller en gothique, en punk ou en lolita pour défier la mère? Mais voilà encore un comportement action-réaction douteux et la manifestation d'une rébellion plutôt adolescente. À chacune ses névroses...

Enfin, comme dans Imagine de Lennon, je souhaiterais voir un monde qui vit dans la paix, et cette paix me semble plus facilement réalisable sans religion. Un monde sans religion, puisque l'entente entre les religions semble si difficile, est-ce possible? You might say I'm a dreamer, mais au vu des ventes impressionnantes de The God Delusion, I'm not the only one...

14 octobre 2006

Expat' zoo

Au risque de passer pour une «matante» finie et complètement gâteuse, je récidive avec un billet sur nos amis les animaux. Après tout, pourquoi pas? Je vis bien au pays de Brigitte Bardot!

Quand j'ai quitté Hull pour Paris, il était hors de question que j'abandonne mes animaux. Je partageais tout de même depuis 12 ans un bonheur sans nuage, mon lit et mon spaghetti italien avec Pitounette, ce dont aucun homme ne peut encore se vanter.

Quant à Kako, le volatile venu d'ailleurs - Paix à son peuple! - je n'imaginais pas me passer de son imitation parfaite de la sonnerie du téléphone. Grâce à lui, j'avais l'impression que le téléphone sonnait tout le temps et que plein d'amis se bousculaient pour inviter les sauvages que nous étions, mon mari et moi, à sortir pour profiter de la trépidante vie hulloise.

Ah, l'Outaouais! Pays des Bob et Mike qui se prénomment en fait Robert et Michel! Royaume des chauffards en quatre par quatre qui dépassent par la droite! Paradis des arts et de la culture adaptés aux fonctionnaires, ces drôles d'orignaux de la bureaucratie canadienne qui peuplent la région! La tirade sur l'art et la culture vous fait sourciller? Gens de peu de foi! Sachez que j'ai déjà assisté à une exposition de tapisseries anciennes portées par Gilberte et sa copine Fernande au chic Kelsey's de Gatineau, et ce, à guichets fermés.

Vous n'êtes pas tellement portés sur les vieilleries? Qu'à cela ne tienne, l'art moderne y est également bien représenté. Figurez-vous qu'un jour, à la distinguée Station de Hull, j'ai vu avec émotion de fins connaisseurs se mettre à taper des mains spontanément à la vue d'un artiste en jeans et tablier présenter une performance pyrotechnique sur gâteau. Que de souvenirs...

Mais revenons à nos moutons après tout ce cirque. Pour parodier la célèbre Poune, oui, j'aime mes animaux et mes animaux m'aiment. Et comme ce n'est pas l'amour vache, ils ont tout naturellement pris Air France avec moi, après moultes péripéties avec les autorités françaises, qui menaçaient de «détruire» Kako si je n'arrivais pas à prouver qu'il n'était pas un spécimen d'une espèce rare et protégée par la Convention de Washington.

Ces ignares confondaient donc une perruche avec un perroquet, qui lui est protégé par cette convention! Une fois l'imbroglio résolu, je ne devais cependant jamais leur avouer qu'effectivement, Kako et Pitounette sont des spécimens rares d'animaux, à bien des égards...

13 octobre 2006

Kako, la perruche qui venait d'ailleurs...

Kako

Quelqu'un, quelque part à Hull, au Québec, ne peut se douter que sa perruche qui s'est échappée dans la nature en octobre 2000 est toujours de ce monde et vit à Paris, en bonne intelligence avec une chatte, québécoise elle aussi...

C'est l'été indien et Kako a volé tout le jour dans l'azur et la douceur de l'air, en savourant une liberté qu'il n'avait jamais goûtée auparavant. Il s'est perché pour la première fois sur la branche d'un arbre et en a éprouvé l'écorce, bien plus rugueuse sous ses pattes que le perchoir en plastique de la cage qu'il connaît si bien, dans une maison, quelque part... Où, déjà? Le vent dans ses plumes, ses ailes déployées sous le soleil éblouissant, l'ivresse du vol le porte si loin, déjà.

D'autres oiseaux, au plumage tellement plus terne que le sien, s'adressent à lui dans une langue qu'il ne connaît pas. Qu'importe! Kako leur répond joyeusement, dans sa langue australienne. «Bonjour! Bonjour!» Quel plaisir d'avoir des compagnons! La journée est magnifique et Kako aime sa liberté, mais comme avec la chèvre de Monsieur Seguin, celle-ci sera cruelle et voudra réclamer sa jeune vie...

Le soleil faiblit déjà. Octobre fait s'étirer les ombres très tôt, et déjà elles se couchent sur la terre en exhalant leur haleine froide. Kako, tout seul dans son arbre, gonfle ses plumes pour se réchauffer et cherche des yeux un peu de lumière. Lui, qui n'est encore qu'un bébé aux yeux tout noirs, sait d'instinct que la lumière pourrait le réchauffer.

«Là-bas, dit-il, je vois de la lumière. Il y a des gens. Ah oui, des gens... Une cage?». Mais avec un peu de chance, ces gens seraient gentils et s'occuperaient de lui. Il aurait à manger et dormirait au chaud. Là-bas... Dans une cage.

Voler dans l'obscurité est terrifiant, mais Kako ouvre grands les yeux et fixe la lumière à atteindre. Il n'a pas l'habitude de voler et ses ailes sont fatiguées. La maison semble si loin et l'air le glace, mais quelques coups d'ailes encore et il atteint enfin le rebord de la fenêtre, épuisé, transi.

«Eille, c'est quoi, ça?!! Une perruche! Viens voir!» Ah, enfin! Les gens ont vu Kako et ouvrent la fenêtre. Une main se tend vers lui, lentement, tout doucement, pour ne pas lui faire peur. Kako sent déjà la chaleur rayonnante de la main le caresser. «Je dois faire confiance, c'est ma seule chance», pense Kako, et il saute dans la grande main ouverte en fermant les yeux.

«Ben j'en reviens pas! La perruche n'a pas peur! Mais elle doit avoir froid!», s'exclame la femme, qui tient Kako dans sa main. Elle a de longs cheveux bruns et Kako est sûr qu'il fait plus chaud dans son cou. Il y est en un bond et reste perché là, sur son épaule, derrière une rideau de cheveux lourds, à l'abri de la mort. Il ferme les yeux. La chaleur l'enveloppe. Il va vivre encore et les gens l'aiment déjà. Tant pis pour la cage, il finira par s'en faire une maison.



Kako sur Pitounette, son chat préféré. C'est doux pour les pieds!

10 octobre 2006

Silence radio...

Comme c'est étrange! Deux jours sans un seul commentaire et je me sens abandonnée... ;)

On a beau dire, mais un blogue, c'est bien plus qu'un journal. Comme Blanche, j'aime écrire, mais je n'ai jamais écrit mon journal, justement parce que j'ai besoin d'être lue ou, du moins, d'écrire à quelqu'un ou en pensant à quelqu'un, et que j'espère une réponse, un sourire ou juste un signe de la main, même lorsque tout cela est parfaitement illusoire.

Si je devais quand même essayer d'écrire mon journal, il prendrait la forme d'une conversation imaginaire avec quelqu'un que je connais. J'ai vu un jour, dans une galerie d'art de Londres, une toile intitulée All the letters I never sent. J'ai souri. Moi aussi, j'en ai écrit des lettres que je n'ai jamais envoyées. Toutefois, pour les écrire, j'ai dû croire ou imaginer que je les enverrais et que quelqu'un les lirait puis me répondrait... peut-être.

Voilà, je suis incapable d'écrire pour écrire, je l'avoue. Le plaisir des mots ne me suffit pas.

08 octobre 2006

Petite promenade dominicale

Coucher de soleil sur l'Intitut de France et la Conciergerie, le 8 octobre 2006

Rien de tel pour se réconcilier avec Paris et les affres de la vie urbaine que de se promener le long de la Seine par un beau dimanche après-midi! Mon amie Marie, une vraie parisienne née à Belleville, est toujours partante pour une petite ballade dans Paris, le nez au vent. Elle fait mentir à elle seule tout ce que j'ai bien pu dire sur les Parisiens et le manque d'intérêt lamentable qu'ils affichent souvent pour leur ville.

Curieuse, rieuse et intrépide, Marie n'a jamais hésité à braver tous les dangers pour prendre le RER et m'emmener en banlieue (vous savez, là où les voitures brûlent par centaines dans les rues et où la guerre civile menace d'éclater à tout instant... selon certains médias étrangers en mal de cotes d'écoute!), à Saint-Denis, par exemple, où se trouve la basilique qui contient la plupart des tombeaux des rois de France.

Mais pour aujourd'hui, on se la joue pépère : direction Notre-Dame et les bords de Seine. Nous avons donc la surprise de pouvoir entrer à Notre-Dame, en pleine messe, avec une horde de touristes armés d'appareils-photos. Je doute fort qu'il soit possible de jouer les touristes dans une mosquée à l'heure de la prière... Un peu de respect pour les fidèles serait de mise, ici!

Notre-Dame de Paris, à la fin de l'après-midi

Nous sortons ensuite au soleil et nous arrêtons à deux pas du parvis Notre-Dame pour acheter des crêpes à l'abricot, enroulées dans un cornet de papier, que nous dégustons ensuite en marchant sur le quai et en discutant de tout et de rien. Après un petit détour vers la pointe de l'île de la cité, nous revenons sur nos pas pour assister au coucher de soleil sur la Conciergerie. Magnifique!

05 octobre 2006

Circulez!


Avancer dans une foule, c'est fatiguant. Je me suis amusée à dresser la liste de ce qui m'énerve, disons un samedi après-midi sur un trottoir bondé de Belleville

Les amoureux incapables de se lâcher la main même s'ils causent un embouteillage.

Les mères qui se servent de leur poussette comme d'une charue pour «tasser» tout le monde.

Les chiens dont la laisse est si longue qu'elle s'entortille autour des gens.

L'étron qu'on voit trop tard.

Vous en avez d'autres? :)

04 octobre 2006

Sous le ciel de Paris




Hier, le coucher de soleil était magnifique. J'ai vu des reflets roses et oranges sur le mur, ce qui m'a amenée à regarder dehors. La vue n'est pas géniale de mon appartement, mais elle est assez dégagée, ce qui est rare à Paris, où tout le monde ou presque a un immeuble en vis-à-vis.

Nous entrons maintenant de plain-pied dans l'automne. Cette étape (qui dure tout de même tout le mois de septembre, jusqu'à la rentrée universitaire) où tout le monde reprend sa vie normale après l'été et les vacances n'est pas aussi marquée au Canada, car les Canadiens ne prennent pas tous leurs vacances en même temps et la vie d'une grande ville canadienne ne s'arrête pas avec un départ massif pour les vacances. En été, les magasins ne ferment pas et les ministères ne cessent pas d'assurer des services. Forcément, le retour au métro, boulot, dodo se fait plus discret chez nous.

Je suis contente de reprendre mes cours de vitrail/décoration sur verre et de commencer un cours de civilisation et littérature anglaises. La Mairie de Paris offre un éventail incroyable de cours et de formations qui permettent souvent d'obtenir un diplôme à peu de frais ou d'avoir des loisirs intéressants. Cuisine, couture, informatique, chapellerie, peinture, vitrail, langues étrangères, théâtre... on trouve vraiment de tout pour tous les goûts!

Je commence ma quatrième année de cours municipaux d'adultes et j'avoue que ces activités ont été mon sésame pour entrer dans la société française, rencontrer des gens et m'intégrer, comme on dit.

02 octobre 2006

Choc culinaire


J'étais attablée à mon bistrot parisien préféré (en fait, il est à deux pas de chez moi et le patron est très sympathique) quand j'ai entendu un couple d'Américains, assis à la table voisine, commander dans un français, ma foi, assez convaincant : «deux dauwrades, s'il vous plaît».

Bien sûr, le patron a remarqué que les clients sont Américains et se retourne vers moi en souriant avant de les «avertir» que la daurade est un poisson servi avec la tête et la queue et la peau et les yeux, Alouette! Les Américains ouvrent grand les yeux (de merlan frit) et se regardent : «Ah bon?!! Heu... On peut wregawrder encowre la meniou?».

Le patron a de longues années d'expérience avec les touristes et sait très bien que les Nord-Américains ne supportent pas qu'on leur rappelle brutalement que ce qui se trouve dans leur assiette était un animal qui nageait ou broutait encore gaiement il n'y a pas si longtemps. Comme quoi les Québécois n'ont pas que Céline Dion en commun avec les Américains...