17 avril 2008

Problème d'ordinateur

J'écris depuis un café Internet puisque mon ordinateur m'a laissée tomber hier. Heureusement c'est un Dell et il sera pris en charge même ici. Le technicien viendra chez moi! Je devrais pouvoir le récupérer en fin de semaine. A plus tard!

15 avril 2008

Perfection



J'ai toujours était perfectionniste, à un point tel que plusieurs de mes projets s'en sont trouvés paralysés. Comme maintenant. Je n'écris plus tellement de billets parce que je cherche la meilleure façon de décrire le plaisir immense et la joie parfaite qu'on éprouve à vivre en Grèce et je ne la trouve pas.

Pourtant, je suis peut-être au meilleur endroit pour tenter de guérir de ce perfectionnisme, car la perfection de la vie qu'on trouve ici est humaine, conciliante, chaleureuse et pardonne beaucoup de travers. Après tout, les dieux grecs eux-mêmes faisaient de grosses bêtises!

Finalement, c'est pourquoi rien n'est parfait mais tout est parfait en Grèce. Je vais y réfléchir encore un peu. Ce perfectionnisme fatigant disparaîtra peut-être en quelques tours de komboloï? C'est ce que je me souhaite en tout cas.

11 avril 2008

Détournement d'un symbole



Voilà ce qu'est tristement devenue la torche olympique. Cette caricature est publiée aujourd'hui dans le Kathimerini d'Athènes.

Je rappelle ici une partie du discours prononcé par Jacques Rogge, président du CIO, le 24 mars 2008, jour de l'allumage de la flamme olympique à Olympie.

It all began here in Olympia,
the place where the ancient Olympic Games
were celebrated. It is a place that has inspired
and still inspires. It is the place that has also
been at the origin of the Olympic Truce:
the Ekecheiria, the sacred truce
that was proclaimed and announced
by the citizens of Elis who traveled
throughout Greece to pass on the message.

Today we are sending out thousands
of modern messengers over the five continents
to spread the message of Ekecheiria.
This message will be heard and understood
in all corners of the world wherever the torch passes by.
I express here the hope that the symbol of the torch
will be recognized by everybody
and that the right circumstances can be created,
wherever the torch travels,for it to resonate.
The Olympic Torch Relay and the Olympic Games
must take place in a peaceful environment.

Hum...

06 avril 2008

Clepsydre


L'un des nombreux chats de l'Acropole faisant la sieste sur le mur de la rue Klepsydras

En faisant une promenade autour de l'Acropole, le nom d'une rue a attiré mon attention et c'est ainsi que j'ai découvert le premier centre "Météo-Média" de l'Antiquité. Une source appelée Clepsydre (mot qui veut dire littéralement "voleur d'eau" et qui, une fois décomposé, contient les racines de mots français tels que cleptomane et hydratant) jaillissait du rocher de l'Acropole, était canalisée et s'écoulait dans la rue du même nom (photo ci-dessous). Elle alimentait une horloge, elle même appelée clepsydre, dont le mécanisme était actionné par l'eau.



Cette clepsydre était l'un des nombreux instruments météorologiques de la Tour des vents, construite par l'ingénieur macédonien Andronicos au 1er siècle avant J.C. et située dans l'Agora romaine d'Athènes. La Tour des vents était surmontée de la première girouette du monde, en forme de triton, qui pointait, selon la direction du vent, vers l'une des huit faces du monument, sur lesquelles sont sculptés les personnages représentant les vents dominants d'Athènes, soit Borée, Cécias, Apéliote, Euros, Notos, Lips, Zéphyr et Sciron.

Les faces de la Tour des vents étaient également dotées de cadrans solaires situés juste en dessous des reliefs sculptés. On peut comprendre que la clepsydre permettait de connaître l'heure pendant la nuit ou les jours nuageux.

Aujourd'hui, la Tour des vents, dépouillée de ses instruments et de ses canalisations quand elle a été réaffectée en clocher d'église, à l'époque byzantine, ne sert plus qu'à agrémenter le paysage. L'église a par la suite été détruite et la tour s'est enfoncée dans le sol avec le temps. On ne l'a redécouverte qu'au XIXe siècle.


La Tour des vents, avec son réservoir d'eau autrefois alimenté par la source Clepsydre

À chacune de mes promenades, le nom d'une rue me raconte une histoire et c'est là l'un des nombreux charmes d'Athènes.

03 avril 2008

La délinquance en Grèce?

Hmm... Je ne sais par où commencer ce billet, car pour tout dire la délinquance, comme on l'entend en France, est presque inexistante en Grèce. C'est énorme, hein? Je n'ai pas de statistiques pour le prouver, mais plein de petits détails observés au quotidien l'affirment haut et fort.

Les boîtes aux lettres n'existent pas dans les immeubles. Le facteur fait des piles de lettres, tous destinataires confondus, et on se sert. Si le vol de courrier était un problème, ça se saurait!

Des voitures passent des semaines et des mois sous une bâche (anti-crottes d'oiseaux?) dans la rue ou sans protection du tout et y restent avec tous leurs morceaux.

Un handicapé de mon quartier laisse son fauteuil roulant motorisé dehors, sur le trottoir. Si on était à Paris, des "djeunez" se sauveraient avec, le démoliraient et/ou le jetteraient dans le canal Saint-Martin.

Les tables et les chaises des tavernes ne sont pas enchaînées et, dans la plupart des cas, on les laisse dehors la nuit. Je vous rappelle qu'Athènes est une ville de plus de 3,5 millions d'habitants. La moitié des Grecs y habitent! Incroyable.

Il y a très peu de quartiers "chauds", sauf Omonia, car c'est le quartier des putes et des junkies, et l'ambiance quelque peu électrique d'Exarchia peut impressionner les passants, car c'est l'antre des anarchistes, mais quand on vaque à ses propres affaires et qu'on ne représente pas l'autorité on n'a rien à craindre.

À Athènes, je peux rentrer seule à pied au beau milieu de la nuit sans avoir peur. Les rues sont rarement désertes de toute façon. Quelle différence avec Paris, où je ne me sentais pas en sécurité quand je rentrais chez moi après 23h! (à cette heure pas si avancée, il y a deux mois, trois copines se sont fait courser par un taré armé d'une barre de fer, à deux pas de mon ancien appartement).

Évidemment, je ne dis pas qu'il n'y a pas de criminels - j'ai failli être victime d'un pick-pocket il y a quelques semaines - je veux juste attirer l'attention sur le fait qu'on ne vit pas du tout dans un climat de paranoïa ici.

Autres constatations en lisant tous les jours le eKathimerini (le Quotidien en ligne) en version anglaise : les crimes violents sont généralement commis par des étrangers : Albanais, Géorgiens, Pakistanais, etc., et parfois par des maris grecs cocufiés!

Les Grecs qui adoptent des comportements criminels choisissent le plus souvent la criminalité "douce" et invisible, comme la corruption, et sont souvent roublards en affaires. Sinon, on peut aussi remarquer que le foot, comme partout ailleurs, peut susciter le hooliganisme chez les abrutis et que les manifestations politiques ont tendance à être rock'n roll par ici.

Pour ceux qui lisent l'anglais, vous trouverez les faits divers du jour, y compris l'arrestation de chercheurs de "trésors,  ici.

30 mars 2008

La flamme qui met le feu aux poudres



Je suis passée devant le stade olympique hier au moment où des répétitions avaient lieu avec l'armée et les jeunes athlètes grecs et chinois qui présentent le drapeau de leur pays respectif.



La flamme olympique devait être remise à la Chine ce matin, dimanche, mais la peur des autorités de voir la cérémonie perturbée par des manifestants pro-Tibet, comme ce fut le cas à Olympie, rend la sécurité tellement exagérée autour de l'événement (au point d'interdire l'accès aux journalistes sur l'Acropole, où la flamme était entretenue pour la nuit!) que le tout a été reporté à plus tard dans la journée, pour déjouer tout le monde. Du coup, je n'ai pas envie de suivre l'événement en personne. Au moment où j'écris ce billet, la cérémonie a sans doute commencé car j'entends les hélicoptères tourner au-dessus d'Athènes.



La Chine a certes beaucoup de choses à se reprocher en fait de non-respect des droits de l'homme - et ce n'est pas nouveau - mais je pense qu'il est trop tard pour boycotter les Jeux Olympiques. Ça ne se fait pas. Les athlètes s'entraînent depuis des années pour cet événement censé rapprocher les peuples dans un même effort de dépassement. Du moins, c'est l'idéal olympique.



Il fallait y penser avant et ne pas attribuer les Jeux à la Chine, tout simplement. La politique et les manifestations avaient leur place AVANT cette attribution. La répression du Tibet ne date pas d'hier, quand même! N'y a-t-il pas un problème d'éthique dans le choix de ce pays comme hôte des Jeux Olympiques? On me dira que Berlin a bien eu les JO sous Hitler... Il y a quelque chose de pas net au CIO, non?

Mais maintenant que les jeux sont faits, boycotter les JO ne servirait à rien, n'aiderait pas le Tibet et ne punirait que les athlètes, qui n'ont rien à voir avec tout ça. Ils font du sport et non de la politique et méritent d'être respectés. En tout cas, c'est ce que je me disais en regardant les jeunes porteurs de drapeaux.

22 mars 2008

Un peu de bouquinage


La photo de la rue Skoufa, ci-dessus, où l'on voit une partie de l'église Saint Dionysios Aéropagite, est la seule que j'ai pu prendre aujourd'hui car j'avais oublié de recharger les batteries de mon appareil-photo. Doh!

Kolonaki, au pied du mont Lycabette, est un autre quartier très agréable d'Athènes. Il est réputé non seulement pour ses boutiques de luxe mais aussi pour ses nombreux cafés et ses boîtes de nuit. J'y suis passée cet après-midi pour boire un café frappé - une invention grecque moderne (un grand verre de Nescafé glacé et fouetté qu'on boit avec une paille - après avoir fait une razzia chez Eleftheroudakis, dans Syntagma, sans doute la plus grande librairie (grecque et anglaise) de la ville, répartie sur huit étages, dont un est occupé par un café. C'est l'équivalent grec du Chapters canadien.

Voici mes lectures pour les prochaines semaines :

B. Church - Learn Greek in 25 years: A crash course for the linguistically challenged. En 25 ans? C'est encourageant!!! ;)

M. Marmarelis - Vignettes of Modern Greece

J. Carr - Your Eyes Fourteen: The Mad Greek Dictionary

N. Kazantzakis - Freedom and Death

N. Kazantzakis - Report to Greco. Les livres de Kazantzakis sont introuvables en français car ils n'ont pas été réédités depuis le déluge, ce que je ne comprends pas.

D. Farr Louis - Athens and Beyond: 30 day trips & Weekends

J. Mole - It's All Greek to Me!: A Tale of a Mad Dog and an Englishman, Ruins, Retsina - And Real Greeks*

J. Eugenides - Middlesex

J'ai pris le métro pour rentrer chez moi et comme il y avait beaucoup de monde et que ça poussait fort pour entrer, un homme s'est adressée aux voyageurs impatients : Siga, paidia, siga! (Doucement, les enfants, doucement!). Il n'y avait personne de moins de 25 ans autour de moi et ça m'a fait sourire. Les gens restent toujours des enfants en Grèce...


*Vous remarquerez que l'humour anglais figure en bonne place dans cette liste... :)

16 mars 2008

Blogue ou blog?

Petite digression aujourd'hui : Comment doit-on traduire blog ou weblog en français? C'est la question intéressante que Pascale a soulevée dans son dernier commentaire.

J'utilise le mot "blogue" depuis toujours, sans doute parce que j'ai travaillé un certain nombre d'années comme terminologue à la pige à l'Office de la langue française du Québec et que j'ai conservé des réflexes de terminologue. On remarquera que même si la langue populaire québécoise inclut moult anglicismes syntaxiqueshybrides et morphologiques, les Québécois sont reconnus comme des redresseurs de torts qui pourfendent furieusement les Français pour leur tendance à commettre des anglicismes intégraux (pensons notamment à shopping pour magasinage). ;)

Soyons logiques : pourquoi adopter le terme "bogue", la forme francisée de bug, pour ensuite adopter le mot blog dans sa morphologie anglaise! Le suffixe -og n'existe pas naturellement en français, et si on accepte les termes "bloguer" et "blogueur" dans la langue française, "blogue" ne semble-t-il pas plus naturel que "blog"?

J'ai vérifié mon raisonnement en suivant ce lien vers le site Web de l'Office de la langue française. L'OLF tombe parfois dans l'intégrisme linguistique, mais dans le cas présent je suis tout à fait d'accord avec sa décision de rejeter la graphie "blog".

12 mars 2008

Grégarisme et mots doux


Discussion entre un client et probablement deux propriétaires de tavernes. J'adore ce joli coin de Plaka, parcouru d'escaliers de pierre assez larges pour accueillir les tables des tavernes.

Pour vivre heureux en Grèce, mieux vaut être grégaire et se faire une parea, un groupe d'amis avec lesquels sortir. Les gens sortent très rarement seuls à Athènes, même pour aller au concert, et je me sens observée quand je sors en solo, comme si on me plaignait de ne pas avoir d'ami(e)s. Heureusement, le fait d'être étrangère semble me laver de tout soupçon de non-sociabilité et on vient me parler spontanément, toujours très gentiment.

En fait, les Grecs se disent constamment des mots affectueux, qui vont de paidi mou (mon enfant) à une personne plus jeune, connue ou inconnue (ou qu'on croit plus jeune, selon la voix qu'on entend au téléphone), à agapi mou (mon amour), que des copines peuvent se dire. Ils disent aussi "mon" Kostas, "ma" Maria, le pronom possessif servant à exprimer leur attachement. La terminaison des prénoms peut également être modifiée en -akis ou -itsa* pour signifier "petit" ou "petite" et lui donner une connotation affective. Pourtant, en français, cette habitude affectée et parfois condescendante d'un certain milieu où on appelle tout le monde "ma chérie" ou "mon chéri" m'énerve au plus au point, mais les Grecs ont une façon très naturelle de le faire qui me met à l'aise.

Par ailleurs, les Grecs se touchent beaucoup. Les garçons posent parfois la main sur l'épaule d'un ami pour lui parler et les filles aiment se promener bras dessus bras dessous ou main dans la main. Il arrive que de parfaits inconnus, hommes ou femmes, me parlent en me prenant la main et en me regardant dans les yeux tout en me vouvoyant. Bizarrement, je sens quand même que tout reste poli! Ici, on est à des années-lumière de l'attitude "territoriale" nord-américaine, où tout le monde doit rester à distance respectueuse (un bon 40 cm) de son voisin parce que l'introduction sans invitation dans cette bulle invisible est perçue comme une agression ou provoque un malaise.


* Par exemple, Giorgos peut devenir Giorgakis (petit Georges) et Eleni peut devenir Elenitsa mou (ma petite Hélène).

09 mars 2008

Komboloï


Un homme d'affaires, son komboloï dans une main et sa serviette dans l'autre, dans une rue d'Athènes

On le voit partout dans les mains des hommes grecs. Le komboloï, une sorte de chapelet non religieux fait d'une chaîne de fil ou de métal sur laquelle glissent de 16 à 20 grains de bois, de plastique, d'ambre ou de pierre semi-précieuse, sert à se défaire de ses inquiétudes, à se détendre mentalement et physiquement, à passer le temps quand on s'ennuie, à jouer tout simplement ou même à faire diversion quand on veut arrêter de fumer.

On le fait tourner dans la main, on palpe ses grains ou on les compte, et son cliquetis a un effet appaisant et réconfortant. On dit qu'un bon komboloï doit plaire autant à la main et à l'oreille qu'à l'oeil. J'ai aussi entendu dire que des hommes refusent de laisser une autre personne y toucher, tellement ça peut devenir un objet personnel. J'imagine bien quelle émotion ça doit être d'hériter du komboloï de son père, sur lequel il a si souvent passé ses nerfs...



Comme c'est le cas de la plupart des traditions grecques, l'origine du komboloï est incertaine. D'aucuns disent qu'il dérive des chapelets religieux turques, que les Grecs persécutés ont adoptés de façon à se moquer de leurs occupants, et d'autres soutiennent qu'il est beaucoup plus ancien et dérive plutôt du komboskini, un bracelet constitué de noeuds (komboloï veut dire "groupe de noeuds") utilisé par les moines orthodoxes pour prier.


Mon komboloï. Les grains sont en amazonite.

Personnellement, je n'ai encore jamais vu une femme en utiliser un et certains Grecs voient encore d'un mauvais oeil une telle intrusion féminine dans le monde des rituels masculins. Toutefois, Mélina Mercouri n'hésitait pas à jouer avec son komboloï en public et puis, zut!, j'ai quand même succombé à l'envie d'en avoir un. Un ami m'apprend à m'en servir. :)

La vidéo suivante, en anglais, montre comment faire le premier mouvement de base :

05 mars 2008

Qui a dit ça?



J'ai pris cette photo cet après-midi, sur le chemin de mon école de grec. Bien vu avec l'écriteau, non? :)

Qui peut me dire de qui est la citation "I will not reign / To serve I disdain / the cat I remain"* inscrite sur la porte?

*Qui veut dire quelque chose comme "Je ne règnerai pas et je ne daigne pas servir: je suis un chat".

01 mars 2008

Rencontre fortuite

En faisant une promenade, j’ai trouvé un recueil de poèmes sur un muret gardé par des chats, au pied d’un petit escalier de pierre qui mène à l’Acropole. J’ai hésité à le prendre, de peur de troubler l’ordre naturel des choses ou de piller un autel, mais j’ai interprété comme un heureux auspice la retraite tranquille des chats du rocher sacré à mon approche : j'ai emmené le livre chez moi pour le lire. Quelques jours plus tard, comme mon trouble ne s’atténuait pas en pensant à cette rencontre étonnante, j’ai résolu de copier mes poèmes préférés et d’aller remettre le recueil à sa place, sur la route d’un autre passant tenté par le sacrilège.



Bâtiments debout

Avec arrogance les fenêtres
restent fermées,
portant à jamais en elles
la responsabilité de la fermeture.
Elles entretiennent l'obscurcissement de la chambre.
Elles entretiennent la curiosité
des passants,
qui persistent obstinément à les regarder.
Elles entretiennent l'esthétique architecturale
d'un ancien bâtiment.
Le refus engage.

Extrait de Quand le piano chavire, recueil de poèmes en quatre langues (grec, français, anglais, allemand) d'Andreas Georgallides

23 février 2008

Le coeur sur la main



À Athènes, du 21 janvier au 19 mars a lieu une exposition à ciel ouvert sur le thème du coeur. Son titre est un jeu de mots, Athina... Exo Kardia, qui repose sur son sens littéral "coeur dehors", puisque les quelque 60 coeurs sur lesquels de jeunes artistes, des tagueurs et des artistes établis ont oeuvré se trouvent dehors, un peu partout en ville, et son sens figuré "généreux" (en français, l'équivalent de cette expression serait sans doute "le coeur sur la main").



À la fin de l'exposition, tous les coeurs seront vendus aux enchères et 50% des profits seront remis à une organisation caritative travaillant auprès d'enfants et d'adolescents malades.


Les coeurs que vous voyez se trouvent à la sortie du métro Evangelismos, près de chez moi.



Profitons-en pour tirer du titre les racines grecques de nombreux mots français :

Exo (hors, dehors)

ex-térieur
ex-terne
ex-orbité
ex-patrié

Kardia (coeur)

cardia-que
cardio-logie

Si quelqu'un est intéressé à transposer le concept de l'exposition à Montréal, boulevard Saint-Laurent, j'ai déjà un titre pas mal du tout : Montréal, le coeur sur la Main©*. On peut négocier le prix du droit d'auteur, mais je suis dure en affaires. ;)

*Pour les non-Québécois, la Main (prononcé à l'anglaise) est le surnom du boulevard Saint-Laurent.

Et pour clore en beauté, voici une vidéo de circonstance. ;)
(Merci à AK47)

17 février 2008

Neige sur Athènes

Mise à jour du 18 février 2008

Il a neigé et beaucoup venté la nuit dernière, et voici le résultat...



Les rues, et surtout les trottoirs, souvent de marbre, sont très glissants. J'ai noté qu'il n'y a pas eu de livraison de fruits et de légumes au supermarché en raison des conditions météorologiques. Il n'y a presque plus rien dans ce rayon ce matin.



__________________________



Eh oui, qui l'eût cru! À Paris le ciel est bleu et à Athènes il neige! J'en ai profité pour aller prendre quelques photos, évidemment. Je suis allée au Premier cimetière d'Athènes en pensant pouvoir y prendre des photos magnifiques, vu le nombre de très belles sculptures et d'orangers qu'on y trouve, les petites lampes à l'huile d'olive posées ça et là et la neige qui tombait doucement. Le gardien du cimetière - eh oui, il est gardé car considéré comme un musée à ciel ouvert - m'a plutôt vertement fait savoir qu'il est interdit de prendre des photos. Quel dommage! Je n'ai pu prendre que la photo ci-dessus, à l'extérieur de l'enceinte.


L'Acropole



Monastiraki



Un restaurateur s'est amusé à faire un mini-bonhomme de neige



Un clin d'oeil à ma famille, l'icone de Sainte-Hélène, en mosaïque

04 février 2008

Une manifestation dégénère en affrontement à Athènes



Je n'étais pas à Athènes samedi dernier mais à l'école, ce matin, tout le monde parlait de l'affrontement violent qui a eu lieu pendant plusieurs heures au centre-ville entre des néo-nazis et des partisans de l'extrême gauche. Dans ce genre d'affrontement, la police grecque a toujours la main leste et dégoupille rapidement les gaz lacrymogènes, alors il vaut mieux ne pas traîner dans le coin quand on sent que ça va chauffer entre des bandes rivales.

Selon ma prof de grec, la police aurait pu simplement séparer ces deux bandes avant l'affrontement mais elle ne l'a pas fait. Une fois la bagarre commencée, elle s'est plutôt liguée du côté des néo-nazis et a "fessé dans l'tas" des anarchistes. Cela devait rappeler de bons vieux souvenirs aux Athéniens "cocos"... On dit que l'autorité n'est jamais tout à fait nette en Grèce.


Je reproduis ci-dessous un article du journal Le Monde.

Trois personnes ont été hospitalisées samedi à la suite d’affrontements dans le centre d’Athènes entre des membres d’un groupe néo-nazi grec et des jeunes d’extrême gauche, a-t-on appris de source policière. Deux des victimes ont été blessées par des pierres et la troisième par des coups de couteau au ventre, selon la même source.

La police a bouclé le centre d’Athènes pendant plusieurs heures samedi après-midi pour essayer de repousser les manifestants, pour certains armés de barres de fer, qui ont jeté des pierres et divers objets contre les policiers.

Les affrontements ont éclaté quelques heures avant un rassemblement prévu en début d’après-midi par des organisations antiracistes sur une place centrale d’Athènes.

Selon un communiqué du mouvement “Expulsez le racisme”, ces organisations antiracistes voulaient protester contre “des agressions récentes des bandes fascistes à l’encontre des migrants et des jeunes de gauche“.

Elles voulaient également protester contre une manifestation nationaliste du groupe néo-nazi Chryssi Avghi (Aube d’or), (autorisée), qui devait se tenir dans la soirée sur les mêmes lieux pour commémorer un grave incident gréco-turc survenu en mer Egée, le 27 janvier 1996, près de l’îlot inhabité d’Imia (Kardak en turc).

Mais à la suite de ces incidents, les néo-nazis ont finalement décidé d’annuler leur manifestation.

Samedi soir, les affrontements entre les forces de l’ordre et des jeunes d’extrême gauche ont repris. Plus d’une centaine de jeunes ont manifesté dans le centre-ville et se sont opposés aux policiers, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Les manifestants ont jeté des pierres contre les façades de cinq banques, provoquant d’importants dégâts, et la police a interpellé au moins cinquante personnes, selon une source policière.

31 janvier 2008

Funérailles nationales pour l'archevêque d'Athènes



Le cortège funèbre, en route vers le premier cimetière d'Athènes, est passé à deux pas de chez moi, sous les applaudissements de la foule. Pour les orthodoxes grecs, le primat Christodoulos est l'équivalent du pape pour les catholiques.



J'ai entendu quelques fidèles, des hommes, hurler leur peine mais aussi des paroles nationalistes...


L'archevêque d'Athènes et primat de Grèce Christodoulos est décédé lundi matin 28 janvier dans sa résidence de Psychiko, près d'Athènes. Soldat de l'orthodoxie et de l'hellénisme, l'archevêque Christodoulos a succombé à l'âge de 69 ans d'un cancer du foie et de l'intestin. Il était considéré comme très populaire dans son pays.

Je ne connais pas suffisamment la vie de l'archevêque et politique grecque pour juger ses idées, mais je crois comprendre que le lien entre la religion et l'identité nationale est très fort (l'Église et l'État sont liés en Grèce) et qu'il a consacré sa vie à protéger et à renforcer ce lien, notamment en luttant en vain contre la suppression de la mention de la religion sur la carte d'identité de ses concitoyens. Disons que je souligne simplement la mort d'un personnage important en Grèce.

Un point culminant de son travail fut la visite du Pape Jean-Paul II en mai 2001 à Athènes, alors qu'aucun pape n'avait foulé le sol grec depuis la séparation des deux Eglises en 1054. Il a également rencontré le pape Benoît XVI au Vatican en 2006.

De plus, dès le début de son mandat, Mgr Christodoulos avait engagé une ouverture remarquée vers les jeunes. Il s’adressait à eux par une expression empruntée à leur jargon : « Vous me faites kiffer! » Il avait aussi dit : « Je vous accepte tous dans l’Eglise, comme vous êtes, en pantalon, en minijupe, même avec des piercings... » En 1998, il avait affirmé qu’il s’approcherait des jeunes « dans la rue, dans les cafés, dans les salles de billard et dans les endroits qu’ils fréquentent ». Un autre moyen de se rapprocher des jeunes était de leur raconter une blague à chaque rencontre avec eux.

29 janvier 2008

Gare aux pickpockets!

Tout n'est pas merveilleux à Athènes : les pickpockets y sévissent aussi, comme dans la plupart des grandes villes du monde.

Samedi, j'ai failli en être victime alors que je faisais les soldes, rue Ermou. Évidemment, j'aurais dû faire attention car la rue et les magasins étaient bondés et offraient un milieu de travail parfait aux voleurs. Pour leur donner plus de chances de faire marcher le commerce, je portais même un petit sac à dos avec tout mon argent et ma carte de crédit dedans et je marchais la tête en l'air.

Je l'ai échappée belle, grâce à mon détecteur de variation du poids dudit sac à dos, un super gadget intégré à mon dos dans les années 80, années mémorables où j'ai commencé à me prendre pour un mulet, braiment en moins, et à tout porter sur mon dos : courses, problèmes divers, hommes, vraiment tout. ;)

Je sors donc d'un magasin quand je sens le poids du sac descendre un peu plus bas sur mes reins, signe qu'il est ouvert. Je mets prestement un doigt derrière mon dos, sur la fermeture-éclair. Ah-ha! Elle est ouverte. Je me colle vite le dos contre un mur avant d'enlever mon sac et je constate que mes deux pochettes sont grandes ouvertes et un billet de 50 euros et ma carte bleue bien en vue. Pas de doute, le voleur se trouvait directement derrière moi et n'a tout simplement pas eu le temps de mettre la main dans le sac.

Juste devant moi, c'est un homme de grande taille ne répondant pas vraiment aux critères habituels "d'immigrant", ce terme infâme dont on affuble maintenant tous les voleurs et les malfaiteurs d'Europe, qui me demande innocemment si tout est encore là...

27 janvier 2008

La liberté ou la mort



La liberté ou la mort, c'est la devise de la Grèce. La croix blanche sur fond bleu symbolise l'importance de l'orthodoxie. Les neuf bandes symbolisent les neuf syllabes de la devise révolutionnaire Eleftheria i thanatos en grec. Enfin, le bleu du drapeau symbolise la mer et le blanc, la terre. L'alternance de bleu et de blanc signifie peut-être la symbiose entre la terre et la mer.

Je ne crois pas trop me tromper en avançant que l'importance suprême que revêt la liberté pour le peuple grec, opprimé pendant quatre siècles d'occupation mais jamais soumis, explique plusieurs particularités de la vie en Grèce, qui vont de la répugnance à priver de liberté les milliers d'animaux errants d'Athènes (je reviendrai plus tard sur ce sujet) à l'obligation paradoxale d'aller voter, c'est-à-dire d'exprimer sa liberté et sa volonté en tant que citoyen d'un pays démocratique, sous peine de perdre son passeport et son permis de conduire!

Ce qui m'amène à réfléchir sur le sens que l'on donne aujourd'hui à la liberté aujourd'hui et à ouvrir une parenthèse. Qu'est-ce que ça veut dire, être libre? Trop souvent je me rends compte en discutant avec des gens (des jeunes et des pas si jeunes que ça) que la liberté, c'est dire "oui" à n'importe quoi, dont à la connerie ambiante de son époque. Tu as envie de dire à la radio ou à la télévision que ton voisin est un imbécile que sa femme trompe avec le plombier? Vas-y, tu es libre. Tu veux fumer, te droguer, te saouler non-stop, te tatouer et te piercer de partout (remarque, ce sera super chic sur de la vieille peau), coucher avec n'importe qui - hommes ou femmes, c'est la mode de ne pas choisir - t'exhiber tout nu sur Internet ou sur papier glacé "pour célébrer ta beauté"? Vas-y, tu es libre.

Et la liberté de dire non, on en fait quoi? Dire non, ce n'est pas vraiment être libre? Ça cache des complexes, des problèmes, une infirmité mal placée? C'est pas cool de dire non? Il n'y a que les vieux qui disent non?

Je ne suis pas historienne ni sociologue, mais j'ai plutôt l'impression dans toutes les grandes révolutions humaines on a dit un "Non!" tonitruant à la connerie ambiante. Non à l'esclavagisme, au despotisme, au nazisme, à l'oppression des femmes, au communisme, à l'apartheid, au racisme, etc. La seule révolution du "Oui" (ou de la double négation) que je connais est celle de mai 68, curieusement celle qui est aujourd'hui accusée de tous les maux qui affligent notre société...

Pour en revenir à la Grèce, la fête nationale grecque est celle du "Non" ('Ochi). C'est la réponse succincte que le premier ministre grec Métaxas a donnée à l'ambassadeur d'Italie, alliée à Hitler, qui lui demandait la permission de laisser l'armée italienne traverser le pays et ouvrir la voie à Hitler. Admirons les Grecs pour être un des très rares peuples à s'être tenus debout devant Hitler.

Voilà, j'ai commis là un billet assez décousu et la Loi de Godwin a été respectée. ;) Le mot de la fin : On est libre quand on respecte ses valeurs et son identité sans céder à la pression des pairs et à la peur de ne pas être cool en refusant de suivre le troupeau.

Je ne viens pas de réinventer la moussaka, je vous l'accorde, mais cette vérité semble pourtant échapper à pas mal de monde et j'avais envie d'en parler. Rassurez-vous, au prochain numéro on revient totalement à la Grèce. :)

22 janvier 2008

Alkionides imeres



On ne peut vivre en Grèce sans remarquer la résonance persistante de la mythologie dans la vie quotidienne des Grecs. Par exemple, les beaux jours chauds et ensoleillés que nous connaissons depuis près de deux semaines s'appellent les Alkionides imeres (jours de l'alcyon). C'est un peu comme si l'été des Indiens du Québec se produisait en hiver... La mythologie grecque explique ainsi l'origine de ce phénomène climatique.

Dans les temps anciens, Alcyoné et Céyx étaient si heureux en ménage qu'ils se comparaient outrageusement aux dieux Zeus et Héra, ce qui n'eut pas l'heur de plaire au Tout-Puissant et irritable Zeus. Pour punir les époux de ce blasphème, Zeus les changea en alcyons, le nom grec pour "martins-pêcheurs", des oiseaux qui doivent nicher en hiver au bord de la mer. Comme les nombreuses tempêtes hivernales détruisaient impitoyablement le nid de ces oiseaux avant que leurs oeufs aient pu éclore, Alcyoné et Céyx, très malheureux, implorèrent le pardon de Zeus. Comme au fond Zeus était un bon bougre, il se laissa attendrir et décréta qu'une période de temps calme et doux d'une dizaine de jours reviendrait chaque hiver pour permettre aux martins-pêcheurs de couver tranquillement leurs oeufs et d'avoir des petits.

Incidemment, les Anglais ont adopté l'expression halcyon days pour décrire des jours heureux... qui ne durent pas.

19 janvier 2008

Ola kala

Le vieil homme et les pigeons

Je ne m'attarderai pas dans ce billet car il fait un temps magnifique (16 degrés) et je veux passer la journée dehors. Je vous raconterai plus tard comment on passe des nuits blanches à Athènes. ;)

Un petit indice ici.